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– Ça va aller, assure Marie. Vous en faites pas, on sera d'attaque pour la rentrée. Tu prends le<br />
chariot, Mat ?<br />
Ça aura été court mais sympathique. Je ne connais pas cette Marie mais j'espère que Matéo<br />
sera digne d'elle. Je leur fais signe de la main tandis qu'ils partent vers le soleil et les pyramides<br />
Maya. Ma femme ne retient plus ses <strong>larmes</strong> et s'agrippe à mon bras, déchirée qu'elle est de voir sa<br />
chair partir vers l'inconnu.<br />
– Viens, fais-je en l'enlaçant. Ne t'en fais pas, il est entre de bonnes mains. Je parie que dès<br />
qu'ils auront atterri, elle va le tarabuster pour qu'il nous envoie un sms.<br />
– Oui, elle a l'air sérieuse. Mais je suis inquiète, Jacques !<br />
– Shhh....ça va bien se passer, je te dis. Allez viens ! Tu as une fille qui passe le bac demain.<br />
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Les yeux encore gonflés -il est cinq heures du matin- je démarre la voiture pour emmener<br />
Juliette à Dijon. Tandis que ma femme referme le portail derrière nous, je demande machinalement<br />
à ma fille, avachie sur la banquette arrière :<br />
– Tu as bien ta convoc ET ta carte d'identité, cette fois ?<br />
– C'est bon ! lâche-t-elle en levant les yeux au ciel. J'suis pas débile, non plus !<br />
– T'énerve pas. C'était juste pour savoir.<br />
Elle a déjeuné avec un bol de guêpes, ça promet...<br />
Ma femme nous rejoint dans la voiture, elle s'inquiète à son tour :<br />
– On a tout pris ?<br />
– À part la bonne humeur, on a tout.<br />
Ma douce me regarde interloquée, ma fille hausse les épaules, agacée. À l'âge d'or des sms et des<br />
réseaux sociaux, on peut encore progresser en communication interne. Mais à cinq heures du mat',<br />
je capitule :<br />
– Monte, on a tout.<br />
En roulant vers l'entrée d'autoroute, je remarque que ma femme consulte son portable pour la deux<br />
centième fois en cinq minutes. Il est vrai que Matéo a dû atterrir et bien sûr : pas de nouvelles ! La<br />
connaissant, elle a passé la nuit à ressasser les pires scénarios ! Je pose la main sur son genou :<br />
– Il va bientôt donner signe de vie, t'inquiète pas !<br />
– On lui avait dit : « dès que tu atterris ! » mais tu parles, monsieur s'en fiche de savoir si on<br />
est mort d'inquiétude à l'autre bout de la terre ! Heureusement que tu n'es pas comme ça, Ju ! Tu es<br />
prête pour aujourd'hui, ça va ?<br />
– Elle ne t'entend pas, elle a sa musique.<br />
Je hausse le ton pour qu'elle sorte de sa bulle :<br />
– JULIETTE ! Ta mère te demande si ça va ?<br />
– Quoi ? fait-elle en écartant ses écouteurs. Mais oui, ça va ! Et ça ira encore mieux ce soir !<br />
– Ce soir, ça sera champagne, ma fille !<br />
– Ouais... j'espère...<br />
– Au passage, pour la philo et l'espagnol, je me souviens que tu n'es pas débile mais tu as<br />
bien pris tes textes pour l'examinateur ?<br />
– Papa !! Mais oui, râle-t-elle en ouvrant sa besace pour me le prouver. Tiens, t'es content ?<br />
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