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rire larmes

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Et pour ta maman, c'est encore plus dur puisqu'elle t'a porté, t'a donné la vie et a toujours<br />

cherché, de mille et une façons à te faire plaisir. Je me souviens des gâteaux qu'elle confectionnait<br />

exprès pour toi, des surprises qu'elle s'ingéniait à te préparer pour voir ton sou<strong>rire</strong> rayonner, comme<br />

ce jour où elle m'a dit : « Emmenons-les à Villefranche, il y a une nouvelle piscine à vagues! Je suis<br />

sûre qu'ils vont adorer, mais on leur dit rien. On leur fait croire qu'on va acheter des fringues ! » On<br />

avait caché les maillots dans le coffre et on leur avait dit qu'on partait faire le plein de pulls et de<br />

jeans : ils faisaient la grimace mais quand je me suis garé devant le centre nautique, alors là !!! C'est<br />

comme à Noël, ils faisaient leur liste de cadeaux depuis fin septembre et elle, non contente, de leur<br />

acheter TOUT ce qu'ils avaient demandé, elle s'évertuait à rajouter des « petites surprises » comme<br />

elle disait, pour que le soir de Noël, il y ait encore plus d'étoiles qui brillent dans leurs yeux ; et des<br />

étoiles, ce soir-là, il y en avait... Ah, Julien ! Ta maman avait tellement de façons de te dire « je<br />

t'aime » que bien sûr, elle aura du mal à s'en remettre et heureusement qu'on est tous les deux car on<br />

se servira de béquille mutuelle. Les <strong>larmes</strong> et les pincements au cœur n'ont pas fini mais c'est la<br />

vie... Tu es parti en pleine crise, en plein conflit alors qu'il nous restait tant à faire, tant à se dire, tant<br />

à s'aimer : que de regrets et d'inachevés mais tu es parti, quel dommage...<br />

Maintenant, tous les soirs, je finis ma prière comme si je te bordais et dis :<br />

« Et toi, mon Juju qui me manques tant. Dors bien<br />

et fais de beaux rêves dans ta nuit étoilée. Amen »<br />

Comme ça, j'ai l'impression que tu es bien, que tu reposes en paix, serein et entouré d'amour.<br />

J'aurais préféré que tu sois bien ici, entouré de notre amour mais cela ne t'a pas été possible...<br />

Je sais qu'on finira par se retrouver dans ce paradis blanc où tu baignes dans la lumière et<br />

cette vision m'apaise. Je ne cherche pas à me racrocher à des croyances de pacotille ou à une<br />

caricature d'au-delà, riche de promesses faciles, je crois simplement et sincèrement que tu es bien<br />

là-haut et cela me permet de me recentrer sur l'amour qui nous unit au-delà du temps au lieu de me<br />

noyer sans cesse dans mon chagrin et pour cela, je t'en remercie. Peut-être que je fais tout à l'envers<br />

mais je t'aime encore plus depuis que tu es au ciel. Il y a encore des moments où c'est bien difficile<br />

mais quand je suis au plus bas, tu te débrouilles toujours pour m'envoyer un petit signe qui me<br />

redonne le moral (certains crieront au déni manifeste mais, moi, je les interprète comme ça), alors<br />

pour ton soutien discret mais sans faille, laisse-moi te remercier, mon fils et te dire combien je<br />

t'aime... Ce qui me console dans cette tragédie, c'est que notre relation a évolué dans un rapport qui<br />

me fait du bien. De ton vivant, on ne communiquait plus, on se heurtait et j'enrageais pour chacun<br />

de tes silences que je prenais à tort pour des provocations. Alors que depuis ta mort, je crois avoir<br />

mieux cerné tes difficultés à verbaliser tes émotions et comme il n'y a plus chez moi que tristesse,<br />

amour et pardon, j'ai l'impression que tu le sens et que c'est pour ça que tu te manifestes quand j'en<br />

ai besoin. Ceci me regonfle à bloc à chaque fois car j'ai l'impression qu'enfin nos sentiments sont<br />

réciproques et nos rapports harmonieux. Certes, notre relation n'est plus physique mais elle est<br />

devenue plus spirituelle et plus intime aussi. Les cyniques trouveront ce discours pathétique mais<br />

moi, je crois qu'à notre manière, on s'est enfin rencontrés et cela me convient. Encore une fois, peutêtre<br />

que je me fabrique tout un monde d'illusions pour tenir le coup mais il me faut bien tout ça pour<br />

ne pas sombrer, alors permettez que j'y croie. Sinon, certains disent aussi que les enfants qui partent<br />

trop tôt nous font grandir. C'est rude mais par la remise en question qu'ils nous imposent, il y a peutêtre<br />

du vrai...<br />

Enfin, comme il faut bien continuer à vivre et que <strong>rire</strong> est la façon la plus douce de pleureur,<br />

voyons un peu comment les Bouteille, parents de Matéo (Julien), Juliette et Alex auraient réagi...<br />

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