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Production Maintenance n°40

Maintenance à distance : comment s’y prendre ?

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Dossier management<br />

Méthodes<br />

Manager à distance<br />

via une mutualisation<br />

de la maintenance<br />

Institut de Soudure<br />

La maintenance à distance peut-elle se résoudre à travers une démarche<br />

d’amélioration globale et une mutualisation des politiques de maintenance<br />

des différents sites ? C’est la question posée à Khaled Benfriha,<br />

maître de conférences et responsable pédagogique de deux mastères<br />

spécialisés (« Management de la maintenance » et « Management des<br />

contrats globaux ») à l’École nationale supérieure d’Arts et Métiers.<br />

B<br />

ien souvent, les coûts réels de maintenance<br />

apparaissent bien après<br />

l’acquisition d’un matériel. Et plus l’équipement<br />

est bon marché, plus ses coûts d’exploitation<br />

risquent d’être prohibitifs. La<br />

raison ? Une maintenance totalement laissée<br />

pour compte lors de la conception du<br />

produit, cette démarche vise à compresser<br />

les coûts de conception pour obtenir des<br />

coûts de vente réduits. Des grands noms<br />

de prestataires de maintenance s’en frottent<br />

les mains pendant que les exploitants regrettent<br />

cette « non prise en compte » de l’ingénierie<br />

de maintenance, en phase de<br />

conceptionA l’exemple parfois d’une simple<br />

omission d’un système d’accès, telle qu’une<br />

trappe, peut avoir des conséquences directes<br />

sur la durée de recherche des pannes ou<br />

sur le déroulement des opérations de maintenance<br />

basiques ; ce cas a précisément été<br />

rencontré dans le domaine du ferroviaire.<br />

À cela, s’ajoute une perte de temps qui s’est<br />

vivement ressentie sur le montant final de<br />

la facture. Le concept du Life Cycle to<br />

Costing (LCC) est basé essentiellement sur<br />

une évaluation du coût global de cycle de<br />

vie ramené à une fonction de service mesurable<br />

d’un produit industriel, il s’appuie sur<br />

un découpage des coûts en distinguant les<br />

différentes étapes de vie du produit, de sa<br />

conception, souvent prévue pour une durée<br />

limitée (celle allant de sa commercialisation<br />

auprès du client à la durée de sa garantie),<br />

à sa fin de vie en passant par la phase d’exploitation<br />

laquelle sera soumise à un<br />

moment ou un autre à de premiers signes de<br />

défaillances puis à des pannes successives.<br />

« Le produit est souvent conçu<br />

pour une durée limitée : celle allant<br />

de sa commercialisation auprès du<br />

client... à la durée de sa garantie ».<br />

C’est pour cette phase d’exploitation qu’il<br />

convient d’intervenir et de concevoir des<br />

produits et des équipements plus fiables<br />

afin de réduire ses coûts d’exploitation,<br />

dont la maintenance, car une maintenance<br />

non maîtrisée provoque des pannes<br />

donnant lieu bien trop souvent à des arrêts<br />

intempestifs de production. « Bien entendu,<br />

cette question intéresse davantage les<br />

industriels qui exploitent leurs équipements<br />

dans la durée et qui assurent leurs opérations<br />

de maintenance en interne, moins<br />

ceux qui ont opté pour une externalisation<br />

de la maintenance ainsi que le suivi de<br />

leurs installations par le fabricant lui-même<br />

ou un prestataire », souligne Khaled<br />

Benfriha. Mais les modèles LCC issus<br />

d’une approche théorique sont souvent<br />

perturbés par un contexte économique de<br />

crise, l’exemple d’un grand site sidérurgique<br />

est significatif. « Quand la crise a<br />

frappé l’industrie, le spécialiste de l’acier<br />

a dû revoir son modèle de fonctionnement<br />

dans la mesure où la part des coûts liés à<br />

la maintenance, ramenée à la tonne produite,<br />

avaient progressé. En effet, les<br />

contrats forfaitaires, dont les prix n’avaient<br />

pas diminué, ne correspondaient plus aux<br />

besoins. Le rythme de la production ayant<br />

marqué un important coup d’arrêt, les<br />

opérations de maintenance préventive<br />

notamment, étaient restées fixes ». D’où<br />

l’idée d’une flexibilisation des coûts de<br />

maintenance en les indexant, par exemple,<br />

au rythme de la production, ce qui a poussé<br />

les décideurs à ne plus externaliser la fonction<br />

maintenance mais se limiter à une<br />

externalisation ciblée d’un<br />

certain nombre de tâches de<br />

maintenance, réduisant ainsi le<br />

rôle des sous-traitants à de<br />

simples exécutants d’opération<br />

de maintenance. Ce changement<br />

de politique a permis à<br />

l’entreprise en question de se<br />

réapproprier le plan de maintenance,<br />

d’adopter une gestion multi-sites des pièces<br />

de rechange, de réduire le nombre de soustraitants<br />

et au final une meilleure maîtrise<br />

de la maintenance.<br />

Capitaliser les pratiques<br />

exercées dans le site<br />

le plus performant<br />

Le point de départ d’une telle démarche<br />

trouve souvent son origine dans l’état de<br />

sa situation économique. « D’une manière<br />

générale, et ce contre beaucoup d’idées<br />

reçues, on remarque que la maintenance et<br />

son organisation s’améliorent en temps de<br />

crise, affirme Khaled Benfriha. Les entreprises<br />

redoublent d’efforts pour fiabiliser,<br />

travailler sur les données et les historiques<br />

d’intervention de façon à réduire au<br />

maximum les coûts de maintenance. En<br />

temps de croissance au contraire, toute<br />

l’énergie des industriels est orientée vers<br />

la production au détriment de ce que peut<br />

coûter la maintenance ». La première des<br />

actions entreprises concerne l’audit, en<br />

particulier dans les groupes industriels<br />

disposant de plusieurs sites de production.<br />

L’intérêt de l’audit est de préparer les<br />

actions d’amélioration qui peuvent porter<br />

PRODUCTION MAINTENANCE ➤ JANVIER, FÉVRIER, MARS 2013 ➤ PAGE 30

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