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Recueil des Assises des métiers d'art 2019

Nos Assises qui se sont déroulées en juin dernier à Perpignan ont démontré la force collective de notre communauté si chacun d’entre nous s’engage au plus près de son atelier pour défendre de façon unie la juste place des professionnels de métiers d’art. Les échanges lors de ces Assises témoignent que le climat de la société morose, même s’il est perceptible par tous, n’a pas eu d’emprise sur la confiance et l’espoir que nous plaçons dans notre secteur en tant que professionnels de métiers d’art. Forts de cette énergie, faisons de 2020 une année de mobilisation pour les métiers d’art !

Nos Assises qui se sont déroulées en juin dernier à Perpignan ont démontré la force collective de notre communauté si chacun d’entre nous s’engage au plus près de son atelier pour défendre de façon unie la juste place des professionnels de métiers d’art.

Les échanges lors de ces Assises témoignent que le climat de la société morose, même s’il est perceptible par tous, n’a pas eu d’emprise sur la confiance et l’espoir que nous plaçons dans notre secteur en tant que professionnels de métiers d’art.

Forts de cette énergie, faisons de 2020 une année de mobilisation pour les métiers d’art !

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puisse retrouver une racine dans cette nouvelle<br />

terre avec d’autres plantes, d’autres voisins et<br />

d’autres artisans.<br />

M. Philippe LOISEAU<br />

— Je remercie pour ce témoignage.<br />

(Applaudissements.)<br />

Vous serez demain avec nous pour témoigner de<br />

l'autre sujet qui nous occupera demain : l’engagement.<br />

À l'évidence, la Fabrique Nomade est<br />

un exemple d’engagement dans la communauté<br />

<strong>des</strong> artisans <strong>d'art</strong> en particulier.<br />

INTERVENTION<br />

DE DANIEL PELEGRIN<br />

Ébéniste et sculpteur en Ardèche et<br />

administrateur d’Ateliers d’Art de France<br />

M. Philippe LOISEAU<br />

— Je termine en donnant la parole à Daniel<br />

Pelegrin. Il est ébéniste, artisan <strong>d'art</strong> et administrateur<br />

à Ateliers d'Art de France. J’aimerais avoir<br />

son point de vue sur ce qui a été abordé au cours<br />

de ces échanges et savoir de ce qu’il a envie<br />

de partager, comment il réagit et il raisonne par<br />

rapport à tout ce qui s'est dit au cours de cette<br />

journée, en particulier cet après-midi.<br />

M. Daniel PELEGRIN<br />

— Ce matin et cet après-midi, on a beaucoup<br />

parlé d'humanité. Je ne pense pas qu'il y ait<br />

beaucoup d'entreprises du CAC 40 qui osent,<br />

quand elles font <strong>des</strong> colloques ou du management,<br />

parler <strong>des</strong> individus et de l'humain.<br />

En même temps, nous sommes <strong>des</strong> entreprises,<br />

<strong>des</strong> chefs d'entreprise. Nous sommes en capacité<br />

de mettre au cœur de l'humain. C’est notre<br />

manière de vivre. Notre volonté à tous est de<br />

vivre notre métier, de vivre de notre métier et de<br />

transmettre notre métier.<br />

Dans la société d'aujourd'hui, nous en arrivons à<br />

une situation paradoxale : nous aurions besoin<br />

de dépoussiérer nos ateliers qui devraient<br />

rentrer dans une innovation inéluctable, pour<br />

ne pas disparaître. Si nous faisons un simple<br />

retour en arrière, nous voyons que nous avons<br />

traversé tous les siècles. Si nous avons traversé<br />

tous les siècles, c'est que nous avons apporté<br />

de l'innovation.<br />

J'ai visité l'exposition Toutankhamon. Je suis ébéniste.<br />

Pour faire le siège de Toutankhamon, on a<br />

modifié les outils. On nous a apporté une précision<br />

pour gagner un temps dans l'exécution.<br />

Mais je ne peux pas faire mieux que ce siège<br />

qui a été réalisé : c’était une prouesse humaine.<br />

L'industrialisation est arrivée à la fin du XIXe<br />

siècle. Cela fait donc un siècle. Ateliers d'Art de<br />

France, c'est 150 ans d'histoire. Il faut les mettre<br />

en rapport.<br />

Alors que l'économie de marché était le point<br />

incontournable, la finalité de toutes les sociétés,<br />

elle est en panne. On voit bien que de plus<br />

en plus de personnes contestent l'économie de<br />

marché et le productivisme. Ce sont vraiment <strong>des</strong><br />

gâchis monstrueux.<br />

Il y a eu une intervention pour dire que nous<br />

étions dans l’économie de marché. La transition<br />

énergétique et écologique ne vise pas à faire<br />

<strong>des</strong> écolos de première zone. Le néolibéralisme,<br />

c'est le mensonge, la falsification, l’exploitation,<br />

la simulation et la piètre qualité. À partir de là,<br />

nous vivons effectivement dans une société où<br />

nous sommes dans une économie de marché.<br />

Nos valeurs ne peuvent pas être transposées.<br />

Fondamentalement, je pense que, dans nos<br />

<strong>métiers</strong>, il faut que nous restions véritablement sur<br />

la transformation de la matière. Il ne faut pas être<br />

déconnecté de la matière. C'est indispensable.<br />

Nous avons besoin de revenir sur ce qui fonde<br />

nos <strong>métiers</strong>. C’est un temps long. Il ne faut pas<br />

être frustré par rapport à cela. On nous dit que,<br />

pour que les <strong>métiers</strong> <strong>d'art</strong> existent demain, il faut<br />

qu’ils réduisent leurs coûts, qu'ils travaillent plus<br />

vite et qu’ils travaillent a minima pour vendre les<br />

objets dans les musées à 10 balles, 20 balles ou<br />

30 balles. Nous ne sommes pas dans ce monde.<br />

Nous avons évidemment besoin de faire <strong>des</strong><br />

productions, d’être aussi dans le quantitatif, de<br />

pouvoir nourrir notre création, mais fondamentalement,<br />

notre métier s'exerce dans un temps long,<br />

avec <strong>des</strong> doutes, <strong>des</strong> avancées, <strong>des</strong> échecs et<br />

de la réflexion.<br />

C'est par la transformation de la matière que<br />

vient l'idée. Ce n'est pas l'idée qui fait l'objet.<br />

Cela n’a jamais été ainsi. Quand on transforme<br />

la matière, on se dit qu’on peut y aller. Avant, on<br />

n'y allait pas.<br />

Je dis cela parce qu’au niveau <strong>des</strong> territoires, on<br />

nous fait <strong>des</strong> belles promesses : on pourrait nous<br />

aider à monter <strong>des</strong> ateliers ici et là, <strong>des</strong> fab labs,<br />

etc. Je n'ai rien contre l'intelligence artificielle,<br />

bien au contraire. Il y a <strong>des</strong> prouesses extraordinaires<br />

au niveau médical et dans les communications.<br />

Mais la finalité n’est pas de dire que<br />

notre horizon dépendrait de fab labs. Qu'est-ce<br />

que cela apporte à l'humain ? Si cela se retourne<br />

contre l'humain, c'est négatif, c'est un poison. Le<br />

fab lab est comme de la pharmacopée : il y a le<br />

pire comme le meilleur.<br />

Je reviens sur ce besoin d’être sur nos territoires<br />

pour vraiment faire entendre ce que nous<br />

sommes face aux institutions, afin que, véritablement,<br />

on ne pense pas à notre place et qu’on<br />

n'agisse pas à notre place. On veut trop souvent<br />

faire notre bonheur à notre place. Cela ne<br />

fonctionne pas !<br />

Daniel Pelegrin<br />

Nous avons eu nos avancées de 2014-2016.<br />

Avec les anciens administrateurs et toute la<br />

famille <strong>des</strong> professionnels <strong>des</strong> <strong>métiers</strong> <strong>d'art</strong>,<br />

40 <strong>Assises</strong> <strong>des</strong> <strong>métiers</strong> d’art – 28 et 29 juin <strong>2019</strong>, Palais <strong>des</strong> Congrès de Perpignan

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