Heure Schweiz Nr. 106

ENCHÈRESHEURE
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ENCHÈRES GENEVOISES:
UNE MONTÉE DE SÈVE DE 42 MILLIONS DE FRANCS
La crise semble oubliée dans le monde de la haute horlogerie. Les collectionneurs
asiatiques, les Chinois en particulier, sont de plus en plus nombreux à acheter. Adjugée pour 6,259 millions de
francs, la Patek Philippe réf. 1527 bat un record mondial. Par Danièle Chambas
Deux fois par an, en mai et en novembre, Genève
devient la capitale mondiale des ventes de montres et de
bijoux. Des rendez-vous très importants, d’abord pour
les collectionneurs, mais aussi pour les commissaires-priseurs et
experts, qui ont joué les fins limiers afin de dénicher un maximum
de très belles pièces.
Du 7 au 12 mai dernier, quatre maisons de ventes aux enchères
– Christie’s, Sotheby’s, Antiquorum et O. Patrizzi – ont proposé
1450 garde-temps à leurs clients du monde entier ayant fait le
voyage, misé par téléphone ou on-line. Dans les salons des cinq
étoiles, 1200 lots et documents horlogers ont donc rapidement
changé de mains pour un total de 42,115 millions de francs,
dont 55% réalisés par la maison Christie’s avec 23,13 millions.
Si la crise semble appartenir au passé, les collectionneurs sont
plus exigeants que jamais sur la qualité et la rareté des pièces
dont ils rêvent et qu’ils réussissent parfois à obtenir. Reste une
constante: Patek Philippe demeure, encore et toujours, le leader
des ventes genevoises. La nouveauté, c’est la confirmation de la
puissance du marché chinois – il ne représentait que quelques
pourcents il y a cinq ans – qui adore les émaux, l’or rose et toutes
les montres à complications, y compris les sonneries,
avec un goût très prononcé pour la marque
Patek Philippe. A méditer: le nombre des milliardaires
chinois a augmenté de 30% en 2009, passant
de 101 à 130, juste derrière les Etats-Unis,
avec une moyenne d’âge de 42 ans. Et comme
ceux-ci s’intéressent beaucoup à l’art, ce
secteur ne peut que connaître une forte
expansion dans le futur.
CHRISTIE’S VEND LA «MONA LISA DU XXE SIÈCLE»
Lundi 10 mai, dès 10 h, la foule envahit le
grand salon du Four Seasons Hôtel des
Bergues. La vente, orchestrée par un Aurel Bacs
– coprésident international du département
montres – plus en verve que jamais, propose une
partition très relevée: 370 pièces soigneusement
sélectionnées, dont 14 Patek Philippe d’exception
Quand la domination de Patek Philippe sur les enchères s’arrêtera-t-elle?
cédées par le même collectionneur italien qui avait déjà vendu,
en novembre 2009, dix chefs-d’œuvre de la même marque pour
4,9 millions de francs. A 11 h 45 arrive la star de la vente, celle
qu’Aurel Bacs appelle avec émotion la «Mona Lisa du XXe siècle ».
Il s’agit de l’unique modèle Patek Philippe réf. 1527 de 1943, en
or jaune avec chronographe, calendrier perpétuel et phase de
lune, en mains privées depuis vingt ans. Chacun retient son
souffle, tant les chiffres défilent rapidement sur l’écran.
En deux minutes, les 4 millions sont dépassés.
Restent en lice deux enchérisseurs, l’un dans la
salle et l’autre au téléphone… lequel renonce
après dix minutes. Le vainqueur, le Musée
Patek Philippe, l’emporte à 5,5 millions, soit
6,259 millions de francs avec les frais (estimation:
1,5-2,5 millions).
L’adjudication des 14 lots de ce même collectionneur
se monte à 9,784 millions (estimation
4-6 millions), soit 40% du total de la
vente Christie’s. D’autres Patek Philippe se sont
très bien vendues, telles la réf. 2597 Calatrava or
rose (1963) pour 555 000 francs, la réf. 1518 chronographe
or rose (1947) pour 675 000 francs,
le chrono à un seul bouton poussoir (1924) pour
Rolex: autre marque phare des ventes aux enchères genevoises.