volumes xlix. - Archive ouverte UNIGE
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685 SUR L'EPITRE AUX CORINTHIENS. 686<br />
et que cela nous suffise: car il est assez sage pour<br />
nous deolarer ce qui est bon et iuste: et n'imaginons<br />
point une perfection plus haute que celle qui est<br />
contenue en la Loy; car c'est un blaspheme diabolique:<br />
et neantmoins nous voyons comme le<br />
monde y a procédé, et encores auiourd'huy on en<br />
verra plusieurs endurcis en ceste fantasie infernale,<br />
qui veulent avoir leurs devotions, et s'y tenir. Tant<br />
y a que Dieu reiette tout cela, et nous monstre<br />
qu'il s'est réservé l'authorité de monstrer ce qui<br />
estoit bon. Ainsi tenons nous simplement à la Loy,<br />
et notons bien que sainct Paul non sans cause dit<br />
ici qu'il ne veut point mettre les consciences en<br />
servitude, et faire des scrupules, comme si une<br />
chose n'estoit point licite. Notons donc que l'usage<br />
des viandes, puis qu'il nous est permis de Dieu ne<br />
peut estre condamné des hommes.<br />
Or combien que ceste doctrine ait son estendue<br />
plus au long et au large, tant y a que l'espèce que<br />
touche ici S. Paul, mérite bien d'estre notée: car<br />
nous voyons quelle superstition il y a eue quant<br />
aux viandes comme elle demeure encores en la<br />
Papauté. On cuidera servir Dieu en s'abstenant<br />
de manger chair au vendredi, gardant une veille de<br />
feste, faisant caresme. Cependant si on regarde,<br />
qui a inventé cela, ce sont les hommes, voire avec<br />
une audace diabolique, quand sur peine de péché mortel<br />
ils ont défendu qu'on ne mangeast point de chair<br />
en un tel iour. Et qui leur a donné ceste licence?<br />
car ils ne sQauroyent pas créer une mousche. Comment<br />
donc défendront ils de manger d'un boeuf?<br />
Ainsi donc notons ceste doctrine de S. Paul, quand<br />
il nous monstre qu'il nous est licite selon Dieu<br />
de manger de toutes viandes qu'on nous présente.<br />
Et pourquoy? Car la terre est au Seigneur (dit-il)<br />
et la plenitude d'icelle. Il prend ce tesmoignage du<br />
Pseaume vingt quatrième, là où le Prophète n'a point<br />
voulu parler de chair, ne de poisson : mais distinguer<br />
simplement entre l'Eglise de Dieu et le reste des<br />
hommes, et les fils d'Adam : et par comparaison il<br />
veut magnifier la grace que Dieu a fait à tous<br />
fidèles, quand il les a adoptez et recueillis pour<br />
estre de sa maison. Voyla (dit-il) toute la terre<br />
appartient au Seigneur, il a créé en general tous<br />
hommes. Pourquoy maintenant ha il sa montagne<br />
en Sion? Pourquoy est ce qu'il y a un peuple<br />
séparé qui l'adore, reclame son Nom, et luy est<br />
sanctifié? Nous voyons que cela ne vient point de<br />
nature, mais qu'il le faut attribuer à une bonté<br />
gratuite de Dieu: car autrement nous serions semblables<br />
à tout le genre humain, et nostre condition<br />
seroit du tout pareille: veu que nous sommes tous<br />
de nature maudits et prophanes. Dieu donc nous<br />
pourroit à bon drôict tous reietter: Et ainsi cognoissons<br />
une bonne admiration de Dieu, de ce qu'il<br />
luy a pieu nous choisir à soy. Yoyla l'intention<br />
du Prophète. Maintenant sainct Paul applicque ce<br />
tesmoignage à son propos : et non sans cause. Car<br />
le Prophète a usé de ce mot de Plenitude, pour<br />
monstrer et signifier, que tant les hommes que tout<br />
le reste des biens dont le monde est rempli, est à Dieu.<br />
Or on peut recueillir de ceste sentence que puis que le<br />
tout est à Dieu, il n'y a rien donc de poilu. Et ainsi les<br />
hommes pourront user des viandes, voire sçachans à<br />
quelle fin et usage Dieu les a ordonnées: c'est que<br />
nous en soyons nourris et sustentez. Par ce moyen<br />
nous voyons que sainct Paul n'a point abusé des<br />
mots du Prophète, mais a monstre que vrayement<br />
il nous est licite de recevoir ce qui nous est offert<br />
de Dieu, et dédié à nostre nourriture. Et pourquoy?<br />
Car l'autheur sanctifie le tout: c'est àsçavoir<br />
Dieu, de la main duquel tout bien procède, et lequel<br />
nous monstre qu'il n'y a nulle de ses creatures<br />
qui ne nous soit bonne. Si on allègue là dessus<br />
que nous sommes maudits en Adam: la response<br />
est facile: car sainct Paul adresse son propos aux<br />
enfans de Dieu qui sont remis en la possession de<br />
laquelle nous tous, entant qne nous sommes enfans<br />
d'Adam, avons esté déboutez. Il est dit au Pseaume<br />
huitième, que Dieu avoit tout assubieti à l'homme.<br />
Tant y a neantmoins que maintenant nous ne<br />
méritons pas de manger une seule miette de pain,<br />
ne boire une goutte d'eau. Car il dit que c'est<br />
l'héritage des enfans de Dieu, que de iouir de tous<br />
les biens qu'il a créez : et nous sommes bannis de<br />
sa maison, nous sommes désavouez de luy, tellement<br />
qu'il ne repute pas que nous soyons dignes<br />
d'estre nourris entre les creatures. Il faudroit donc<br />
que nous fussions privez de tous biens. Et de faict,<br />
il est vray que telle est nostre condition à cause<br />
de la corruption qui est en nous par le péché<br />
d'Adam : mais ce tesmoignage là est applicque à la<br />
personne de nostre Seigneur Iesus Christ, d'autant<br />
qu'il nous a restituez en la iouissance dont il est<br />
là parlé. Ainsi en ce passage, non sans cause<br />
sainct Paul dit que tout est licite aux fidèles, pour<br />
ce qu'ils sont restablis par le moyen et par la grace<br />
de nostre Seigneur Iesus Christ, à ce qu'ils puissent<br />
boire et manger pour leur nourriture, cognoissans<br />
qu'en cela Dieu se monstre leur Père, et qu'il<br />
ratifie l'adoption qu'il a faite d'eux, c'est ce que<br />
nous avons à noter en ce passage.<br />
Maintenant donc nous voyons que quand il est<br />
question de boire et de manger, il ne faut point<br />
s'amuser à ce que les hommes ont déterminé ou<br />
iugé: car il n'est pas en eux de nous imposer aucune<br />
loy, ne de nous mettre ioug ou fardeau sur<br />
le col: contentons nous d'obéir à nostre Dieu, et<br />
de ne rien usurper outre son vouloir et congé.<br />
Mais quand il nous permet ceci et cela, cognoissons<br />
que le tout nous est licite. Et pourquoy? Nous<br />
avons bon guarant, puis que la liberté que nous<br />
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