AGRICULTURES
revue-progressiste-nc2b081
revue-progressiste-nc2b081
You also want an ePaper? Increase the reach of your titles
YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.
32<br />
BRÈVES<br />
Chercheurs du CNRS et ex-Goodyears<br />
d’Amiens : une coopération exemplaire !<br />
n ÉQUATEUR : UN RECORD POUR LA<br />
REFORESTATION<br />
L’Équateur a établi un nouveau record du monde,<br />
inscrit au Guinness Book, en plantant en une<br />
journée plus de 600 000 arbres de 200 espèces<br />
différentes sur 2 000 ha à travers le pays. Près<br />
de 50 000 personnes s’étaient mobilisées pour<br />
établir ce record.<br />
Ce projet de reboisement, décrit comme le plus<br />
ambitieux dans l’histoire du pays, était porté<br />
par le gouvernement. En effet, cette performance<br />
collective et populaire s’inscrit dans un<br />
large plan de reforestation mis en œuvre par le<br />
gouvernement.<br />
Ce record est donc un symbole pour une politique<br />
volontariste : l’objectif visé par les autorités<br />
équatoriennes est un niveau de déforestation<br />
zéro pour 2017, à la fin du troisième mandat<br />
du président Rafael Correa. La déforestation<br />
de l’Amazonie a fragilisé son écosystème et<br />
sa biodiversité : plus grande forêt tropicale au<br />
monde, son action est essentielle pour l’absorption<br />
du CO 2 et pour freiner les effets du changement<br />
climatique. Sa reforestation est donc un<br />
enjeu environnemental mondial.<br />
n TRAVAILLEURS DÉTACHÉS :<br />
DES SALAIRES DE 2,22 € L’HEURE<br />
EN GIRONDE<br />
Les images de la lutte « des Goodyear » pour sauver<br />
leur usine, le mépris auquel ils s’étaient heurtés ou<br />
encore l’acharnement judiciaire dont certains<br />
syndicalistes avaient été victimes ont marqué<br />
les esprits. Si le géant mondial des pneus a bel<br />
et bien annoncé la fermeture du site d’Amiens-<br />
Nord, licenciant ses 1 200 ouvriers, la CGT n’a<br />
pas baissé les bras.<br />
Ainsi, une société coopérative et participative<br />
(Scop) a été créée pour reprendre l’activité de création<br />
de pneus agricoles, qui faisait travailler 400 personnes.<br />
Le tribunal d’Amiens, saisi par<br />
les ouvriers, a ordonné le 8 juin 2015<br />
l’arrêt du démantèlement de ce volet<br />
d’activités.<br />
Un obstacle cependant se présentait<br />
aux ouvriers dans leur volonté de<br />
reprise : pouvoir présenter au tribunal<br />
des perspectives d’évolution de<br />
l’activité s’appuyant sur leur propre<br />
service de recherche et développement.<br />
Loin de se décourager, les ouvriers<br />
ont contacté le Conseil scientifique du CNRS. En réponse, non seulement les<br />
chercheurs, avec à leur tête Bruno Chaudret, se sont investis dans ce projet,<br />
mais ils ont également lancé une pétition de solidarité visant à construire des<br />
ponts entre recherche publique et industrielle.<br />
Le grand public le sait peu, mais le CNRS est de plus en plus coutumier des<br />
créations de start-up ou de conseils en entreprise. Pour Bruno Chaudret, la<br />
France, comme tous les pays, doit développer une science citoyenne : « On a<br />
besoin de renouveler nos productions pour faire face aux défis sociétaux qui nous<br />
attendent, et cela passe par un développement de la recherche. » Autrement dit,<br />
le maintien et le développement des emplois scientifiques et industriels sont<br />
interdépendants. Aujourd’hui, alors que les deux sont menacés, chacun peut<br />
soutenir cette opération inédite.n<br />
Pour signer l’appel des scientifiques à soutenir le projet de Scop d’Amiens Nord :<br />
http://www.urgence-emploi-scientifique.org<br />
BILLET D’HUMEUR D’IVAN<br />
À l’automne dernier, la préfecture de Gironde a<br />
suspendu l’activité d’une société hongroise qui<br />
travaillait sur le chantier de la centrale photo -<br />
voltaïque d’Arsac, au nord de Bordeaux. Cette<br />
société employait en effet des ouvriers qui travaillaient<br />
6 jours sur 7 et 11 heures par jour,<br />
mais elle ne leur payait que 8 heures, pour<br />
2,22 € l’heure ! C’est un contrôle mené par<br />
l’URSSAF et l’Inspection du travail qui a permis<br />
de découvrir le pot aux roses. Si l’activité ici a<br />
été stoppée, l’incident pointe le problème bien<br />
plus large des travailleurs étrangers détachés<br />
(Polonais, Portugais, Roumains…), notamment<br />
dans le bâtiment et les travaux publics, qui sont<br />
soumis à des conditions souvent indignes<br />
(niveau de salaire, sécurité…) et tout à fait<br />
contraires aux règles minimales du Code du travail.<br />
Plus que jamais, il s’avère nécessaire de<br />
limiter au maximum les possibilités de recourir<br />
à ce travail détaché, qui constitue un facteur<br />
aggravant de l’exploitation des ouvriers.<br />
À QUI PROFITE LE CIR ?<br />
Brigitte Gonthier-Maurin, sénatrice communiste, a produit après six mois<br />
et une centaine d’auditions un rapport des travaux de la commission d’enquête<br />
sénatoriale intitulé « Le détournement du CIR de son objet et de ses<br />
incidences sur la situation de l’emploi et de la recherche dans le pays » .<br />
Ce rapport a été rejeté par la commission, et ne sera donc accessible à personne<br />
ni publié, alors que tous les membres présents en ont salué la qualité<br />
et le sérieux lequel, d’après eux, « apportait des réponses étayées » à la<br />
question « À qui profite le CIR ? ». Pourquoi cette censure sénatoriale ? Les<br />
groupes de pression patronaux, du CAC 40 ont-ils sifflé aux oreilles de<br />
Macron et Valls ? Le gouvernement, engoncé dans sa politique libérale<br />
préfère sanctuariser le CIR plutôt que la recherche publique. L’enjeu<br />
se situe entre 360 et 600 M€ alors que le point d’indice des fonctionnaires,<br />
et donc des chercheurs et enseignants est bloqué depuis cinq ans.<br />
Qu’attend notre nouveau sous-ministre de l’enseignement supérieur<br />
et de la recherche Thierry Mendon pour régulariser une situation qui<br />
décourage les vocations ? n<br />
IVAN LAVALLÉE<br />
Progressistes AVRIL-MAI-JUIN 2015