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PSC 10-08 - FSP

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nent comme un rappel du tiers. Comme le souligne Laplanche<br />

[1]: «Si vous supprimez cette référence qui dépasse<br />

l’individu, vous supprimez la justice.[…] Si l’on<br />

s’en tient au niveau de la matérialité, de la souffrance,<br />

rien ne justifie qu’on vienne ajouter au crime un autre<br />

mal, une autre souffrance – celle qu’on impose au criminel.<br />

[…] Or cette objection si puissante ne peut être dépassée<br />

que par la référence à un autre niveau, celui de la<br />

loi. La peine, dit fortement Hegel, n’a de sens que si elle<br />

abolit symboliquement le crime.» Ce que, en d’autres termes,<br />

exprime Legendre: «Le juge vient séparer l’assassin<br />

de son crime.»<br />

Conclusion<br />

La justice est donc un ordre culturel qui institue dans<br />

la société la séparation et l’ordonnancement des places<br />

compris comme la distance sociale d’un individu à<br />

l’autre, d’un groupe à l’autre, le respect, la reconnaissance<br />

des droits, le pacte. La séparation est bonne et<br />

nécessaire: elle sert au dialogue entre deux sujets distincts<br />

et de tremplin à la communauté. La sanction légitime<br />

dont les détenus sont l’objet témoigne que le<br />

groupe social les reconnaît comme ses membres et<br />

les appelle à une réconciliation sereine. En cela, nous<br />

avons défendu la subjectivité de la personne incarcérée<br />

et la nécessité de la considérer dans sa totalité et sa<br />

responsabilité. C’est du lieu de cette subjectivité que la<br />

peine peut trouver son sens. La personne se comprend<br />

par le changement: ce qui rend chacun unique et insubstituable,<br />

c’est qu’il a une histoire et qu’elle n’est jamais<br />

achevée. Il s’agit alors d’accompagner et de soutenir<br />

le condamné à être responsable et acteur de sa<br />

propre histoire et non de formater, de normaliser, pour<br />

réinsérer. Relançons le débat sur le sens de la peine<br />

privative de liberté avec cette citation de Plichard et<br />

Golse: la peine «est là pour réparer le symbolique, plus<br />

exactement pour le redire, après que délit ou crime l’ont<br />

dénié. Elle réinclut celui qu’elle frappe dans le symbolique<br />

social. La peine n’est pas faite pour s’insérer, se réinsérer<br />

au sens socio-technique du terme. Elle est encore<br />

moins faite pour se soigner. Si la peine sert à quelque<br />

chose c’est par surcroît. C’est la prison qui permet ou qui<br />

empêche – si elle est trop pathogène – ce surcroît.»<br />

Christine Gafner<br />

Bibliographie<br />

1. Foucault, M. (2001). L’angoisse de juger (1977).<br />

In D. Defert & F. Ewald (sous la dir.), Dits et écrits II.<br />

Paris: Gallimard.<br />

2. Garapon A., Gros, F., & Pech, T. (2001). Et ce sera justice:<br />

punir en démocratie. Paris: Odile Jacob.<br />

3. Golse, A., & Plichard, P. (1998). Psychiatrie en prison:<br />

une clinique aux limites. In «Prisons: entre oubli et réformes»,<br />

Mana. Revue de sociologie et d’anthropologie, 5.<br />

4. Kaës, R. et al. (1987). Réalité psychique et souffrance<br />

dans les institutions. In L’institution et les institutions.<br />

Paris: Dunod.<br />

5. Legendre, P. (1989). Le crime du caporal Lortie. Traité<br />

sur le père. Paris: Flammarion.<br />

6. Legendre, P. (1985). Leçons IV. L’inestimable objet de la<br />

transmission. Etude sur le principe généalogique en Occident.<br />

Paris: Fayard.<br />

L'auteure<br />

Christine Gafner est psychologue à l’Institut Maïeutique,<br />

hôpital de jour psychiatrique à Lausanne. Elle suit actuellement<br />

une formation en expertises psycho-judiciaires<br />

pour enfants et adolescents à l’Institut universitaire Kurt<br />

Bösch à Sion.<br />

Elle est l’auteure de La prison en question(s). Soigner et<br />

punir. Le souci de l’autre en sursis ?, Travaux de l’Institut<br />

de Psychologie, Université de Lausanne, 2005.<br />

Adresse<br />

Christine Gafner, Route de Sembrancher 31,<br />

1941 Vollèges<br />

E-mail: chgafner@sunrise.ch<br />

Zusammenfassung<br />

In ihrer Lizentiatsarbeit beschäftigt sich Christine Gafner,<br />

Psychologin <strong>FSP</strong>, mit der Frage über Sinn und<br />

Zweck der Bestrafung und der Betreuung in den Gefängnissen.<br />

Auch wenn das Gefängnis als allgemeines Bestrafungsmittel<br />

dient, bleibt es doch für die einzelnen<br />

Betroffenen unerträglich. Dennoch ist die Strafe das<br />

einzige Mittel, die fürchterliche Spirale von Rache und<br />

Gewalt zu durchbrechen. Die Freiheitsstrafe muss<br />

dabei in einem angemessenen Verhältnis zum begangenen<br />

Delikt stehen.<br />

Die Autorin erörtert in ihrem Artikel verschiedene Aspekte,<br />

insbesondere juristische, und liefert Schlüsselelemente<br />

zum Verständnis von Sinn und Zweck der<br />

Strafe für die bestrafte Person. Sie spricht sogar von<br />

einem Recht auf angemessene Bestrafung.<br />

Letztlich ist die Justiz ein kulturelles Ordnungssystem,<br />

das innerhalb der Gesellschaft Spielregeln etabliert,<br />

verstanden als eine Art ideale soziale Distanz zwischen<br />

Individuen und Gruppen, gestützt durch gegenseitigen<br />

Respekt und die allgemeine Anerkennung der Gesetze.<br />

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