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rire larmes

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Mes textes en double et ma...<br />

Elle blêmit et farfouille dans son sac avec fébrilité.<br />

– Quoi ? Il te manque quelque chose ? Ne me dis pas que...<br />

– Ma liste ! J'ai pas ma liste de textes !<br />

Il est cinq heures douze, la barrière de péage s'ouvre devant nous et des envies de meurtre me<br />

traversent l'esprit :<br />

– Je l'ai laissée sur mon bureau ! s'affole-t-elle.<br />

– JULIETTE !!!!! Tu le fais exprès !<br />

– Ça y est ! s'écrie ma femme. 'Bien arrivés, hôtel sympa, on part balader, bisous !'<br />

– Quoi ?!<br />

– C'est Matéo ! J'ai enfin un sms !<br />

– Tant mieux, mais un dossier à la fois ! T'as entendu ta fille ?<br />

– Et bien, fais demi-tour ! Elle est déjà assez stressée comme ça !<br />

– Je voudrais BIEN faire demi-tour mais ils ont mis des plots en béton, ces cons-là ! Va<br />

falloir aller jusqu'à Mâcon Nord et revenir !<br />

– Et bien, dépêche-toi mais ne roule pas trop vite, hein ?! Essaye de gérer pour une fois, que<br />

je puisse répondre à Matéo !<br />

Là, tout de suite, j'aurais envie de déporter quelques ressortissantes françaises, mais vu que ma fille<br />

se morfond à l'arrière, j'obtempère :<br />

– Comme madame voudra !<br />

En guise de représailles, je monte la radio qui passe « Highway to hell » et j'accélère mais ma douce<br />

s'interpose :<br />

– Baisse-moi cette musique de sauvages ! Ça m'empêche de taper ! Et moins vite, je t'ai dit !<br />

C'est ma place au paradis que je suis en train de gagner, ça ne peut pas être autrement !<br />

Quand Ju remonte en voiture sa liste à la main, je n'ose lui demander si elle a bien refermé la<br />

maison. Alex dort tout seul chez nous, mais tant pis... à mes côtés, ma femme est absorbée à taper sa<br />

quinzième page de réponse rapide à Matéo, je remets la gomme pour reprendre l'autoroute ! On ne<br />

va quand même pas être à la bourre deux jours de suite !<br />

Deux heures plus tard, le destin nous offre une accalmie, nous nous garons presque<br />

sereinement devant le lycée Carnot. Ma femme étreint notre Ju tandis que je la gratifie d'une tape<br />

sur l'épaule et d'un énergique « Forza Italia » ! Françoise est ardéchoise et moi savoyard mais vingt<br />

ans de coupes du monde -exception faite de la demi-finale de 1998- m'ont appris que les italiens ne<br />

manquaient jamais un grand rendez-vous ! J'espère donc que les esprits de Maldini ou Del Piero<br />

guideront ma Juju vers la lumière. Elle doit sentir leur bienveillante présence car elle me répond du<br />

tac-au-tac :<br />

« Ok, ciao ! »<br />

Ça y est, elle est trilingue, le miracle est en marche !<br />

Confiant dans mon pacte secret avec les divinités romaines, je rassure ma douce :<br />

« Elle va y arriver. Je le sens ! »<br />

Et la longue attente commence. Convoquée à huit heures, elle peut très bien passer à midi,<br />

voire cet après-midi. On pourrait largement visiter toute la ville mais ma moitié refuse de quitter le<br />

lycée : on ne sait jamais !<br />

Côte à côte, nous pianotons sur nos smart-phones en attendant que les minutes deviennent<br />

des heures : Françoise se renseigne un peu plus sur le Mexique tandis que j'en profite pour lire<br />

Paris-Match : culture, quand tu nous tiens !<br />

Au troisième étage, Juliette attaque son exposé de philo en citant Nietzsche et son fameux «<br />

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