giulio cesare - Naxos Music Library
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<strong>giulio</strong> <strong>cesare</strong><br />
par olivier rouvière<br />
Onzième des trente-six opéras composés en Angleterre par Haendel, Giulio Cesare (1724) a toujours<br />
compté parmi les plus prisés. Le compositeur le reprit lui-même fréquemment – en 1725, 1730 et<br />
1732. Près de deux cents ans plus tard, en 1922, il fut le second de ses ouvrages (après Rodelinda) à<br />
renaître des cendres de l’oubli, devant le public du Festival de Göttingen, dans la version (très révisée)<br />
d’Oskar Hagen. Depuis, son succès ne s’est plus démenti.<br />
À quoi doit-on l’attribuer ? À la mise en scène de figures charismatiques, à une intrigue digne d’un<br />
péplum, à la splendeur des airs ? Un peu à tout cela, sans doute ; mais il convient de signaler que<br />
l’apparent équilibre de l’œuvre est davantage celui d’une cathédrale gothique, traversée de forces<br />
contraires, que celui, harmonieux, d’un temple grec, et procède d’une série d’ajustements. Ce en quoi<br />
Cesare reste l’une des partitions les plus baroques de Haendel. Et, peut-être, des moins italiennes.<br />
Cela ne faisait guère qu’une douzaine d’années que le Saxon avait entrepris de convertir les Anglais<br />
aux charmes de l’opéra – un divertissement très éloigné de leur goût naturel, les portant vers les<br />
pièces de théâtre entrelardées d’intermèdes musicaux (à la façon des semi-opéras de Purcell). Outre<br />
que le public britannique ne comprenait pas suffisamment l’italien pour suivre les intrigues développées<br />
dans cette langue, il restait persuadé que la musique ne pouvait accompagner d’autres situations<br />
que surnaturelles, liturgiques ou festives, convenir qu’aux rôles fantastiques ou mythologiques.<br />
Pour lui plaire, Haendel dut dissimuler une adaptation de Torquato Tasso derrière un musical façon<br />
Broadway (Rinaldo, en 1711, séduit davantage par ses fontaines et oiseaux que par sa musique !),<br />
des tragédies lyriques derrière des spectacles de magie (Amadigi, Teseo) ou des pièces de Scudéry<br />
et Corneille derrière des trames de cape et d’épée (Radamisto, Flavio). Comme le démontra le succès<br />
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