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AGRICULTURES

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Les pays en développement, notamment asiatiques et africains, sont les cibles des multinationales<br />

pour exporter leurs productions, telles que le lait en poudre breton.<br />

interprofessionnel de l’économie laitière<br />

(CNIEL) estime que les industriels<br />

et coopératives français ont investi<br />

près de 1 milliard d’euros pour conquérir<br />

de nouveaux marchés.<br />

NOUVELLE CONCURRENCE<br />

MONDIALE<br />

Le truc, c’est qu’ils ne sont pas les<br />

seuls. La Nouvelle-Zélande, première<br />

productrice laitière mondiale, dont<br />

les volumes ont augmenté de 8,4 %<br />

en 2014 (avant de stagner sous le<br />

coup d’aléas climatiques), lorgne les<br />

mêmes plates-bandes, ainsi que<br />

l’Australie. « La Tasmanie a investi<br />

un demi-milliard de dollars pour<br />

convertir ses champs secs en production<br />

laitière et compte sur une demande<br />

asiatique forte », relevait ainsi Helger<br />

Meinke, de l’université de Tasmanie,<br />

lors d’un colloque en mars 2015 ;<br />

l’État, en outre, vient de s’engager<br />

dans un accord de libre-échange<br />

avec la Chine, accord plus favorable<br />

encore à l’écoulement de son lait<br />

qu’à celui de son charbon, pour<br />

lequel la Chine est pourtant son principal<br />

débouché.<br />

LES PRODUCTEURS FRANÇAIS S’EN<br />

SORTIRONT-ILS DANS CE PÉTRIN?<br />

Quand certains veulent y croire, d’autres<br />

alertent. Les producteurs sont<br />

pris entre recherche de laits de qualité<br />

et de valeur, d’une part, et course<br />

à l’industrialisation pour des prix<br />

compétitifs, d’autre part. « Envoyer<br />

les éleveurs européens à la guerre des<br />

prix sur le marché mondial sans se<br />

soucier des pertes humaines : voilà le<br />

véritable projet des industriels, soutenu<br />

par les gouvernements », note<br />

ainsi la Confédération paysanne.<br />

Sont à redouter la concentration géographique<br />

de la production sur<br />

quelques régions et l’industrialisation<br />

des élevages.<br />

“<br />

La désormais fameuse ferme des 1000<br />

vaches, installée dans la Somme, laisse craindre,<br />

entre autres, une baisse de l’emploi agricole et<br />

une dénaturation du métier. Rien ne garantit, en<br />

outre, que l’export permette de stabiliser quoi que<br />

ce soit en termes de revenu agricole.<br />

Fondée sur un modèle déjà répandu<br />

en Allemagne et aux Pays-Bas, la<br />

désormais fameuse ferme des 1 000<br />

vaches, installée dans la Somme,<br />

laisse craindre, entre autres, une<br />

baisse de l’emploi agricole et une<br />

dénaturation du métier. Rien ne<br />

garantit, en outre, que l’export permette<br />

de stabiliser quoi que ce soit<br />

en termes de revenu agricole.<br />

Essentiellement constitué de produits<br />

résiduels, tels que le lait en<br />

poudre et le beurre, très mal rémunérés,<br />

le marché mondial « ne représente<br />

que 7 % de la production des<br />

pays exportateurs », reprend ainsi<br />

la Confédération paysanne. En<br />

2014, poursuit-elle, ces derniers<br />

« ont augmenté leurs productions<br />

de plus de 10 millions de tonnes,<br />

alors que la demande mondiale n’a<br />

augmenté que d’environ 2 millions<br />

de tonnes ». n<br />

*MARIE-NOËLLE BERTRAND est<br />

journaliste, chef de rubrique à l’Humanité.<br />

“<br />

AGRICULTURE<br />

FRANÇAISE : REPÈRES<br />

GRANDES DATES<br />

Une histoire séculaire. Luttes paysannes continues<br />

des petits propriétaires et métayers dont<br />

les gros propriétaires sont la cible. Au milieu<br />

du XX e siècle, la CGA (Confédération générale<br />

de l’agriculture) en est le creuset.<br />

1945. La paysannerie, encore nombreuse, a<br />

joué un rôle dans la Résistance. Des réformes<br />

s’imposent en faveur des petits paysans.<br />

1946-1947. Loi sur les coopératives : héritières<br />

des fruitières séculaires et de l’entraide<br />

paysanne, les coopératives sont consacrées<br />

par la loi de 1947. Elles peuvent se vouer à<br />

la production, à la commercialisation ou à<br />

l’achat de produits.<br />

Statut du fermage qui protège les exploitants<br />

non propriétaires.<br />

Loi sur les CUMA (coopératives d’utilisation<br />

du matériel agricole); qui prennent leur essor<br />

après 1965.<br />

1962. Parité enseignement agricole-éducation<br />

nationale.<br />

Codification dans la loi des GAEC (groupements<br />

agricoles d’exploitation en commun),<br />

qui regroupent principalement des exploitants<br />

familiaux.<br />

Les politiques agricoles sont ensuite inspirées<br />

par la démocratie chrétienne puis par des<br />

«gaullistes» : est favorisée une évolution technocratique<br />

au motif de «moderniser» l’agriculture,<br />

au profit des industries de la filière et<br />

des banques, en occultant l’hémorragie que<br />

subit le monde paysan. Edgar Pisani, ministre<br />

de l’Agriculture, promoteur de la LOF (loi<br />

d’orientation foncière) puis responsable de la<br />

PAC à Bruxelles incarne des années durant<br />

cette politique.<br />

ORGANISATIONS PAYSANNES<br />

La FNSEA (Fédération nationale des syndicats<br />

d’exploitants agricoles) hérite dès 1946 d’un<br />

souhait d’«unité paysanne» assez corporatif.<br />

Rejointe dès 1956 par le CNJA (Centre national<br />

des jeunes agriculteurs), elle établit sa prééminence<br />

sur le monde rural dans les années<br />

1960, avec le CAF (Conseil de l’agriculture<br />

française) où convergent mutualité, coopération<br />

et crédit.<br />

Dans le contexte difficile de l’effondrement du<br />

nombre d’exploitants par disparition des plus<br />

petits, les luttes de la paysannerie familiale<br />

sont portées par le Modef (Mouvement de<br />

défense de l’agriculture familiale) ou par une<br />

nouvelle organisation, la Confédération paysanne.<br />

L’AGRICULTURE FRANÇAISE EN 2010<br />

France : 1 er pays agricole de l’UE.<br />

27 millions d’hectares cultivés, soit 16% des<br />

terres agricoles de l’UE.<br />

Moins de 400000 exploitations agricoles répertoriées<br />

(mais près de la moitié, très petites, ne<br />

sont pas « professionnelles »). Ce sont des<br />

exploitations familiales (10 millions en 1918<br />

et 6 millions vers 1950).<br />

Surface moyenne des exploitations : 53 ha<br />

(supérieure à la moyenne de l’UE).<br />

750 000 emplois ruraux (comprenant chasse<br />

et sylviculture).<br />

Revenu agricole par actif non salarié : stagnation<br />

ou baisse selon les secteurs.<br />

AVRIL-MAI-JUIN 2015 Progressistes

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