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PSC 10-08 - FSP

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Photo: Elena Martinez<br />

17<br />

La psychologie légale permet d’aborder cette problématique<br />

à cheval entre le social, le juridique et le psychologique.<br />

Qui est touché par la détention ?<br />

Quand nous pensons à la prison, nous imaginons les<br />

hommes et les femmes qui sont détenus, qui ont dépassé<br />

les limites imposées par notre société. Or, directement<br />

touchées par notre système de répression, il y<br />

a les nombreuses familles de détenus. Il n’y a que très<br />

peu de chiffres quant au nombre de personnes touchées<br />

par la détention d’un proche. Le manque de statistiques<br />

et de recherches académiques à ce sujet est<br />

déjà un signe de la non-prise en compte de la spécificité<br />

de ce groupe particulièrement vulnérable de notre<br />

société.<br />

Nous savons que, dans l’Union européenne, 800’000<br />

enfants sont concernés par la détention d’un de leurs<br />

parents. En Suisse, aucun chiffre n’existe, mais on peut<br />

extrapoler que cela concerne des milliers d’enfants et<br />

d’adultes, en sachant qu’il y aujourd’hui environ 6’700<br />

personnes en détention et que chacune a des parents,<br />

peut-être des enfants, des amis, des collègues…<br />

Le choc de l’incarcération<br />

La première réaction lors de l’arrestation d’un membre<br />

de la famille est principalement le choc ou la stupeur<br />

(1). L’incompréhension, les doutes, parfois la révolte ou<br />

encore le déni sont fréquents dans cette première phase.<br />

Certains proches se retrouvent dans un profond désarroi:<br />

comment décrypter les informations reçues, qui<br />

croire ?<br />

Suite à ce choc, les membres des familles de détenus<br />

développent souvent des symptômes dépressifs et anxieux.<br />

Certaines familles sont réellement traumatisées<br />

par l’arrestation – qui a parfois eu lieu au domicile<br />

ou sous leurs yeux – et par l’incarcération de leur<br />

proche. Elles sentent alors une certaine confusion et<br />

un très fort sentiment d’impuissance. Cela est encore<br />

plus prégnant lorsqu’il y a une couverture médiatique<br />

importante. Comment continuer à vivre normalement<br />

lorsque les manchettes des journaux font leurs gros titres<br />

sur votre frère, décrit comme «l’abuseur sexuel de<br />

Nyon», ou quand votre femme est décrite comme «la<br />

mythomane meurtrière» ?<br />

Un des besoins principaux est celui d’être informé de<br />

manière correcte et neutre (2), sur le déroulement de la<br />

procédure pour la personne détenue et sur la manière<br />

de pouvoir maintenir un lien. A Genève, une expérience<br />

pilote a lieu depuis 2004, avec la mise sur pied d’un<br />

lieu d’accueil, d’écoute et d’information devant les portes<br />

de la prison préventive de Champ-Dollon. Il s’agit<br />

d’offrir à toute personne venant en visite un espace indépendant<br />

et confidentiel pour mettre en mots ce qui<br />

lui arrive.<br />

Les familles de détenus vivent très souvent dans le secret:<br />

pour ne pas être stigmatisées, pour ne pas être jugées,<br />

pour protéger la personne incarcérée, les familles<br />

vont inventer des alibis. «Mon mari a dû partir pour son<br />

travail à l’étranger quelques mois; ma fille est hospitalisée;<br />

mon père est allé voir une vieille tante malade pour<br />

quelques jours…» Ces secrets enferment les familles<br />

dans une importante et pesante solitude. Parfois cette<br />

solitude est subie, les proches étant rejetés par leur entourage,<br />

comme si la délinquance était contagieuse…<br />

Il est primordial de pouvoir accompagner les familles<br />

dans ces premiers moments et évaluer la nécessité<br />

d’une prise en charge spécifique le cas échéant.<br />

L’anxiété est liée à l’incertitude face au futur: combien<br />

de temps va-t-il rester en détention ? Comment allonsnous<br />

nous retrouver ? Que se passera-t-il lors du<br />

procès ? Mais elle est aussi en lien avec les conditions<br />

de détention du proche ainsi que les conditions de vie<br />

de la famille.<br />

En effet, dans certaines situations, la détention amène<br />

un risque très important de précarisation. Une femme<br />

se retrouve seule avec ses enfants, par exemple, le revenu<br />

principal derrière les barreaux: elle doit recommencer<br />

à travailler, faire garder ses enfants. Bref, c’est un<br />

immense changement au quotidien.<br />

La détention d’un proche est une réelle crise pour l’entourage.<br />

Un étayage est alors nécessaire parfois pour<br />

faire face.<br />

L’association propose des entretiens psychothérapeutiques,<br />

ainsi qu’une permanence téléphonique anonyme<br />

et gratuite (<strong>08</strong>00 233 233).

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