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tecture sensible en lien avec l’extérieur et qui rende les habitants heureux. » Créée en 2000, l’agence compte maintenant sept collaborateurs pour répondre aux multiples marchés : bâtiments scolaires, publics, viticoles, logements collectifs ou pour particuliers, maisons de champagnes prestigieuses ou restaurants étoilés avec toujours la même signature : des volumes et des matériaux élégants et durables qui invitent à la sérénité et au bien-être. Et le recours systématique aux technologies de pointe pour limiter au maximum les déperditions énergétiques et tendre autant que possible vers des bâtiments à énergie passive ou positive. « On construit 80% de nos projet en bois, cette filière sèche est optimale d’un point de vue énergétique et permet des chantiers rapides et précis. Et puis le bois mobilise des métiers où il y a encore un savoir faire et le soucis du détail. » Diplômé de l’école d’architecture de Nancy en 1992, il reste en Lorraine quelques années comme intervenant dans cette même école et commence à travailler en free lance. À l’aube de ce siècle, la construction d’un centre de recherche pour l’entreprise Miko à Saint-Dizier le ramène en Champagne- Ardenne où il fonde à Reims sa propre agence, AAT Architecture. De 2000 à 2007, il est élu au Conseil régional de l’Ordre des architectes et organise de 2005 à 2009 des voyages architecturaux pour le CREPA, dont il préside la formation continue. Enfin en 2011 il crée sa nouvelle société, « Jean-Philippe Thomas Architectes », qui assoit son style résolument ancré dans une logique de développement durable. Dans ses souvenirs, deux architectures particulièrement inspirantes pour son futur travail : le palais de la Bahia à Marrakech, occupé par Lyautey au début du 20 e siècle, et le quartier Quayside à Newcastle, où il a étudié deux ans avant son diplôme. Le palais marocain pour son raffinement, ses multiples espaces baignés de lumière éclatante ou d’une pénombre rafraîchissante, mais caché pudiquement derrière un rempart peu ouvragé. « J’estime que la notion de façade n’est pas très importante. Je ne fais pas une architecture objet, jamais rien de volontairement ostensible. L’essentiel est toujours à l’intérieur, les lieux doivent être conçus pour le bien-être des usagers. La façade doit juste donner envie d’y entrer en s’intégrant au mieux dans le paysage. » L’humain comme point focal de toute architecture Pour le quartier Newcastle, c’est la compilation de « toutes les architectures possibles, des sites industriels réhabilités comme des constructions contemporaines avec ce pont piétonnier incroyable. Un lieu de vie et d’échanges perpétuels », se rappelle-t-il. C’est l’image de la ville telle qu’il l’imagine dans le futur. « Des cités appelées à s’étendre mais plutôt en hauteur, en se construisant sur elles-mêmes avec des matériaux à fortes plasticité et aux performances énergétiques optimales, comme le bois évidemment. » Son premier projet marquant a été un collège à Château-Thierry, élaboré avec un collectif d’architectes parisiens : « On a conçu une sorte d’origami très élégant avec une signature paysagère en bois et en zinc. Un bâtiment ouvert sur le panorama de la Vallée de la Marne, avec des lieux à vivre et à étudier très délicats. » Une élégance et une délicatesse contenues dans la sobriété et l’efficience, des concepts qui président toujours aux projets de l’architecte, que ce soient des bâtiments pour un large public ou pour des particuliers. « J’ai besoin de me projeter dans le lieu que je dessine, imaginer concrètement comment je pourrais y vivre. Pour des habitations privées, il faut bien sûr être en empathie avec le client mais le principe reste le même : l’humain et surtout son bien-être, pour ne pas dire son bonheur, doit absolument être l’élément central, tout doit s’articuler autour des habitants », affirme Jean-Philippe Thomas. Des principes éthiques qu’il a développés avec la philosophe Anne Deschamps, une collaboration de quelques années qui a été déterminante et qui a structuré sa pensée. Anne Deschamp, est une philosophe de terrain, une facilitatrice comme elle aime se qualifier. Professeure dans les Ardennes, créatrice du premier caféphilo rural, elle prône l'action comme moteur de la joie de vivre . « Je cultive la bienveillance grâce à un questionnement créatif qui permet de partager les différences sur une terre commune à tous », explique-t-elle. À partir de 2012, l’architecte et la philosophe réfléchissent devant la table à dessiner comme sur le terrain pour élaborer des atmosphères nourrie d’émotions, de beau et de bienêtre. Un éclairage philosophique et éthique qui a permis à Jean-Philippe Thomas de cerner précisément l’enjeu humaniste de projets dont l’essence même est le « mieux vivre » de l’habitant, qui demeure le point focal ultime de l’architecture. www.jeanphilippe-thomas.com 21