volumes xlix. - Archive ouverte UNIGE

PROLEGOMENA. XIII
Parquoy pour conclusion, treschers frères qui rencontrerez ce livre, nous vous prions derechef d'escouter nostre
Dieu et son Fils nostre maistre, declairant par un sien serviteur et ministre excellent de son Eglise, ce que
iadis le sainct Apostre ayant presche de viue voix, a mesme rédigé par escrit en brief sommaire, pour nous
et ceux qui viendront après nous iusques à la fin du monde. Et de quelque condition que vous soyez, ou ayez
esté, ne vous reculez point, puis que celuy qui parle est le Dieu qui nous a tant aimez qu'il n'a point espargné
son propre Fils, ains l'a liurê à la mort pour nous racheter de la mort et de la vaine tradition de nos pères.
Venez donc, et tous d'un accord seruons nostre Dieu, et cheminons en ses voyes qu'il nous enseigne, laissans
les nostres, c'est à dire tout ce qui est discordant de la reigle de sa parole, et faisans seruir à sa gloire tout
ce qu'il nous a donné. Et en ce faisant nous serons Chrestiens de nom et d'effect, nous nous acquitterons de
la promesse du sainct Baptesme: nous verrons bon accord en la Ghrestienté: et seruirons de bon exemple aux
Juifs et Turcs qui sont encore ennemis du nom mesme de Ghrestienté. Ainsi, ainsi soit-il. Amen.
XXXYII. Sermons de | lean Calvin sur le di- ] xieme et onzième Chapitre | de la premiere
Epistre de S. Paul aux Corinthiens, | esquels outre plusieurs matières excellentes, celle | de la saincte
Cène de nostre Seigneur Iesus Christ | est familièrement déclarée. | (Emblème) | A Geneve. | De l'Imprimerie
dé Michel Blanchier. | M. D. LXIII. 8.
. Emblema repraesentat quatuor spicas maioris formae ex ossibus in terra iacentibus exsurgentes,
ex quibus plurima grana decidunt. Adagium nullum adscribitur. Sunt triginta très quaterniones (a—z
A—K), nulli liminares separatim notati, paginae 523. In fine, intra figuram ligno incisam quae pofticum
cum cariatidibus repraesentat, legitur: Achevé d'imprimer ce onzième d'Octobe [sic] M. D. LXIII. Praemittitur
praefatio Badii quam tibi iam proponimus:
A l'Eglise de Geneve Conrad Badius desire grace et paix par Iesus Christ nostre Seigneur.
Ce seroit une chose grandement à désirer, o petit troupeau, pour lequel le Prince des Pasteurs a
donné sa vie, que tous ceux, qui auiourd'huy font profession de VEvangile, fussent tellement unis en foy, qu'il
n'y eust plus qu'un mesme langage et un mesme sentiment. Quand ie di un mesme langage, i'enten celuy de
Chanaan, au sens que le Prophète Isaie en parle: c'est à dire qu'il y eust un tel consentement en la vraye
religion que tous differens assopis on ouist une saincte harmonie de leurs bouches, louans Dieu en son Fils
Iesus Christ, tous d'un accord mélodieux. Mais quoy? Au lieu de s'entreprendre la main, et dire: Montons
à la montagne du Seigneur, à la maison du Dieu de Iacdb, et il nous enseignera ses voyes, et nous
cheminerons en ses sentiers, une grand part auiourd'huy s'efforce de rompre ceste union, semans par Vartifice
de Satan plusieurs troubles en la Ghrestienté, voire sur le poind de nostre foy qui nous devroit estre le plus
clair et résolu: i'enten touchant la Cène du Seigneur. Quant au different que pour icélle la vraye Eglise a
eu de long temps, et a encores pour le present avec les Papistes, il est maintenant, graces à Dieu, si esclairci
par tant de saincts escrits qui se lisent par le monde, qu'ils n'ont plus que faire sinon de s'aller cacher et
rougir de leur confusion : car la turpitude de leur farce de Messe, ou plustost tragédie sanglante, est si descouverte,
et Vasnerie de leur transsubstantiation si evidente, leur avarice et traffique tellement déclarée, que nul
de ceux qui ont tant soit peu leu es sainctes Escritures, et sont conduits de VEsprit de Dieu, n'y peut estre
abusé. Mais ce que ie deplore à present et dont ie vous fay ma complainte, c'est qu'en la bergerie mesme du
Seigneur, et en ses parcs, Satan a bien sceu faire breche: voire et y est entré par la loge de saincte et sacrée
union, à sçavoir la Cène du Seigneur, laquelle est la vraye conionction du Chef avec ses membres. Car Iesus
Christ se', communique là tellement à nous qu'il se fait nostre, habitant en nous, et nous en luy: non pas
charnellement, ains par la vertu de la foy et de son sainct Esprit. Et à quoy nous ramené Vusage de ce
Sacrement sinon à ce que, cognoissans que nous sommes tous rachetez d'un mesme pris, à sçavoir du corps