rire larmes

– Alors ? Qu'est-ce qu'ils font de si extraordinaire ?
– Plein de choses ! Par exemple, hier, une copine mexicaine les a emmenés faire un
Temescal !
– Un quoi ?!
J'étais sûr de mon petit effet. Maintenant qu'elle est captivée, je peux développer :
– En fait, c'est une tradition indienne. Tu vas dans une hutte de sudation, on t'enduit d'argile
pour que tu sues encore plus et comme ça, tu peux purifier ton corps.
– Il a fait un sauna, quoi.
– Non. C'est plus que ça ! Le Temescal a une dimension spirituelle. Pendant que tu sues, tu
demandes pardon à la Terre pour tout ce que tu lui as fait subir, tu purifies ton âme, tu vois...
– Et le pardon à la mère, il le font pas ?!
– Non...mais il avait l'air emballé... c'est tout un folklore, apparemment... la mexicaine leur
fait voir des choses un peu moins touristiques... deux jours avant, ils sont allés regarder de la «
lucha libre ». C'est marrant, il paraît . C'est des combats de catch, mais dans la rue. Et ils ont tous
des tenues pas possible, c'est très coloré et très chouette, il m'a dit !
– Super ! Il nous fera un diaporama. Pour la bio moléculaire, ça peut servir !
– Chounette ! Il s'aère les neurones ! Il bossera mieux après !
– Il va s'enrhumer à force de s'aérer !
– Tout de suite ! Non, un coup, ils sont allés faire le marché dans le Pépito ou j'sais plus quel
quartier typique... il paraît que c'était très fol...
– Le Tépito ?! Il sont allés dans le pire quartier de Mexico ?
– Pourquoi le pire ?
– C'est le temple des dealers ! Voilà pourquoi ! Et Marie ? Elle qui est si sérieuse, elle suit
sans rien dire ?
– Tiens... maintenant que tu le dis, je m'aperçois qu'il m'a pas parlé de Marie... j'imagine que
oui... ils sont grands, accompagnés par une locale...
– En clair, vous avez papoté vacances, ils font tout ce qu'il faut pas, Marie a disparu de la
circulation et à part ça, tu voulais me rassurer ? Mais t'es nul !
– Chounette ?
La porte de notre chambre a reclaqué, je n'ose même pas regarder le canapé qui me tend les bras
d'un air goguenard.
Dans le jardin, Alex vient d'aplatir un essai imaginaire, synonyme de victoire inespérée.
Pour fixer l'exploit dans les mémoires, il s'apprête à botter l'ultime transformation. Posant le ballon
avec application, il recule de biais et se concentre pour le coup du siècle. Un rapide coup d’œil me
permet de visualiser sa trajectoire : en plein dans la vitre de la cuisine !
Alex ! Ne shoote pas ! Sinon, adieu les vacances avec Eliot !
Mais le temps que j'ouvre la fenêtre pour lui dire, il s'est déjà élancé. Le temps s'arrête, mes pupilles
se figent devant sa chaussure qui va frapper le cuir.
Nooon ! fais-je en fermant les yeux.
Cinq secondes plus tard, je rouvre une demi pupille en m'étonnant de pas avoir entendu de bris de
glace et miracle, la fenêtre est intacte ! Alex se roule par terre en se massant le pied, il a dû frapper
une motte de terre au lieu du ballon. J'adore les intellos, ils ne vous déçoivent jamais !
– Papa ! J'ai mal ! crie-t-il en se tenant la cheville.
– C'est le métier qui rentre, fils !
– Je me suis fait une entorse, j'en suis sûr !
– Va falloir amputer, dis-je en rigolant.
– Maman ! J'ai mal ! hurle-t-il en pleurnichant. Et papa veut pas me soigner ! Maman, j'ai
une entorse, viiite !
Oh non, pas ça !
– Jacques ! fait ma femme en surgissant de la chambre. Que se passe-t-il ? Où est Alex ?
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