october-2011
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animée dans la cuisine ou en train de fumer sur la<br />
terrasse. Pourtant, ce soir les lumières tamisées laissent<br />
la place à des spots éclairant les photographies exposées,<br />
de manière légèrement incongrue mais attirante, dans le<br />
séjour de l’appartement : sur une bibliothèque, pendues<br />
par des fi ls à une poutre ou posées sur un chevalet.<br />
Au milieu de ses œuvres, vêtu d’un t-shirt jaune, se<br />
tient l’artiste Rémi Chapeaublanc. Il s’agit de la seconde<br />
expérience de ce type pour cet artiste de 27 ans. Cela se<br />
voit à son aisance face à la vingtaine d’invités, auxquels<br />
il explique son travail avec patience et enthousiasme.<br />
Il s’agit d’une série de portraits en diptyque intitulés<br />
Touriste et pris durant un voyage de trois mois au Népal.<br />
« Cette série rappelle au spectateur la façon dont il<br />
aborde les gens de manière inconsciente. La première<br />
image », explique-t-il en désignant la photo de droite<br />
du diptyque, « présente la personne lorsque je l’ai<br />
rencontrée, c’est-à-dire dans son environnement, avec<br />
la surprise et l’instantanéité que cela peut produire<br />
sans la maîtrise d’aucun paramètre. La seconde image,<br />
à gauche, posée et travaillée, met cette fois la personne<br />
en condition pour une confrontation avec le spectateur.<br />
Le plus souvent cette prise de vue a été faite au domicile<br />
du sujet que j’ai aveuglé avec une lampe de camping.<br />
Elle représente l’interrogatoire parfois gênant que peut<br />
provoquer cette rencontre.»<br />
« Rencontres », « confrontation » et « surprise » sont<br />
également omniprésents dans le discours de Sellah<br />
et de Chris Alidor, frère et sœur à la tête du collectif<br />
FROM PARIS. Leur projet Expos à la maison est né de<br />
la constatation que de nombreux Parisiens se sentent<br />
coupés du monde de l’art. « La culture peut coûter cher à<br />
Paris. Les gens ne sortent plus, déclare Chris, 29 ans. Au<br />
lieu de rester aff alés sur un canapé à zapper, nous leur<br />
proposons de la culture gratuite à domicile. »<br />
« C’est l’occasion de vivre la culture et de la rendre plus<br />
conviviale, grâce à des rencontres fortuites entre l’artiste<br />
et l’hôte, ainsi que l’artiste et les invités. Les soirées sont<br />
également fi lmées et postées sur notre site web afi n que<br />
l’expérience puisse être partagée avec un maximum de<br />
gens », ajoute la chanteuse montante Sellah.<br />
Formée comme médiateur artistique, elle sélectionne<br />
les artistes et les appartements de chaque édition.<br />
Mais la rencontre n’a lieu que le soir de l’événement,<br />
pour un eff et de surprise délibéré. « Je travaille comme<br />
graphiste dans la pub, dit Chris. Je voulais trouver la<br />
meilleure façon de faire du buzz autour de l’événement<br />
et maintenir du suspens tout en m’assurant que tous<br />
les invités répondent à l’invitation. Nous promouvons<br />
l’évènement en ligne mais l’hôte ne connaît l’artiste<br />
qu’au dernier moment et vice versa. Le lieu est<br />
également inconnu de l’artiste. » « C’est une vrai prise<br />
de risque pour les deux parties. L’artiste est hors de<br />
son environnement habituel et l’hôte ouvre ses portes<br />
à l’inconnu. Ils sont confrontés l’un à l’autre, renchérit<br />
Sellah. Bien entendu, nous évitons les œuvres pouvant<br />
choquer la sensibilité de l’hôte… »<br />
Ben semble plus que satisfait de l’expérience. « La<br />
Above and<br />
left : guests<br />
enjoying Ben<br />
Mangien’s<br />
fi rst art<br />
“show”<br />
Ci-dessus et à<br />
gauche:<br />
Les invités<br />
au premier<br />
“vernissage”<br />
chez Ben<br />
Magnien<br />
metropolitan 71