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Recueil des Assises des métiers d'art 2019

Nos Assises qui se sont déroulées en juin dernier à Perpignan ont démontré la force collective de notre communauté si chacun d’entre nous s’engage au plus près de son atelier pour défendre de façon unie la juste place des professionnels de métiers d’art. Les échanges lors de ces Assises témoignent que le climat de la société morose, même s’il est perceptible par tous, n’a pas eu d’emprise sur la confiance et l’espoir que nous plaçons dans notre secteur en tant que professionnels de métiers d’art. Forts de cette énergie, faisons de 2020 une année de mobilisation pour les métiers d’art !

Nos Assises qui se sont déroulées en juin dernier à Perpignan ont démontré la force collective de notre communauté si chacun d’entre nous s’engage au plus près de son atelier pour défendre de façon unie la juste place des professionnels de métiers d’art.

Les échanges lors de ces Assises témoignent que le climat de la société morose, même s’il est perceptible par tous, n’a pas eu d’emprise sur la confiance et l’espoir que nous plaçons dans notre secteur en tant que professionnels de métiers d’art.

Forts de cette énergie, faisons de 2020 une année de mobilisation pour les métiers d’art !

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Il y a quatre ans, j'ai découvert par hasard <strong>des</strong><br />

broderies empilées dans l’armoire de ma mère,<br />

les unes sur les autres, dans un coin. À cet instant<br />

précis, j'ai découvert son histoire et son métier :<br />

elle était brodeuse dans la médina de Tunis, un<br />

métier qu'elle a abandonné quand elle est arrivée<br />

en France il y a 46 ans.<br />

C'était un métier qu'elle affectionnait. Elle brodait<br />

avec passion ses fils de couleurs sur <strong>des</strong> linges<br />

de maison. Découvrir cela, alors que j’avais<br />

35 ans, a été bouleversant. Découvrir qu’elle a<br />

mis sous silence ses compétences m’a amenée<br />

à me questionner. C’est le point de départ de<br />

mon engagement. Il est intimement lié et inscrit<br />

dans cette histoire personnelle et familiale. C’est<br />

l’histoire de ma mère que je porte et qui me porte<br />

à travers toutes les actions que je mets en place<br />

et le travail que je fais à la Fabrique Nomade.<br />

Il m'a aussi permis de découvrir une énergie<br />

immense que je déploie tous les jours, une<br />

énergie qui déplacerait <strong>des</strong> montagnes. Le plus<br />

incroyable, au-delà de cette énergie, est de<br />

voir que cela avait entraîné l'engagement de<br />

tant d'autres personnes qui m'ont rejointe, qui<br />

ont choisi d’avancer avec moi et d'œuvrer pour<br />

cette cause.<br />

Inès Mesmar<br />

Pour vous parler d'engagement, avant de vous<br />

présenter les différentes formes d'engagements<br />

à la Fabrique Nomade, je suis amenée à vous<br />

parler de mon engagement personnel. Il est intimement<br />

lié à mon parcours, à mon histoire de<br />

vie. En fait, je ne présente jamais mon parcours<br />

et mon histoire dans les conférences et dans <strong>des</strong><br />

rencontres. C'est le sujet de cette table ronde<br />

qui m'amène à vous le présenter. Je le partage<br />

avec vous avec beaucoup de sincérité et je vous<br />

demande d’accueillir cela avec bienveillance.<br />

Je suis une femme issue de l'immigration. Mes<br />

parents ont quitté la Tunisie dans les années<br />

60 pour s’installer tout d’abord à Limoges, puis<br />

en région parisienne. Mon père a été appelé<br />

par la France quand elle a eu besoin de maind'œuvre.<br />

Il a suivi une formation de charpentier,<br />

puis il a exercé le métier de menuisier. Ma mère<br />

l’a rejoint et elle s'est consacrée à l’éducation<br />

de ses six enfants.<br />

Je suis née dans un quartier populaire. J'ai grandi<br />

à La Courneuve, dans la cité <strong>des</strong> 4000. J’ai eu la<br />

chance de grandir dans un quartier où il y avait<br />

beaucoup de nationalités très différentes, où se<br />

brassaient beaucoup de cultures. Cette diversité<br />

culturelle fait partie de mon ADN.<br />

Pourtant, j'ai grandi avec cette idée qu'il fallait<br />

effacer toute différence, entrer dans un moule,<br />

essayer d’être un peu comme tout le monde.<br />

C’était une injonction à être discret, presque<br />

invisible, à s'effacer.<br />

Par la suite, j’ai suivi un parcours universitaire dans<br />

les sciences humaines. J’ai appris le métier d'ethnologue<br />

que j’ai exercé en France et à l’étranger.<br />

J’ai ensuite évolué dans ma formation professionnelle.<br />

J’ai accompagné <strong>des</strong> professionnels de<br />

l'urbanisme et de la construction dans le développement<br />

de leurs compétences et/ou dans<br />

leur reconversion, et ce, jusqu’en 2015.<br />

À défaut d'avoir pu aider ou accompagner ma<br />

mère à retrouver son identité et peut-être à occuper<br />

la place qu'elle aurait pu avoir, j’accompagne<br />

d'autres artisans pour la retrouver, afin<br />

qu’eux puissent le faire avant qu'il soit trop tard.<br />

Mon engagement a représenté quatre ans<br />

d'investissement bénévole pour développer<br />

ce projet et y travailler corps et âme. C’est pour<br />

cela que je parle d’intensité. J'ai découvert en<br />

moi cette énergie et j’ai surtout vu que les choses<br />

étaient possibles.<br />

Depuis 2017, la Fabrique Nomade a accompagné<br />

25 artisans dans 14 <strong>métiers</strong> différents<br />

venus de 16 pays du monde, soit une diversité<br />

tant culturelle que de savoir-faire. Ils ont produit<br />

plus de 600 objets.<br />

Nous avons organisé plusieurs dizaines d’événements<br />

de promotion, de rencontres et de<br />

conférences.<br />

Aujourd’hui, la Fabrique Nomade fait rayonner<br />

ces savoir-faire au Viaduc <strong>des</strong> Arts à Paris, dans<br />

le XIIe arrondissement, dans ce haut lieu de la<br />

création, au côté d'autres artisans. C'est une très<br />

grande fierté.<br />

Vous pouvez voir la remise du prix de<br />

la Réciprocité.<br />

50 <strong>Assises</strong> <strong>des</strong> <strong>métiers</strong> d’art – 28 et 29 juin <strong>2019</strong>, Palais <strong>des</strong> Congrès de Perpignan

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