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AGRICULTURES

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plus tendue qu’on ne l’imagine, car<br />

parmi les diverses ressources naturelles<br />

critiques l’eau vient au premier<br />

plan. En réalité, à la différence<br />

d’autres ressources indispensables<br />

aux hommes, la crise de l’eau sévit<br />

déjà dans bien des pays, même parmi<br />

les plus développés. Les besoins en<br />

eau de l’agriculture sont considérables<br />

: plus de 70 % de la consommation<br />

mondiale d’eau. Amplifiée par<br />

les changements climatiques actuels<br />

qui s’accompagnent d’une augmentation<br />

de l’aridité dans diverses régions<br />

du monde, la situation de l’agriculture<br />

est devenue calamiteuse au point<br />

que dans plus de cinquante pays –<br />

parmi ceux où la population continue<br />

à croître – il n’est plus possible<br />

de produire la nourriture de tout<br />

homme venant s’ajouter à la population<br />

déjà existante.<br />

“<br />

Le type de culture «conventionnel» fondé<br />

sur le recours à un tout petit nombre de plantes<br />

cultivées sur de vastes parcelles provoque<br />

la prolifération des prédateurs et des maladies<br />

phytopathogènes. Ainsi, 280 substances<br />

chimiques pesticides sont autorisées<br />

dans l’Union européenne, dont une proportion<br />

importante est cancérogène.<br />

“<br />

DESTRUCTION DES SOLS<br />

ET POLLUTIONS<br />

À long terme, l’agriculture « conventionnelle<br />

» ne peut être durable par<br />

les effets négatifs qu’elle provoque<br />

sur les terres arables. La recherche<br />

inconditionnelle des rendements, et<br />

donc des profits maximaux, a conduit<br />

à une « rationalisation » se traduisant<br />

par une augmentation considérable<br />

de la surface des parcelles –<br />

certaines, même en France, pouvant<br />

atteindre 100 ha d’un seul tenant,<br />

s’accompagnant de la pratique d’une<br />

quasi-monoculture intensive par<br />

recours à des quantités croissantes<br />

d’intrants (engrais chimiques et pesticides).<br />

Dans le même temps, cette<br />

agriculture industrielle s’est accompagnée<br />

d’une réduction maximale<br />

des emplois associés, par un recours<br />

massif à d’énormes machines agricoles.<br />

Leur utilisation provoque à<br />

long terme un effet négatif sur la fertilité<br />

des sols et une dégradation de<br />

leur structure physique (tassement)<br />

et perturbe la circulation de l’eau<br />

dans les zones occupées par le système<br />

racinaire des végétaux.<br />

Ce type d’agriculture, fondé aussi<br />

sur un usage massif des herbicides,<br />

présente un risque considérable<br />

d’érosion des sols. Ainsi, le taux d’érosion<br />

moyen des sols en culture de<br />

maïs, supérieur à 20 t/ha/an est comparable<br />

à celui observé aux États-<br />

Unis, dans l’Iowa… Rien d’étonnant<br />

puisque le type d’agriculture pratiquée<br />

est calqué sur le modèle mis<br />

en œuvre dans ce pays !<br />

La fertilisation minérale systématique<br />

par engrais chimiques provoque<br />

à long terme une perte de la<br />

fertilité intrinsèque des terres cultivées.<br />

Les sols ne recevant que des<br />

fertilisants minéraux perdent leur<br />

teneur en matière organique, dont<br />

dépend la formation du complexe<br />

argile-humus, agent de leur fertilité.<br />

L’usage d’engrais phosphatés accumule<br />

dans les sols des quantités croissantes<br />

d’éléments toxiques (arsenic,<br />

cadmium, mercure, chrome, molybdène,<br />

etc.) dont le temps moyen de<br />

résidence se compte en milliers d’années.<br />

Il s’agit d’impuretés qui contaminent<br />

les superphosphates utilisés<br />

comme fertilisants, se concentrant<br />

insidieusement dans les sols au fil<br />

du temps, d’où un risque sanitaire<br />

pour les productions agricoles.<br />

Ultérieurement, par suite de leur<br />

phytotoxicité, ils contribuent à réduire<br />

la fertilité des terres cultivables contaminées.<br />

Enfin, l’emploi systématique de pesticides<br />

a provoqué une pollution<br />

générale de l’espace rural… et de<br />

notre alimentation, car le type de<br />

culture « conventionnel » fondé sur<br />

le recours à un tout petit nombre de<br />

plantes cultivées sur de vastes parcelles<br />

provoque la prolifération des<br />

prédateurs et des maladies phytopathogènes.<br />

Ainsi, 280 substances<br />

chimiques pesticides sont autorisées<br />

dans l’Union européenne, dont<br />

une proportion importante est cancérogène.<br />

Certaines peuvent connaître<br />

un processus de bioamplification<br />

dans les chaînes alimentaires<br />

de l’homme et susciter des concentrations<br />

importantes dans l’alimentation<br />

humaine.<br />

De nouvelles familles chimiques de<br />

pesticides, plus efficaces, ont été<br />

récemment commercialisées avec<br />

des effets collatéraux calamiteux.<br />

Pour mémoire, les insecticides néonicotinoïdes<br />

ont déclenché le déclin<br />

catastrophique non seulement des<br />

abeilles, mais également de la totalité<br />

des espèces d’insectes pollinisateurs<br />

de cultures, qui sont en très<br />

grande majorité des espèces sauvages.<br />

La disparition estimée des pollinisateurs<br />

des cultures causerait une<br />

perte annuelle à l’agriculture mondiale<br />

supérieure à 150 milliards de<br />

dollars par an.<br />

La population<br />

mondiale devrait<br />

passer de 7,238<br />

milliards d’êtres<br />

humains en 2014<br />

à 9,7 en 2050.<br />

Notre système de<br />

production agricole<br />

est placé devant<br />

d’importants défis<br />

pour réussir à<br />

nourrir tout le<br />

monde dans des<br />

conditions sociales,<br />

environnementales<br />

et sanitaires<br />

acceptables.<br />

VERS UNE AGRICULTURE<br />

DURABLE, CRÉATRICE DE<br />

NOUVELLES QUALIFICATIONS<br />

Le maintien du modèle de l’agriculture<br />

« conventionnelle », largement<br />

dominant au niveau global, ne permettra<br />

pas de résoudre le problème<br />

de la faim dans le monde, en raison<br />

de ses limitations et effets pernicieux.<br />

Un changement radical des modalités<br />

actuelles de production tant<br />

végétale qu’animale s’impose.<br />

Les agronomes ont proposé depuis<br />

quelque temps la solution d’une agriculture<br />

écologiquement intensive,<br />

s<br />

AVRIL-MAI-JUIN 2015 Progressistes

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