rire larmes

– Il va bien, notre Alex ? s'enquiert ma fille en reprenant son sérieux.
– Plutôt deux fois qu'une, il est amoureux !
– QUOI ?!! Notre indécrottable geek a réussi à séduire une fille ?
– Oui ! Et tu connais ton père, il n'arrête pas de le charrier !
– Oh, arrête, papa ! Tu vas le complexer !
– Je complexe personne, je me renseigne. J'ai le droit, non ?!
– Et vous l'avez déjà vue ? demande Juju, aussi excitée qu'une puce à l'entrée d'une
exposition cannine.
– Non, fais-je déçu. Mais j'ai hâte qu'il l'invite, qu'on vérifie qu'elle est humaine !
– Jacques, arrête ! En plus, on arrive à l'école. Alors, reste discret, s'il te plaît.
– Tu me connais, dis-je en ayant du mal à garder mon sérieux.
Juju hoche la tête de désespoir et sa mère lève les yeux au ciel en soupirant :
– JUSTEMENT ! Tiens, il est là, ouvre la porte !
Notre petit génie monte en rajustant ses lunettes et découvre sa sœur à l'arrière :
– Ah, Juliette.
Il est à son maximum d'émotion, j'envie sa copine. Mais notre Juju le connaît et l'embrasse sans
attendre tandis qu'avec sa mère, on lui lance en cœur : « Salut, Alex ! ».
– Alors, frérot, ça marche l'école ?
Elle pensait sans doute qu'il allait rougir et embrayer sur ses amours mais en termes d'Alex, l'école
ne peut signifier que travail, il est donc surpris par la question :
– Ben oui, le collège, c'est facile.
– Le contraire m'eût étonné. Mais sinon, t'as des copains ? Les filles de ta classe sont biens ?
– Si par ces approches multiples, tu voulais me faire parler de Cindy, il fallait le dire, je
t'aurais répondu directement.
Délicat, prévenant, sans filtre : c'est bien mon Alex aussi, ça ! Mais comme Juju ne désarme pas,
nous la laissons faire :
– Elle s'appelle Cindy ? C'est super ! Et elle est dans ta classe ?
– Non et heureusement parce que c’est fini !
Je pile tandis que tout le monde fait :
– QUOI ?!!!!
Imperturbable, mon Einstein rétorque :
– Pff ! Ça ne pouvait pas aller. Elle confond les sinus et les cosinus.
Je crois qu'Alex restera toujours Alex. Je ne peux m'empêcher d'en rajouter :
– Ah, la courge ! Tu fais bien de ne pas t'acoquiner avec une simple d'esprit, fils !
– Mais Jacques ! s'offusque ma douce, qui m'envoie un coup de coude dans les côtes. Ça va
pas la tête !
– C'est vrai ! renchérit ma fille. Elle est un peu jeune pour tout connaître de l'anatomie !
Là, elle reste sérieuse et je crois que la vraie Juliette a refait surface. Un coup d’œil dans le
rétro me rassure doublement car je constate que mon Alex a acquiescé à mon commentaire qu'il a
évidemment pris au premier degré. À côté, ma douce se prend la tête à deux mains, comme quoi,
tout n'a pas tant changé que ça !
Ma petite famille a pris une sacrée claque mais elle est toujours aussi barge -moi, le premieret
surtout, elle est toujours là. Alors, tandis que nous ramenons nos enfants à la maison, je les écoute
se chamailler d'une oreille distraite et regarde ma femme. Je sais qu'elle est contente parce que nous
avons trouvé de belles jonquilles et un cyclamen pour la tombe de Matéo et quand ma femme est
contente, je suis satisfait. Heureux serait un grand mot pour nous maintenant, ou peut-être que cela
reviendra plus tard, avec la naissance d'un petit enfant ou avec le temps. En tout cas, on est toujours
là, avec nos enfants à l'arrière et c'est déjà beaucoup...
Fin
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