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Recueil des Assises des métiers d'art 2019

Nos Assises qui se sont déroulées en juin dernier à Perpignan ont démontré la force collective de notre communauté si chacun d’entre nous s’engage au plus près de son atelier pour défendre de façon unie la juste place des professionnels de métiers d’art. Les échanges lors de ces Assises témoignent que le climat de la société morose, même s’il est perceptible par tous, n’a pas eu d’emprise sur la confiance et l’espoir que nous plaçons dans notre secteur en tant que professionnels de métiers d’art. Forts de cette énergie, faisons de 2020 une année de mobilisation pour les métiers d’art !

Nos Assises qui se sont déroulées en juin dernier à Perpignan ont démontré la force collective de notre communauté si chacun d’entre nous s’engage au plus près de son atelier pour défendre de façon unie la juste place des professionnels de métiers d’art.

Les échanges lors de ces Assises témoignent que le climat de la société morose, même s’il est perceptible par tous, n’a pas eu d’emprise sur la confiance et l’espoir que nous plaçons dans notre secteur en tant que professionnels de métiers d’art.

Forts de cette énergie, faisons de 2020 une année de mobilisation pour les métiers d’art !

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C'est là que la génération makers est extrêmement<br />

intéressante à observer. Vouloir embrasser<br />

<strong>des</strong> questions sociétales, <strong>des</strong> questions liées aux<br />

nouvelles technologies, aux savoir-faire artisanaux,<br />

à la conception et au <strong>des</strong>ign, va peut-être<br />

durer très peu de temps ; nous devrons peut-être<br />

faire un erratum dans quelque temps et le glisser<br />

dans l’ouvrage. En tout cas, il me semble qu'il se<br />

passe quelque chose d’extrêmement stimulant.<br />

Je vais passer à la troisième question : celle<br />

<strong>des</strong> trésors vivants au Japon. Cela ne concerne<br />

pas que le Japon, mais aussi la Thaïlande et<br />

d'autres pays.<br />

Cela accompagne l'après-guerre et l'humiliation<br />

vécue par les Japonais avec la défaite.<br />

Ils étaient dans l'axe fasciste, avec la coalition<br />

avec l’Allemagne et les fascistes. Cette humiliation<br />

vécue par le Japon s'est répercutée de<br />

différentes manières.<br />

La question de la valorisation du patrimoine et<br />

<strong>des</strong> savoir-faire japonais, au moment de l’occupation<br />

américaine, s'est traduite par ce type<br />

de démarche consistant à sanctuariser certains<br />

savoir-faire.<br />

Une fois de plus, ce n'est ni bien ni mal. La question<br />

n'est pas d’ordre moral ou qualitatif. La question<br />

est de savoir à quel moment ces traditions<br />

sont capables d'évoluer, de se projeter dans un<br />

avenir. Voilà ce qui est intéressant.<br />

Je ne sais pas si j’ai répondu à toutes les questions.<br />

M. Philippe LOISEAU<br />

— Y a-t-il d'autres échos ?<br />

INTERVENANT DU GROUPE MIROIR<br />

— Dans les échos qu’on trouve dans le groupe,<br />

on se demande si l’artisanat est un prétexte ou<br />

une caution à <strong>des</strong> questions sociales, sociétales<br />

ou humanitaires, ou s’il reste périphérique.<br />

La question qui va avec cette interrogation<br />

serait : quelle différence faites-vous entre un<br />

artisan <strong>d'art</strong> craftman et un <strong>des</strong>igner maker ?<br />

(Rires.)<br />

M. Fabien PETIOT<br />

— Y a-t-il encore beaucoup de questions<br />

comme cela ? C'est le jeu !C’est un prétexte, oui<br />

et non. Il y a aussi un effet de loupe.<br />

J’ai parlé d’un outil. Excusez-moi. Il n’est peutêtre<br />

pas très valorisant de dire que l’artisanat est<br />

un outil ; mais dans ma bouche, au contraire,<br />

c’est valorisant.<br />

Non, ce n'est pas un prétexte. C'est une manière<br />

de se demander pour quelle raison, alors qu'il y<br />

a quelques années l'artisanat était à la limite du<br />

ringard, il devient subitement un sujet, au point<br />

d'être récupéré par les hamburgers, jeans et<br />

autres bières. C'est intéressant de poser cette<br />

question d'un point de vue sociologique, d’un<br />

point de vue d’historien, d’un point de vue de<br />

<strong>des</strong>igner, de politique. C’est parce qu’à travers<br />

ce modèle de l'artisanat, se joue une possible<br />

réponse aux questions et aux défis qui nous<br />

attendent. Ce n'est pas un prétexte.<br />

Ce livre est une cartographie <strong>des</strong> solutions,<br />

<strong>des</strong> démarches inspirantes qui sont parties de<br />

l'artisanat, parfois pour y revenir et parfois pour<br />

répondre à d’autres contextes que ce domaine.<br />

Il y avait un autre point dans la question : le<br />

lexique. Cela a été une question épineuse pour<br />

nous. Certains parlaient de « manustrie » pour<br />

<strong>des</strong> établissements qui étaient à la limite de la<br />

manufacture et de l'industrie. Certains préfèrent<br />

« crafteur » à « craftman ».<br />

Évidemment, les mots sont extrêmement importants.<br />

Ils permettent de définir et aussi de classer.<br />

Ce n'est pas par facilité ni pour faire une jolie<br />

pirouette. Nous avons souhaité ne pas chercher<br />

une définition figée, mais à valoriser les porosités<br />

sans faire une classification, un peu comme <strong>des</strong><br />

personnes qui chassent les papillons et qui les<br />

mettent dans <strong>des</strong> petites boîtes.<br />

Concernant la révolution <strong>des</strong> makers, tout le<br />

monde s’entend autour du terme maker, sauf les<br />

makers. Certaines personnes refusent les termes<br />

« fab lab ». Tout le monde se bagarre.<br />

Nous avons préféré observer les solutions et les<br />

expériences concrètes que cela peut produire<br />

et pas les questions lexicales.<br />

M. Philippe LOISEAU<br />

— Avant de conclure cette séquence, y a-t-il<br />

d'autres questions que vous souhaiteriez poser<br />

ou <strong>des</strong> observations que vous aimeriez partager ?<br />

M. Fabien PETIOT<br />

— Ce qui est intéressant avec cette fameuse<br />

génération maker, c’est que non seulement elle<br />

a une maîtrise – on peut discuter du faire –, mais<br />

aussi <strong>des</strong> lectures.<br />

Le <strong>des</strong>ign s'est beaucoup dépolitisé. Il y a<br />

William Morris, mais, au fond, il y a une dépolitisation<br />

du <strong>des</strong>ign et, d’une certaine manière,<br />

<strong>des</strong> producteurs. Il est intéressant de voir ces<br />

questions revenir et de voir à quel point une<br />

réponse globale peut être offerte à partir de<br />

lectures assez denses, extérieures et étrangères<br />

au domaine premier de l'artisanat.<br />

M. Pascal GEOFFROY<br />

— Vous avez répondu en partie à ma question.<br />

Par rapport au devenir de nos <strong>métiers</strong>, ce matin,<br />

Stéphane Rozès a bien mis en évidence l'opposition<br />

entre le néolibéralisme et les éthiques de<br />

nos <strong>métiers</strong>.<br />

Vous venez de répondre. Dans vos exemples,<br />

vous citez beaucoup de circuits courts, avec un<br />

respect de l'environnement, un recyclage <strong>des</strong><br />

matériaux, etc. Je pense que l'avenir <strong>des</strong> <strong>métiers</strong><br />

<strong>d'art</strong> va passer par là. À l’époque où certains<br />

veulent exporter très loin un savoir-faire, comme<br />

c'est le cas de l’industrie du luxe par exemple,<br />

nous, artisans <strong>d'art</strong>, nous restons mo<strong>des</strong>tes et<br />

essayons de favoriser ces circuits courts. Je<br />

pense que tout le monde y gagne.<br />

M. Fabien PETIOT<br />

— Je vous remercie.<br />

Je ne sais pas si l'image que je voulais montrer à<br />

la fin a pu s’afficher. Un collectif appelé Rotor se<br />

trouve au Benelux. Il a mis en place un réseau de<br />

récupérateurs de matériaux. Ce système de mise<br />

en réseau est disponible pour les architectes, les<br />

artisans et les <strong>des</strong>igners.<br />

Au même titre, il existe un lieu appelé La Réserve<br />

<strong>des</strong> arts. C’est une ressourcerie située à Pantin.<br />

Elle récupère <strong>des</strong> cuirs d’ateliers, dans l’industrie<br />

du luxe par exemple.<br />

À mon avis, tout reste à faire en termes de réseau.<br />

Cela signifie aussi que ces architectures rurales,<br />

ces gran<strong>des</strong> exploitations ont <strong>des</strong> architectures<br />

vi<strong>des</strong>, qui peuvent être <strong>des</strong> lieux disponibles pour<br />

donner <strong>des</strong> réponses : <strong>des</strong> lieux de recherche,<br />

<strong>des</strong> lieux d’innovation, pour recréer de l'économie<br />

localement et travailler cette cartographie<br />

qu’il reste à mettre en place. C'est un<br />

grand chantier.<br />

Il nous est apparu que depuis longtemps, et c'est<br />

encore davantage le cas aujourd’hui – c’est<br />

pour cela que c'est une chance et pas un risque<br />

de voir les valeurs se diffuser –, l'artisanat de l’art<br />

a plus que jamais son mot à dire là-dedans. Ce<br />

n'est pas un petit satellite ou une tour d’ivoire<br />

qu’on apercevrait à l’horizon. C'est l’un <strong>des</strong> participants<br />

principaux de cette mise en réseau.<br />

UN INTERVENANT DANS LA SALLE<br />

— Le marketing s’est toujours nourri de l’air du<br />

temps. Il n'est donc pas étonnant qu'il cherche à<br />

30 <strong>Assises</strong> <strong>des</strong> <strong>métiers</strong> d’art – 28 et 29 juin <strong>2019</strong>, Palais <strong>des</strong> Congrès de Perpignan

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