Rolling Stone 09/2017

More documents

Recommendations

Info

Q&R ICONIQUE La légende de la country a multiplié les récompenses tout au long de sa carrière. Emmylou Harris Roy, Bob, Neil, Gram, Rodney, Paul, Steve, Townes… Elle les aura tous chantés et rencontrés. Et surtout, partagé le micro avec eux. Orbison, Dylan, Parsons, Crowell, Simon, Earle ou Van Zandt… Les plus grands songwriters américains ont offert un écrin à sa voix magique. Rencontre. Propos recueillis par Stan Cuesta Se retrouver au milieu de nulle part, à Craponne-sur- Arzon, en Auvergne, pour une interview exclusive d’ Emmylou Harris, a quelque chose de surréaliste et de très émouvant. Elle est là pour le Country Rendez- Vous, seule date française de sa tournée européenne. On y découvre une grande dame, belle, chaleureuse, franche, ouverte, drôle. Elle n’a rien à vendre, nous non plus. Tant mieux. C’est dans ces cas-là que la magie opère… Les Français ont une vision très romantique de votre association avec Gram Parsons… Cela vous ennuie ? Emmylou Harris : Oh ! c’est le cas de tout le monde. Ça ne me dérange plus. Mais pourquoi sommesnous tant obsédés par le romantisme lié au fait de mourir jeune ? Vous pensez que c’est pour ça ? E. H. : Bien sûr, parce qu’il est beaucoup plus difficile de vieillir. C’est une telle tragédie que sa vie ait été si courte. Évidemment, j’aurais aimé qu’il vive, que l’on ait la possibilité d’avoir une longue amitié, peut-être même une histoire d’amour, parce qu’il est mort avant que ça puisse arriver… Mais il m’a tellement donné, dans ma vie, dans ma musique. Pas seulement pour l’étape que j’ai franchie dans ma carrière, en étant connue à travers lui, mais pour les gens dont j’ai hérité, son merveilleux manager, la façon dont on a prêté attention à ce que je faisais, même si j’étais en train d’apprendre et de grandir sans lui. J’ai essayé de parler de tout ça dans cette chanson, “The Road”. Vous avez atteint très tôt une sorte d’état de grâce avec lui, il y avait quelque chose de magique entre vous… E. H. : J’étais une sorte de folksinger, j’ai eu la chance de partir sur la route et de faire un disque, mais en chemin, j’ai appris, je suis devenue une vraie chanteuse, j’ai trouvé ma voie en chantant en © JACK SPENCER 36 | Rolling Stone | rollingstone.fr Septembre 2017
© DR/NONESUCH/GETTY IMAGES harmonie avec Gram. Grâce à lui, j’ai compris la vraie beauté de la country music dans ce qu’elle a de meilleur : des paroles simples, la tournure d’une phrase, la concision… Ensuite, bien sûr, j’ai dû devenir une artiste à part entière, et j’ai eu la chance d’avoir à mes côtés des gens comme Rodney Crowell, de merveilleux musiciens, de super- producteurs, qui m’ont permis d’être inspirée… audelà de Gram. Mais je n’essaierai certainement jamais de minimiser l’importance de son irruption dans ma vie. Et vous avez joué avec ses musiciens… E. H. : Ensuite, oui, quand la maison de disques a décidé que j’avais quelque chose, à ma grande surprise, ils m’ont dit : “Prenons le groupe qui a enregistré ces deux albums avec Gram.” C’était essentiellement les musiciens qui avaient travaillé avec Elvis : Glen D. Hardin, James Burton, Emory Gordy Jr., et John Ware, des Bellamy Bothers. Mais je pense que les jokers ont été Rodney et Hank DeVito. Tous les trois, nous étions plus jeunes et apportions une sensibilité rock. Rodney était venu à la country music de façon très organique : à 10 ans, il jouait de la batterie avec le groupe de son père dans les honky tonks de Houston. Hank et moi étions plutôt des sortes de convertis de la côte Est. Le dernier album de Rodney Crowell est magnifique… E. H. : Oh, oui ! Il y a cette chanson, “Nashville 1972”, que j’adore. Et l’hommage à Susanna Clark, bien sûr… Elle a été tellement importante pour notre petite famille. Elle écrivait des chansons et elle peignait, mais son esprit, son humour, sa façon d’habiter le monde… Elle a été très importante pour Rodney et moi, et évidemment pour Guy. En parlant des songwriters que vous avez chantés, l’un des plus grands est probablement Townes Van Zandt… E. H. : J’ai rencontré Townes quand j’étais une folksinger dans la galère à New York, une sorte d’aspirante Joan Baez… Je faisais la première partie de tous ceux qui jouaient à Gerde’s Folk City, qui était l’endroit où tout le monde passait. C’était extraordinaire de l’entendre et de le voir… Il avait vraiment quelque chose. Je n’avais jamais vraiment entendu ce genre de paroles chantées avec ce gémissement hanté à la Hank Williams. Plus tard, on est entré en contact par l’intermédiaire de Guy et Susanna Clark. C’est intéressant de voir comment les vies des gens se croisent. Vous avez travaillé avec les plus grands. Lequel vous a le plus impressionnée ? E. H. : C’était un peu intimidant de chanter avec Roy Orbison… Un peu. (Rire.) Mais quel homme charmant ! Adorable. Et, bien sûr, Bob Dylan. Il vous a approchée ? E. H. : Il ne m’a pas approchée. Je ne pense pas que Bob approche qui que ce soit ! (Rire.) C’est son producteur exécutif qui m’a dit : “Bob veut une chanteuse pour faire des harmonies.” Mon ego m’a fait croire qu’il m’avait entendue et qu’il me voulait, moi. Mais il voulait juste une fille ! Je n’étais qu’une couleur de plus… sur sa toile. Ce qui était génial, en un ANGEL BAND Une guitare, une voix et la magie opère. “GRÂCE À GRAM PARSONS, J’AI COMPRIS LA VRAIE BEAUTÉ DE LA COUNTRY MUSIC DANS CE QU’ELLE A DE MEILLEUR.” sens, parce que je me suis pointée, on s’est dit bonjour, on s’est mis devant le micro avec les paroles – au moins j’avais les paroles ! – et on a commencé à chanter. Il n’y a eu aucun travail sur les chansons, aucun peaufinage, on faisait une prise et c’était bon. Tu te mets dans cet état d’esprit : OK, voilà la chanson, je dois suivre Bob. Tu ne penses pas : Je chante avec Bob Dylan ! Tu y penses avant, et tu y penses après. J’étais toujours inquiète de la justesse sur telle chanson, etc. Mais Bob vit dans l’instant, tu dois faire pareil. Cet album, Desire, est un chefd’œuvre. Reprenez-vous parfois ces chansons ? E. H. : Non. J’ai juste fait “Oh, Sister” avec Dave Matthews. J’ai fait quelques dates avec lui, il l’adore, moi aussi, alors on l’a répétée et j’ai beaucoup aimé la faire avec lui. Mais fondamentalement, je ne les ai jamais travaillées, ce sont les chansons de Bob… Sinon, je fais “Every Grain of Sand”, bien sûr, que j’adore. Et Neil Young ? E. H. : Neil Young est probablement mon artiste préféré, pour la façon dont il suit sa muse, même quand elle l’entraîne dans le fossé ! J’adore tous ses disques. Bon, Trans, c’était un peu dur de rentrer dedans, mais je le respecte, parce que ça avait à voir avec son fils, les ordinateurs, etc. Et puis c’est quelqu’un qui s’occupe de justice sociale. Ce qu’il a fait avec Willie [Nelson], avec les concerts caritatifs de Bridge School, le fait qu’il ait sauvé Lionel Trains (il a racheté une partie de cette société de trains miniatures, ndlr)… C’est un Américain vraiment extraordinaire… pour un Canadien ! Et c’est un homme délicieux. Il a eu la générosité de venir chanter sur mon album Wrecking Ball. Il y a tant d’artistes que j’aime, dont la musique m’inspire. Justement, avec quels artistes rêveriez-vous encore de travailler ? E. H. : J’aurais aimé enregistrer avec Merle Haggard avant sa mort. Je suis sûre qu’il y en a d’autres. Mais j’ai chanté avec tant de gens ! Avec Joan Baez – on a fait un concert de charité ensemble –, avec Jackson Browne, il y a quelques années. Oui, j’ai quasiment chanté avec tous les artistes que je connais… Et même avec quelques-uns que je ne connais pas ! Septembre 2017 rollingstone.fr | Rolling Stone | 37
Page 3 and 4: ÉDITO Par Belkacem Bahlouli Piège
Page 5 and 6: of Master À l’aube d’une tourn
Page 7 and 8: 1 2 ON STAGE (1) James Hetfield, to
Page 9 and 10: © GETTY IMAGES comme un jeu chez l
Page 12: CONTRIBUTEURS ALEX JAFFRAY COMPOSIT
Page 16 and 17: MY BACK PAGES Par Bruno Patino 2017
Page 18 and 19: LA PLAYLIST CHAQUE MOIS, DOM KIRIS
Page 20 and 21: ROLLINGSTONE.FR POLITIQUE MUSIQUE T
Page 22 and 23: ROCK & ROLL CÉRÉMONIE Dom Kiris,
Page 24 and 25: Q&R Willie Nelson La légende vivan
Page 26 and 27: SOMEBODY TOLD ME… Brandon Flowers
Page 28 and 29: TRÉSOR ENTERRÉ Glenn Hughes I’m
Page 30 and 31: SET IN MOTION MEMORIES Parcours de
Page 32 and 33: ANNIVERSAIRE Chroniques sous influe
Page 34 and 35: NICE GUYS Une œuvre prolifique, un
Page 38 and 39: PHOTO BLACK & WHITE La photographe
Page 40 and 41: Q&R Robin Campillo : “ Ce n’ét
Page 42 and 43: Sélection de la RENTRÉE La rentr
Page 44: FLASHBACK DERNIER MOT Joe Walsh Le
Page 47 and 48: LIVE REPORT ON TOP OF THE WORLD À
Page 50 and 51: Justin Trudeau Il a une voix cavern
Page 52 and 53: Justin Trudeau cueillir 40 000 réf
Page 54 and 55: Justin Trudeau qu’il pouvait se m
Page 56 and 57: Portfolio RENCONTRES PHOTOGRAPHIQUE
Page 58 and 59: PLAYLIST C'est James Taylor qui don
Page 60 and 61: CHARLES BERBÉRIAN d’un baffle à
Page 62 and 63: 1 2 3 4 5 6 AMBIANCES ! (1) L’ent
Page 64 and 65: LES FESTIVALS Julien Doré et son s
Page 66 and 67: Midnight Oil 7 juillet, Caen Hérou
Page 68 and 69: LES FESTIVALS Friends”, “The Bi
Page 70 and 71: VIRTU COMBA PROPHETS OF RAGE
Page 72 and 73: PROPHETS OF RAGE Download, Hellfest
Page 75 and 76: MORRICONE ENNIO IL MAESTRO Il a don
Page 77 and 78: 2 1 3 4 UNE VIE EN IMAGES (1) Parti
Page 79 and 80: Je me rassois en espérant qu’il
Page 81 and 82: Making Of ÉTAT DE GRÂCE Paul Simo
Page 83 and 84: ALBUMS .........................P.
Page 85 and 86: Oyster's Reluctance Insignificant T
Page 87 and 88:
© DUFFY ARCHIVE. DR. David Bowie A
Page 89 and 90:
Baladeurs audiophiles Ce n’est pa
Page 91 and 92:
© PHILIPPE AUBRY/LES COMPAGNONS DU
Page 93 and 94:
DVD Sur la plage, abandonnés… M
Page 95 and 96:
Un jeu de pure stratégie. Ici, pos
Page 97 and 98:
Fantasia chez les ploucs Une jeune
Page 99:
Actuellement en kiosques .
show all

Rolling Stone 09/2017

Create successful ePaper yourself

Delete template?

Save as template?