19.01.2014 Views

ICMCEUROPE WelcometoEurope.pdf (5.89 MB)

ICMCEUROPE WelcometoEurope.pdf (5.89 MB)

ICMCEUROPE WelcometoEurope.pdf (5.89 MB)

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

42 Autrement dit<br />

mardi<br />

2 avril 2013<br />

rEportAgE Cette cité britannique fait office de ville pilote au sein d’un réseau de communes européennes<br />

qui accompagnent les personnes directement débarquées des camps de réfugiés. Partenaire du programme,<br />

Paris s’intéresse de près aux méthodes expérimentées sur ce territoire pour développer son propre modèle<br />

A Sheffield, des réfugiés guidés<br />

dans leur nouvelle vie<br />

SHEFFIELD (Angleterre)<br />

De notre envoyé spécial<br />

La mairie de Paris veut promouvoir une<br />

nouvelle voie pour accueillir des réfugiés<br />

en France. La capitale est membre, depuis<br />

peu, d’un réseau européen de villes hôtes<br />

baptisé « Share ». Elle s’intéresse en particulier<br />

au modèle de Sheffield, commune<br />

postindustrielle du nord de l’Angleterre<br />

regroupant 550 000 habitants. Le dispositif<br />

« Gateway » y propose sur une durée<br />

de douze mois un accompagnement soutenu<br />

des personnes réinstallées. En<br />

dix ans, 600 réfugiés originaires de République<br />

démocratique du Congo (RDC),<br />

du Liberia, d’Irak, de Birmanie, du Soudan<br />

ou d’Éthiopie ont été réinstallés dans la<br />

ville.<br />

Pierre Ngunda Kabaya, réfugié de la<br />

RDC au Rwanda, est arrivé le 31 janvier<br />

2011 avec sa femme et ses quatre enfants.<br />

Sa famille a été directement logée dans<br />

une des nombreuses maisons de briques<br />

rouges disponibles dans le parc social de<br />

la ville. « Nous n’avions plus d’avenir. Et<br />

puis, du jour au lendemain, tout était là »,<br />

s’exclame le père de famille, passé de<br />

l’insécurité la plus totale à un quartier<br />

tranquille. « Au départ, c’était assez déstabilisant<br />

de vivre dans un logement<br />

équipé, avec des lits préparés, un frigo, une<br />

machine à laver, une gazinière, mais au<br />

bout d’un mois, nous avons pris nos<br />

marques », poursuit-il.<br />

« Au départ, c’était assez<br />

déstabilisant de vivre<br />

dans un logement équipé,<br />

avec des lits préparés,<br />

un frigo, une machine<br />

à laver, une gazinière… »<br />

Le premier mois, le comité local des<br />

réfugiés a rendu visite au ménage pratiquement<br />

tous les jours. C’est tout un apprentissage<br />

qui commence. Il s’agit d’intégrer<br />

le fonctionnement de la maison,<br />

des transports en commun, de donner<br />

accès aux services médico-sociaux et de<br />

l’emploi, de scolariser les enfants, etc. On<br />

ne peut décrocher un travail sans une<br />

bonne maîtrise de l’anglais, spécialement<br />

dans cette période de ralentissement<br />

économique. Pierre Ngunda Kabaya gagne<br />

en aisance chaque jour dans la langue de<br />

Sha kes peare grâce à des cours.<br />

Parfois, la réinstallation bouscule la<br />

cellule familiale. Dans un camp humanitaire,<br />

la vie en collectivité et l’entraide<br />

sont de mise. Il s’agit d’un monde en vase<br />

clos où l’autorité des aînés n’est pas remise<br />

en cause. Au-dehors, cependant, les aspirations<br />

individuelles, celles des jeunes<br />

notamment, ont tôt fait de s’exprimer. À<br />

photos : JEAN-BAptIstE FRANÇoIs<br />

Pierre<br />

Ngunda<br />

Kabaya,<br />

arrivé<br />

le 31 janvier<br />

2011, gagne<br />

en aisance<br />

chaque jour<br />

grâce<br />

aux cours<br />

d’anglais.<br />

rePÈreS<br />

La prise en charge<br />

des réfugiés<br />

P Le Haut-Commissariat<br />

pour les réfugiés (HCR)<br />

de l’ONU donnait protection<br />

et assistance à 26 millions<br />

de personnes en 2011,<br />

soit 700 000 de plus<br />

qu’en 2010.<br />

P En 2011, 61 649 personnes<br />

reconnues comme réfugiées<br />

par les Nations unies<br />

25 ans, Mugiraneza est orpheline. Dans<br />

le camp de Kibiza, au Rwanda, elle a<br />

été accueillie dans la famille de Pierre.<br />

Mais à son arrivée à Sheffield, elle a<br />

demandé à être logée séparément et<br />

s’est alors heurtée à l’incompréhension<br />

générale. « J’avais besoin de gagner en<br />

confiance et de savoir si je pouvais m’en<br />

sortir seule », explique-t-elle dans un<br />

anglais déjà parfait.<br />

ont été réinstallées dans<br />

22 pays, soit 15 % de moins<br />

que l’année précédente.<br />

P Parmi les bénéficiaires<br />

de la réinstallation, figuraient<br />

des réfugiés originaires<br />

du Bhoutan (18 000),<br />

de Birmanie (18 000), d’Irak<br />

(8 700), de Somalie (4 600),<br />

de l’Érythrée (2 800),<br />

de la République démocratique<br />

du Congo (2000) et d’Iran<br />

(1900). La France n’en accueille<br />

qu’une centaine par an, contre<br />

L’une des grandes originalités du programme<br />

repose sur le recours aux communautés<br />

locales de réfugiés déjà réinstallés.<br />

Un groupe de 300 personnes a été<br />

constitué, avec pour mission de guider<br />

les nouveaux arrivants qui, le temps venu,<br />

aideront à leur tour les suivants. Une démarche<br />

très iconoclaste pour la France,<br />

peu rompue aux approches multiculturalistes.<br />

Cela permet toutefois un partage<br />

600 pour la Grande-Bretagne,<br />

un millier pour la Norvège,<br />

2 000 pour la Suède, près<br />

de 6 000 pour le Canada ou<br />

l’Australie, autour de 50 000<br />

concernant les États-Unis…<br />

P La France enregistre<br />

60 000 demandes d’asile<br />

par an, arrivant en 4 e position<br />

derrière les États-Unis,<br />

l’Afrique du Sud,<br />

et l’Allemagne. Mais le taux<br />

d’admission des dossiers<br />

reste autour de 25 %.<br />

d’expériences entre pairs, ne serait-ce que<br />

pour se faire traduire le courrier administratif.<br />

« Nous sommes aussi là pour faire<br />

comprendre que tous les problèmes ne sont<br />

pas réglés le jour de l’emménagement et<br />

qu’il faudra encore travailler très dur pour<br />

se faire une place », souligne Akoi Bazzie,<br />

un Libérien responsable de la communauté<br />

des personnes réinstallées. Arrivé<br />

il y a neuf ans, il a fait partie des tout premiers<br />

accueillis dans la ville après douze<br />

années passées en camp humanitaire.<br />

Lui est désormais travailleur social, sa<br />

femme est aide-soignante à l’hôpital.<br />

Si la méthode britannique étonne,<br />

c’est aussi qu’elle place la communication<br />

comme condition sine qua non de<br />

réussite. En amont du lancement du<br />

programme, la mairie de Sheffield a<br />

conçu un plan de sensibilisation de la<br />

population locale aux réalités subies<br />

par les réfugiés dans leur ancienne vie.<br />

Côté médias, la ville a noué un partenariat<br />

avec la presse régionale pour<br />

s’assurer d’une « couverture positive »<br />

des différentes réinstallations. Des porteparole<br />

ont été formés parmi les réinstallés<br />

pour faire la promotion<br />

Mugiraneza,<br />

25 ans<br />

(ci-dessus),<br />

a souhaité<br />

avoir<br />

son propre<br />

logement<br />

à Sheffield.<br />

Akoi Bazzie<br />

(ci-contre),<br />

un Libérien<br />

arrivé<br />

il y a neuf ans,<br />

est devenu<br />

responsable<br />

de la<br />

communauté<br />

des personnes<br />

réinstallées.<br />

ppp<br />

La Croix (French national newspaper), 2 April 2013

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!