Inhaltsverzeichnis/Table des matières - Dr. Dieter Winkler Verlag

Ist „Kaiser Joseph (…) dieser Bühne Beschützer“ ?
Le théâtre à Vienne : bilan d’une réforme joséphiste
TRISTAN COIGNARD
La mesure qui éleva le Burgtheater au rang de « scène nationale » en 1776 devint
le symbole d’une volonté politique de concilier les progrès des Lumières et les
aspirations patriotiques des Allemands. Dans le Gothaischer Theaterkalender, on
rend, dès 1778, un vibrant hommage aux efforts de Joseph II dans ce domaine :
« L’empereur Joseph est le protecteur de cette scène. Rien n’échappe à son attention
et à ses soins. Le monarque est convaincu qu’une bonne scène nationale a
une influence très profonde et importante sur le caractère et les mœurs d’un peuple.
Des acteurs qui font preuve de talent et d’une grande perfection dans leurs
rôles honorent la scène viennoise. Les auteurs de bonnes pièces originales sont
récompensés de manière digne. Il n’y a pas de scène allemande où l’ordre moral
est mieux respecté. Le bon goût veille sur le choix des pièces, la censure sur les
bonnes mœurs. » 1
L’auteur de cet éloge souligne que le Burgtheater sous Joseph II est devenu
non seulement une institution destinée à promouvoir l’exemplarité morale et
l’éducation des sujets, mais qu’il a également réussi à s’imposer comme un haut
lieu de la culture allemande. Selon ce contemporain, l’entreprise de réforme, attribuée
à Joseph II, visait à améliorer le théâtre et à le rendre autonome. Le fait
que l’aspiration au contrôle de l’institution entre en conflit avec la promesse de
liberté révèle le caractère problématique de la réforme. Il est par conséquent nécessaire
de soumettre le projet à un examen critique pour mieux comprendre la
conception du pouvoir que défend Joseph II.
Les réactions positives qu’a suscitées la réforme auprès de nombreux
contemporains se limitaient souvent au constat d’une mise en adéquation du
théâtre avec l’esprit des Lumières, que, parmi les souverains allemands, seul Joseph
II aurait réalisée. Pour dresser un bilan du joséphisme dans le domaine de la
culture, on ne saurait se contenter de cette perspective. Il convient en effet de la
compléter en insistant sur les conséquences de la réforme et sur le jugement des
1 Gothaischer Theaterkalender auf das Jahr 1778, p. 125 : « Kaiser Joseph ist dieser Bühne Beschützer.
Seiner Aufmerksamkeit und Sorgfalt entgeht nichts. Der Monarch geht von der Überzeugung
aus, dass eine gute Nationalbühne einen sehr nahen und wichtigen Einfluss auf Charakter
und Sitten eines Volkes habe. Schauspieler von Talent und großer Vervollkommnung in
ihren Rollen zieren die Wiener Bühne. Den Verfassern guter Originalstücke ist eine ehrenvolle
Belohnung sicher. Auf keiner deutschen Bühne wird der Anstand besser beobachtet. Über die
Wahl der Stücke wacht der Geschmack, über die Sittlichkeit die Zensur. »