Recueil des Assises des métiers d'art 2019

assurer cette traçabilité des matériaux, des produits
utilisés ? On retrouve cette idée de labellisation
dont nous avons parlé hier.
Une suggestion est faite : il serait bien que ces
différents domaines de réflexion et d'investissement
dans le développement durable
et l’éco-responsabilité se traduisent dans le
cadre d'un forum d'échanges ou, en tout cas,
dans une modalité qui soit collective : qu'on
puisse partager, réfléchir et « brainstormer » sur
la façon de changer collectivement les choses
et d’avancer sur ce terrain du développement
durable et de l’éco-responsabilité. Ce n'est pas
une initiative individuelle, mais une dynamique
collective. Cela suppose qu'on puisse échanger
globalement.
Le quatrième axe est sans doute celui qui a suscité
le plus d’échanges et de débats : comment
renforcer l'action d'Ateliers d'Art de France à
l’échelon local ou régional afin de soutenir ce
désir d’engagement, de visibilité et d’affirmation
collective, dans un contexte où les relations avec
les régions ou les territoires sont parfois asymétriques
? Nous servons parfois de faire-valoir
aux régions et à leurs élus, mais nous ne bénéficions
pas toujours de retours des mêmes élus ou
leaders d’opinion.
Quel type d'action peut-on conduire, de ce
point de vue ? Comment Ateliers d'Art de France
peut-il nous aider à être beaucoup plus présents
et plus agissants aux niveaux local et régional ?
Par exemple, nous pourrions être des ambassadeurs
locaux d'Ateliers d'Art de France et, ce
faisant, nous pourrions intervenir auprès des
élus politiques, des leaders d’opinion locaux,
des jeunes publics ou dans le recrutement de
ce qu’on appelle les sponsors, c'est-à-dire des
acteurs un peu puissants qui adhèrent à notre
cause, la supportent et la soutiennent.
Nous pourrions aussi nous engager sur le plan
politique, dans des mandats électifs locaux
qui nous permettraient de peser sur la vie de
la cité, plutôt que de la subir et d'être passifs.
Cela supposerait que cette forme d'engagement
local soit plus ponctuelle, fondée sur des
collectifs plus larges et moins institutionnalisés
ou personnalisés. Autrement dit, l'engagement
territorial, auprès des territoires, pourrait peutêtre
reposer sur plus de personnes, être plus
à géométrie variable en fonction des opportunités,
des acteurs et des interlocuteurs, plutôt
qu’être institutionnalisé et reposer uniquement sur
quelques personnes.
Ces sujets de discussion sont revenus dans
les échanges. Il y a aussi des illustrations très
concrètes. On pourrait multiplier des tombées
de tapisserie afin d'élargir la visibilité, d’incarner
ce que nous sommes, notre identité professionnelle,
prendre des initiatives à notre niveau, qui
augmentent notre visibilité et nourrissent nos liens
avec le public.
Cela pourrait être aussi la façon d’investir et de
mutualiser des lieux, notamment les territoires et
les villes. J'en sais quelque chose, car j’ai habité
une partie de ma vie près de Villefranche-de-
Rouergue. Je peux vous dire que le centre-ville
ne ressemble plus à rien.
Comment investir et mutualiser les lieux, soit dans
le cadre d'Ateliers d'Art de France, soit dans le
cadre de notre propre action ? Notre implication
et notre engagement passent par la contribution
à l'animation du territoire en prenant des
initiatives, en pesant sur les élus, en investissant
et en mutualisant des lieux, en développant des
boutiques éphémères, etc. Les formes d'engagement
sont multiformes.
Si je devais synthétiser le message, je dirais que
cela me rappelle la question que l’on a toujours
un peu à l’esprit et qui est celle de Kennedy : « Ne
vous posez pas la question de ce que l'Amérique
peut faire pour vous, mais de ce que vous
pouvez faire pour l'Amérique ». De ce point de
vue, il est clair que chacun y est prêt.
Cependant, l'enjeu concernant l'engagement,
tel que nous l’avons retenu avec les animateurs,
serait alors : comment Ateliers d'Art de France
peut-il faciliter l'engagement collectif et comment
la prise de risque individuelle pourrait-elle
être soutenue par la prise de risque collective ?
Je reprends les termes de Jean-Cassien Billier ce
matin. Comment le maillage, la mise en réseau
et l’action institutionnelle peuvent-ils faire que le
« nous » engage et rende possible le « je » ? C'est
ce que nous avons choisi de retenir.
Sans doute était-ce une synthèse un peu ramassée.
La question qui nous a semblé traverser tous
les débats était celle-là : qu’est-ce qui va faire
que l'action du « nous » rendra possible l'action
du « je ».
J'ai fini cette synthèse. Je vous remercie.
(Applaudissements.)
Avant de passer à nouveau la parole à
Jean-Cassien et à Inès, nous nous sommes dit
que nous allions faire un sondage sur l'engagement
et vous poser des questions qui rassemblent
à la fois les sujets évoqués et d'autres dont nous
n’avons pas forcément parlé.
Il s’agit plutôt d’avoir une photographie, au-delà
de tous ces échanges, de ce qu'est l'engagement
aujourd'hui dans ce collectif, au sein d'Ateliers
d'Art de France et de façon plus générale. •
II.2. Synthèse des ateliers
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