rire larmes

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Enfin, tout le monde fait comme il peut pour encaisser car ce genre de drame est aussi
terrible que compliqué.
Bien sûr que les faits divers ont pour habitude de citer un agriculteur endetté ou un père
divorcé à qui l'on a pris ses enfants ou une fille harcelée à l'école et dans ces cas désespérés, tout le
monde comprend leur passage à l'acte. Mais les études montrent que dans la majorité des cas, les
suicides se produisent dans des familles sans problèmes où il n'y a ni violence, ni abus sexuel ou
autre traumatisme qui pourrait en déstabiliser les membres. Tous les milieux sociaux peuvent être
concernés ainsi que toutes les tranches d'âge, d'où la difficulté à prévenir un passage à l'acte qui ne
sera pas forcément lié à des causes tangibles et rationnelles. En outre, des signes avant-coureurs
peuvent alerter -comme des propos inquiétants, des scarifications, une perte d'appétit, l'arrêt d'une
activité favorite ou un renfermement systématique- mais d'une part, les plus proches ont du mal à
les identifier comme tels et d'autre part, le passage à l'acte intervient souvent sans qu'aucun
avertissement préalable n'ait pu le faire deviner. Tout semble aller bien et soudain, la cocotte-minute
explose !
Notre histoire le vérifie tristement puisque tout était trop beau pour être vrai : un mariage
heureux, trois beaux enfants qui brillaient à l'école, aucun cancer ou autre gros pépin pour venir
entacher le tableau jusqu'à l'irréparable : brutal, tragique, incompréhensible...
Il paraît qu'aujourd'hui en France, 26 personnes se donnent la mort chaque jour, c'est plus
que les victimes des accidents de la route, je trouve ça sidérant ! Les jeunes sont évidemment en
première ligne et particulièrement les garçons, dans la tranche d'âge de notre Matéo : 18 à 25 ans !
Quoiqu'il en soit, ces chiffres donnent le tournis et font peur pour l'avenir : comment expliquer
qu'autant de gens préfèrent en finir plutôt que vivre ?!!!
Peut-être que cela nous est particulièrement difficile à comprendre parce que nous
cherchons, pour pouvoir l'accepter, à rationaliser quelque chose qui ne l'est pas. Dans notre cas,
Matéo était aveuglément, éperdument amoureux, ce qui n'est pas propice à la raison. En outre, ses
déboires sentimentaux l'avaient plongé dans une dépression telle qu'il n'était plus en mesure de
réfléchir normalement. Donc, son acte était peut-être la seule issue dans SA logique à lui mais
n'avait rien à voir avec la raison, la cohérence ou l'objectivité.
Il paraît même que souvent, le passage à l'acte résulte d'une poussée incontrôlable, d'une
bouffée d'angoisse qui précipite le 'malade' dans l'acte désespéré. Malade qui, le plus souvent, sera
incapable d'expliquer clairement pourquoi il souffre à ce point, si ce n'est de ne pas pouvoir
remonter la pente !
Pour notre Matéo, la dépression a peut-être déclenché ou exacerbé une pathologie
psychiatrique qui sommeillait en lui depuis longtemps - il paraît que la dépression survient quand
on a trop longtemps essayé de paraître fort et courageux ? - mais rien n'est sûr et ceci n'est qu'une
tentative de plus de mettre des mots carthésiens sur une issue insupportable. En outre, j'évoque des
raisons négatives - pathologie, dépression - car nos relations relevaient plus du conflit total que
d'autre chose à la fin mais peut-être a-t-il voulu nous protéger en taisant son mal et peut-être qu'il
nous a caché son malheur et sa terrible décision pour nous épargner car il savait l'immense peine
qu'il nous causerait ? Se sentir incapable d'être heureux quand nos proches nous donnent tout doit
destabiliser et culpabiliser. Et cette impression de faute doit augmenter d'autant plus si l'on sent que
l'issue va être fatale ! J'imagine, par exemple, qu'un père se sachant condamné doit se sentir, malgré
lui, coupable de peiner ses jeunes enfants qu'il va laisser orphelins ? Alors, peut-être que notre
Matéo, dans son silence obstiné, a aussi et malgré tout agi par amour ?
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