SJf_Wettbewerbs_Broschüre_2007 - Die Goldene Sonne am Calanda

Le Panorama, une image de l’histoire au XIX e siècle: l’exemple de la bataille de Morat
Il est surprenant de constater à quel point une invention peut marquer une époque puis passer
de mode. Les panoramas sont l’une de ces inventions: de gigantesques toiles hyperréalistes,
exposées à 360° et peintes en trompe-l’œil, destinées à créer un sentiment d’illusion pour les
spectateurs. Leur existence coïncide presque parfaitement avec le XIX e siècle, rencontrant un vif
succès avant de disparaître presque complètement.
L’étude des panoramas permet une lecture analytique de l’époque, pour laquelle ils constituent
une sorte d’image de l’histoire. Pour procéder à cette lecture, il est nécessaire de comprendre
les enjeux de production d’un panorama: il ne s’agit pas de l’œuvre d’un seul artiste mais du résultat
d’un travail d’équipe. Peinture hyperréaliste, sa création commence par une sérieuse documentation,
avant une minutieuse réalisation. Il faut ensuite disposer d’un bâtiment spécialement
conçu pour l’exposition du panorama: la rotonde.
Par conséquent, les coûts de production et d’exploitation des panoramas sont très élevés, rendant
nécessaire la contribution d’investisseurs qui misent sur la réalisation d’un important bénéfice.
A cette fin des stratégies de marketing sont mises en place, créant les prémices de
l’industrie du spectacle moderne. Les artistes ne choisissent pas librement le sujet de leurs panoramas:
ceux-ci sont conçus dans le but d’attirer un public ciblé. On met en scène ce qui intéresse
le spectateur du XIX e siècle, ce qui tend à prouver que les panoramas constituent un art
représentatif des préoccupations et mentalités de l’époque et du lieu de leur création.
L’étude des thèmes les plus fréquents dans les panoramas révèle une forte propension pour les
batailles historiques. Les Européens exploitaient leurs victoires ou exorcisaient leurs défaites,
permettant aux spectateurs de voir, par exemple, les fronts de la guerre de Crimée ou encore
celle de 1870–1871. Le panorama se fait ainsi reporter de guerre, il se pose en vecteur
d’information grâce à son hyperréalisme tout en amplifiant et diffusant des messages à caractère
nationaliste. Ces caractéristiques le font apparaître comme le premier des médias destinés
à grand public.
Afin d’illustrer notre propos, nous avons eu recours à un exemple concret: le panorama de la
Bataille de Morat. Inauguré à Zurich en 1894, il se différencie des autres panoramas européens,
en ce sens qu’il dépeint une bataille médiévale. Le mettre en relation avec les autres panoramas
suisses de l’époque, ainsi qu’avec diverses manifestations telles que la fête commémorative de
la bataille de Morat en 1876 permet de dégager une analyse de la situation politique et culturelle
en Suisse à la fin du XIX e siècle: une période marquée par une volonté politique de fédéralisme,
recherchant l’unification nationale dans un mythique passé commun, le passé récent étant marqué
par des guerres intestines.
Geschichte / Geografie / Gesellschaft
Arnaud Besson
2000 Neuchâtel
1988
Lycée Denis-de-Rougemont Neuchâtel
Appréciation
En abordant la question des panoramas,
Arnaud Besson a fait preuve d’originalité
et d’audace. Au-delà de ce que ces gigantesques
toiles dévoilent aux spectateurs
ébahis du 19 e siècle, l’auteur a su
mettre en évidence de manière claire et
nuancée les enjeux économiques, politiques,
culturels et financiers inhérents à
la conception, à la réalisation et à
l’exploitation des panoramas. Son approche
démontre notamment que les panoramas
ont posé les premiers jalons d’une
socité de l’image telle que nous la connaissons
aujourd’hui.
Mention
Très bien
Expert
Régis Huguenin
Université de Neuchâtel,
Institut d’Histoire, Neuchâtel
29