Heure Schweiz Nr. 106

DÉVELOPPEMENTDURABLE
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LE SECTEUR HORLOGER
DOIT MONTRER L’EXEMPLE
Economiser l’énergie c’est bien. Respecter un bilan carbone neutre, aussi.
Développer une filière or propre et éthique, encore mieux. Mais les marques suisses d’excellence doivent faire
plus d’efforts en matière de responsabilité sociale et environnementale. Telle est l’analyse du consultant
Christopher Cordey. Propos recueillis par Thierry Brandt
VOUS AVEZ TRAVAILLÉ PLUS VINGT ANS EN SUISSE ET EN ASIE
POUR LE COMPTE DE PLUSIEURS MULTINATIONALES ACTIVES
DANS LE SECTEUR DU LUXE. QU’EST-CE QUI VOUS A POUSSÉ À
VOUS INTÉRESSER AU PROBLÈME DE LA RESPONSABILITÉ
SOCIALE ET À DEVENIR CONSULTANT EN LA MATIÈRE? La
responsabilité sociale est, au XXIe siècle, une des grandes chances
des entreprises du luxe, et horlogères en particulier. Notre
idée, c’est de démontrer que la maximisation des profits n’est
pas une fin en soi et que de s’engager pour un monde meilleur
fait partie des exigences indispensables. Nous essayons d’introduire
dans la culture de ces grandes entreprises la notion de
partage. Nous les amenons à prendre conscience que, dans
beaucoup de secteurs, elles doivent changer de comportement.
DONNEZ-NOUS UN EXEMPLE… Prenons le problème de
l’approvisionnement en matières premières, comme l’or par
exemple. Chacun voit bien qu’il y a un monde entre les deux
extrémités de la chaîne, entre le salaire du chercheur d’or et le
prix de la montre ou du bijou qui figure dans
la devanture d’une boutique. Dans le domaine,
les entreprises pourraient parfaitement
diminuer leurs marges, qui sont souvent
gigantesques, pour mettre en place des
filières plus propres, plus éthiques. L’idée
n’est pas de donner des leçons de morale et
de jouer les ayatollahs, mais d’attirer l’attention,
de rendre les choses un peu meilleures.
Un certificat de traçabilité pour tout bijou ou toute montre vendue sur le marché?
Une bonne idée à développer par tous les acteurs de la branche.
BEAUCOUP D’ENTREPRISES, COMME CARTIER POUR NE CITER
QUE CET EXEMPLE, FONT DÉJÀ DES EFFORTS EN LA MATIÈRE,
NON? Beaucoup d’entreprises, non, mais quelques-unes en tout
cas. Il y a effectivement des actions pour moraliser la chaîne
d’approvisionnement de l’or, des diamants et des pierres
précieuses. On peut citer l’action du Responsible Jewellery
Council (RJC). Mais il s’agit rarement de la priorité N° 1 sur les
agendas. Pour l’heure, la prise de conscience se fait au niveau
de quelques CEO. Il faut, à terme, qu’elle concerne tout le management
et tous les acteurs de la chaîne de distribution. C’est
comme cela que les choses peuvent changer.
QUELS AVANTAGES LES ENTREPRISES CONCERNÉES PEUVENT-
ELLES TIRER D’UN CHANGEMENT DE COMPORTEMENT? Ils sont
innombrables. D’abord, c’est une question de réputation et
d’image. Lesquelles sont capitales quand on est acteur dans le
domaine du luxe et qu’on propose des
produits d’excellence. Ces entreprises-là
doivent montrer l’exemple. C’est également
un bon moyen de changer son business
model, de réévaluer sa position stratégique
sur les marchés et de réfléchir plus profondément
aux relations homme/entreprise et
entreprise/environnement. Dans un premier
temps, il est vrai que cela peut engendrer des