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Dossier management<br />
Méthodes<br />
Manager à distance<br />
via une mutualisation<br />
de la maintenance<br />
Institut de Soudure<br />
La maintenance à distance peut-elle se résoudre à travers une démarche<br />
d’amélioration globale et une mutualisation des politiques de maintenance<br />
des différents sites ? C’est la question posée à Khaled Benfriha,<br />
maître de conférences et responsable pédagogique de deux mastères<br />
spécialisés (« Management de la maintenance » et « Management des<br />
contrats globaux ») à l’École nationale supérieure d’Arts et Métiers.<br />
B<br />
ien souvent, les coûts réels de maintenance<br />
apparaissent bien après<br />
l’acquisition d’un matériel. Et plus l’équipement<br />
est bon marché, plus ses coûts d’exploitation<br />
risquent d’être prohibitifs. La<br />
raison ? Une maintenance totalement laissée<br />
pour compte lors de la conception du<br />
produit, cette démarche vise à compresser<br />
les coûts de conception pour obtenir des<br />
coûts de vente réduits. Des grands noms<br />
de prestataires de maintenance s’en frottent<br />
les mains pendant que les exploitants regrettent<br />
cette « non prise en compte » de l’ingénierie<br />
de maintenance, en phase de<br />
conceptionA l’exemple parfois d’une simple<br />
omission d’un système d’accès, telle qu’une<br />
trappe, peut avoir des conséquences directes<br />
sur la durée de recherche des pannes ou<br />
sur le déroulement des opérations de maintenance<br />
basiques ; ce cas a précisément été<br />
rencontré dans le domaine du ferroviaire.<br />
À cela, s’ajoute une perte de temps qui s’est<br />
vivement ressentie sur le montant final de<br />
la facture. Le concept du Life Cycle to<br />
Costing (LCC) est basé essentiellement sur<br />
une évaluation du coût global de cycle de<br />
vie ramené à une fonction de service mesurable<br />
d’un produit industriel, il s’appuie sur<br />
un découpage des coûts en distinguant les<br />
différentes étapes de vie du produit, de sa<br />
conception, souvent prévue pour une durée<br />
limitée (celle allant de sa commercialisation<br />
auprès du client à la durée de sa garantie),<br />
à sa fin de vie en passant par la phase d’exploitation<br />
laquelle sera soumise à un<br />
moment ou un autre à de premiers signes de<br />
défaillances puis à des pannes successives.<br />
« Le produit est souvent conçu<br />
pour une durée limitée : celle allant<br />
de sa commercialisation auprès du<br />
client... à la durée de sa garantie ».<br />
C’est pour cette phase d’exploitation qu’il<br />
convient d’intervenir et de concevoir des<br />
produits et des équipements plus fiables<br />
afin de réduire ses coûts d’exploitation,<br />
dont la maintenance, car une maintenance<br />
non maîtrisée provoque des pannes<br />
donnant lieu bien trop souvent à des arrêts<br />
intempestifs de production. « Bien entendu,<br />
cette question intéresse davantage les<br />
industriels qui exploitent leurs équipements<br />
dans la durée et qui assurent leurs opérations<br />
de maintenance en interne, moins<br />
ceux qui ont opté pour une externalisation<br />
de la maintenance ainsi que le suivi de<br />
leurs installations par le fabricant lui-même<br />
ou un prestataire », souligne Khaled<br />
Benfriha. Mais les modèles LCC issus<br />
d’une approche théorique sont souvent<br />
perturbés par un contexte économique de<br />
crise, l’exemple d’un grand site sidérurgique<br />
est significatif. « Quand la crise a<br />
frappé l’industrie, le spécialiste de l’acier<br />
a dû revoir son modèle de fonctionnement<br />
dans la mesure où la part des coûts liés à<br />
la maintenance, ramenée à la tonne produite,<br />
avaient progressé. En effet, les<br />
contrats forfaitaires, dont les prix n’avaient<br />
pas diminué, ne correspondaient plus aux<br />
besoins. Le rythme de la production ayant<br />
marqué un important coup d’arrêt, les<br />
opérations de maintenance préventive<br />
notamment, étaient restées fixes ». D’où<br />
l’idée d’une flexibilisation des coûts de<br />
maintenance en les indexant, par exemple,<br />
au rythme de la production, ce qui a poussé<br />
les décideurs à ne plus externaliser la fonction<br />
maintenance mais se limiter à une<br />
externalisation ciblée d’un<br />
certain nombre de tâches de<br />
maintenance, réduisant ainsi le<br />
rôle des sous-traitants à de<br />
simples exécutants d’opération<br />
de maintenance. Ce changement<br />
de politique a permis à<br />
l’entreprise en question de se<br />
réapproprier le plan de maintenance,<br />
d’adopter une gestion multi-sites des pièces<br />
de rechange, de réduire le nombre de soustraitants<br />
et au final une meilleure maîtrise<br />
de la maintenance.<br />
Capitaliser les pratiques<br />
exercées dans le site<br />
le plus performant<br />
Le point de départ d’une telle démarche<br />
trouve souvent son origine dans l’état de<br />
sa situation économique. « D’une manière<br />
générale, et ce contre beaucoup d’idées<br />
reçues, on remarque que la maintenance et<br />
son organisation s’améliorent en temps de<br />
crise, affirme Khaled Benfriha. Les entreprises<br />
redoublent d’efforts pour fiabiliser,<br />
travailler sur les données et les historiques<br />
d’intervention de façon à réduire au<br />
maximum les coûts de maintenance. En<br />
temps de croissance au contraire, toute<br />
l’énergie des industriels est orientée vers<br />
la production au détriment de ce que peut<br />
coûter la maintenance ». La première des<br />
actions entreprises concerne l’audit, en<br />
particulier dans les groupes industriels<br />
disposant de plusieurs sites de production.<br />
L’intérêt de l’audit est de préparer les<br />
actions d’amélioration qui peuvent porter<br />
PRODUCTION MAINTENANCE ➤ JANVIER, FÉVRIER, MARS 2013 ➤ PAGE 30