Inhaltsverzeichnis/Table des matières - Dr. Dieter Winkler Verlag

Tolérance : Joseph II
JEAN BÉRENGER
Après un siècle de Contre-réforme militante, Marie-Thérèse(1740-1780) avait
pris des initiatives qui transformèrent la vie religieuse de la Monarchie autrichienne
et qui ouvrirent la voie à la patente de tolérance de 1781. L’Autriche
s’est alors ouverte progressivement aux grands courants de pensée européens,
français et anglais, mais aussi allemands et italiens. D’une manière générale, la
pensée critique a pris le pas sur le respect de la tradition, telle qu’on l’avait enseignée
à l’époque de la Contre-réforme.
Mais si Marie-Thérèse, qui demeurait fidèle aux conceptions de la
Contre-réforme en matière confessionnelle, avait dû accepter les textes constitutionnels
de la Hongrie 1 et de la Transylvanie 2 , elle était déterminée à consolider
le Catholicisme dans la Monarchie. Elle n’aimait pas les Protestants plus ou
moins clandestins qui vivaient dans certaines contrées montagneuses des Pays
héréditaires. C’est pourquoi elle s’est toujours refusée jusqu’en 1778 à accorder
la moindre liberté de culte aux minorités protestantes. Elle a même fait déporter
en Transylvanie des hérétiques récalcitrants – par exemple un groupe de près de
200 protestants en 1773. 3 Dans le même esprit, elle a interdit aux membres de la
commission de censure de laisser entrer des livres protestants sauf cas exceptionnel.
4 Pourtant les Pays héréditaires (en particulier la Moravie) hébergeaient
des minorités protestantes, qui connaissaient un « réveil » remarquable depuis
1720, qui se manifestait par l’existence de prédicateurs itinérants et la pratique
de services religieux en plein air.
Joseph II avait d’autres conceptions que sa mère mais c’est seulement
après la période de co-régence (Mitregentschaft), qui dura 15 années, de 1765 à
1780, qu’il put mettre en pratique ses conceptions. 5 Son précepteur Christian
August Beck lui avait enseigné le droit naturel et lui avait appris que la tolérance
civile était une nécessité, par respect pour les hommes qui avaient délégué le
pouvoir au souverain. Le problème de la tolérance confessionnelle le préoccupait
1 Jean BÉRENGER, Tolérance ou paix de religion en Europe centrale? (1415-1792), 1 vol. 282 pages.
Paris, Honoré Champion, 2000, « La reconquête catholique & ses limites : la Hongrie »,
pp. 207-220.
2 Jean BÉRENGER, Tolérance ou paix de religion (comme note 1) : « La tolérance religieuse en
Transylvanie », pp. 133-148.
3 BUCHINGER, Die « Ländler » in Siebenbürgen, pp. 319-336, cité par Derek BEALES, Joseph II,
t. 1, In the shadow of Maria-Theresia 1741-1780. Cambridge U.P. 1987, p. 466, note 90.
4 Grete KLINGENSTEIN, Staatsverwaltung und kirchliche Autorität, 1 vol. Vienne, 1978, p. 202.
5 Derek BEALES, Joseph II (comme note 3), pp. 465-473.