PSC 10-08 - FSP

dividuels pour chacun et périodiquement des rencontres
entre tous les membres de la famille. Il s’agit à notre
sens d’un réel travail de prévention.
Un réseau européen se développe pour soutenir les enfants
de détenus (www.eurochips.org) et il est primordial
que cela se développe en Suisse. Carrefour Prison
développe sa prise en charge depuis de nombreuses années
et, en 2008, nous avons mis sur pied un service de
médiation des parloirs, permettant aux enfants de rencontrer
leur parent incarcéré accompagné d’un intervenant
de l’association. Cela permet de maintenir et développer
ce lien de manière adéquate et constructive.
La fin de la peine
La fin de la détention n’implique pas la fin des difficultés.
Ce sont de nouveaux défis à affronter pour l’ensemble
de la famille. Alain Barde, fondateur de l’association
Carrefour Prison disait: «La vraie prison commence à
la sortie.» Pour que les termes de resocialisation et de
réinsertion prennent tout leur sens dans la pratique, il
est nécessaire de développer un soutien particulier pour
ces familles. Accueillir une personne après des années
de détention est un réel défi. La fatigue du détenu rencontre
la fatigue de la famille, et les attentes sont très
élevées de part et d’autre. «Il faudra réapprendre à vivre
avec les enfants, ce sera un nouveau départ… Mon mari,
c’est devenu un vrai homme de ménage ! Il faudra surtout
apprendre à vivre avec le dernier… J’ai peur de paniquer,
de ne pas être à la hauteur. C’est pour cela que
j’ai demandé un suivi par un psy à la sortie.» (Ricordeau
(6), p. 187). Une prise de couple et de famille permet
alors d’éviter certains écueils.
Sortir les familles de l’ombre, c’est assumer notre rôle
citoyen et permettre à ces personnes de fonctionner à
nouveau comme membres à part entière dans notre société.
L’aide psychologique et sociale spécifique permet
de désamorcer certains conflits, et amène chaque
membre à trouver ou retrouver une place au sein de sa
famille.
Viviane Schekter
Eliane Hauri
Bibliographie
(1) Lafortune, D., Barette, M., et al. (2004). Un père incarcéré:
facteur de risque ou de protection pour les enfants ?
Forensic (n° spécial Psychiatrie et Violence), 4 (2), 15–22.
(2) Ayre, L., Philbrick, K., & Reiss, M. (Eds) (2006). Children
of Imprisoned Parents: European Perspectives on
Good Practice. Paris: Eurochips.
(3) Bouregba, A. (Dir). (2006). Le droit de l’enfant et les
conventions internationales et européennes. In Les liens à
l’épreuve du pénal. Ramonville: Eres.
(4) Hauri, E. (2007). L’enfant de détenu: quels droits ?
Schweizer Bulletin der Kinderrechte, 13 (2).
(5) Schekter, V., Granzotti, E., & Hauri, E. (2006). Parentalité
et détention. Revue Suisse de Criminologie, 2, 47–50.
(6) Ricordeau, G. (2008). Les détenus et leurs proches.
Paris: Autrement.
Les auteures
Viviane Schekter, psychologue FSP, travaille depuis 12
ans dans le milieu carcéral. Elle dirige depuis plusieurs
années l’association Carrefour Prison à Genève. Par
ailleurs, elle enseigne au Centre Suisse de Formation
pour le Personnel Pénitentiaire à Fribourg.
Eliane Hauri est la coordinatrice de l’association Carrefour
Prison depuis 2005. Elle gère les contacts avec les
familles de détenus et les accueillants bénévoles, ainsi
que la recherche de fonds. Elle a une grande expérience
du milieu associatif.
Adresses
Viviane Schekter, Eliane Hauri
Carrefour Prison, 10, rue de la Madeleine, 1204 Genève
Tél: 022 310 55 51
www.carrefour-prison.ch
info@carrefour-prison.ch
Indépendante et professionnelle, Carrefour Prison est
une association qui offre en toute confidentialité de l’information,
un soutien psychologique et un accompagnement
dans les démarches sociales aux proches de détenus.
Permanence téléphonique gratuite, pour les familles
et les proches de détenus: 0800 233 233.
Zusammenfassung
Spricht man vom Gefängnis, denkt man zumeist an
die gefangenen Frauen und Männer und vergisst dabei
die zahlreichen, vom Strafsystem betroffenen Familien
und insbesondere die Kinder der Inhaftierten.
Viviane Schekter und Eliane Hauri gehören beide zur
«Association Carrefour Prison» in Genf und befassen
sich in ihrem Artikel mit dieser Problematik. Tatsächlich
befinden sich diese Kinder in einer Ausnahmesituation,
die einen speziellen Umgang erfordert. Die für die
Kinder frühen Trennungen können drei Typen von
Problemen zur Folge haben: Identitätskrisen, Schwierigkeiten,
die mit dem Ambivalenzkonflikt zusammenhängen,
sowie psychosoziale Probleme.
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