Rolling Stone 09/2017
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JUKEBOX<br />
Young Rascals et Elton John<br />
(première époque) : deux chocs<br />
musicaux pour le dessinateur.<br />
Quand “Hotel California” passe à la radio, ça<br />
me déprime. J’ai toujours préféré Jackson<br />
Browne aux Eagles. Je suis fan de l’album<br />
Running on Empty, moins de The Pretender.<br />
Dernièrement, je suis tombé sur des albums<br />
que Jackson Browne avait enregistrés avec<br />
David Lindley en live. Techniquement, ça<br />
tricote sévère ! (Sourire.) Pour revenir à Joni<br />
Mitchell, il y a une espèce d’intelligence et de<br />
sensibilité dans les arrangements de Blue qui<br />
me touchent encore aujourd’hui. Quand les<br />
autres font du folk, elle fait de la musique.<br />
Elle est apparentée folk song, mais c’est une<br />
erreur. C’est d’ailleurs ce qui fascine tout le<br />
monde, et surtout David Crosby. Mis à part<br />
que, physiquement, elle est quand même<br />
sublime. Enfin, elle n’aurait pas été aussi loin<br />
si elle avait été uniquement blonde et belle.<br />
Avec le dessinateur Jean-Claude Denis, vous<br />
avez sorti deux disques sous le nom de Nightbuzz.<br />
Vous continuez à vous produire sur scène ?<br />
C. B. : Avec Nightbuzz, un peu moins. On fait<br />
un petit break. Aujourd’hui, je fais des<br />
concerts à Paris, une fois par mois, à La Loge,<br />
rue de Charonne, dans le cadre des Siestes<br />
acoustiques. Sur scène, nous sommes trois :<br />
moi, JP Nataf et Bastien Lallemant. Du coup,<br />
je me suis replongé dans le picking façon<br />
James Taylor. (Sourire.)<br />
Votre dernière obsession musicale ?<br />
C. B. : Il n’y a pas longtemps, j’ai découvert<br />
Harry Smith, Alan Lomax et George<br />
Mitchell : toute cette jungle, toute cette<br />
forêt, toute cette musique du Delta… Je<br />
n’arrivais plus à écouter autre chose, tellement<br />
ça m’avait absorbé. Il y a quelques<br />
jours, je me suis procuré The American Epic<br />
Sessions, une compilation produite par<br />
T Bone Burnett et Jack White absolument<br />
remarquable. Musicalement, c’est tout ce<br />
que j’aime. Le casting et les musiciens sont<br />
fabuleux. À l’intérieur, tu trouves des duos<br />
inédits, notamment ceux d’Elton John et<br />
Jack White ou encore de l’acteur Steve<br />
Martin avec Edie Brickell.<br />
Quels sont les cinq disques que vous aimeriez<br />
offrir à vos amis ?<br />
C. B. : Pour découvrir le son West Coast par<br />
exemple, Tapestry, de Carole King, s’impose.<br />
C’est un album qui est à la croisée de plein<br />
de choses, du rock au blues en passant par la<br />
soul. J’adore le timbre de voix de Carole<br />
King. J’aime bien faire découvrir aux<br />
copains la qualité de songwriting qu’avait<br />
James Taylor à ses débuts et qu’il a égarée<br />
par la suite, car il s’est retrouvé un peu au<br />
milieu de la route dans les 80’s. Pour découvrir<br />
James Taylor, je conseillerais deux<br />
disques : Sweet Baby James et One Man Dog.<br />
Si tu n’aimes pas Neil Young, en revanche, il<br />
n’y a aucune raison que tu finisses par l’aimer,<br />
tout comme Bob Dylan. Ils ont tous les<br />
deux des voix tellement bizarres, que si on a<br />
le poil hérissé par l’un ou par l’autre depuis<br />
toujours, ça ne passera pas. Dans un tout<br />
autre registre, je proposerai l’album<br />
Madman Across the Water à ceux qui ne<br />
connaissent pas le Elton John d’avant les<br />
succès planétaires. C’est un disque essentiel<br />
de la pop anglaise, dont on ne dit pas assez<br />
souvent du bien, à mon sens. Les gens ne<br />
savent pas par exemple que, sur cet album<br />
aux arrangements de cordes fantastiques,<br />
Elton John a composé des chansons<br />
sublimes comme “Tiny Dancer” ou “Levon”.<br />
J’offrirais également l’album Malibu<br />
d’Anderson Paak. Il faut écouter ça ! Dans<br />
son genre, ce type est un martien. Et pour<br />
finir, La Maison haute de Bastien Lallemant,<br />
parce que c’est un disque fabuleux, avec un<br />
son et des arrangements un peu “à la<br />
Gainsbourg”. Il n’y a pas un morceau à jeter.<br />
Dès la première écoute, tu sais que ce disque<br />
sera là pour longtemps.<br />
Si vous n’aviez pas été illustrateur et scénariste<br />
de bande dessinée, vous seriez-vous vu dans la<br />
peau d’une rockstar ?<br />
C. B. : Pour rien au monde ! Je trouve que c’est<br />
le plus mauvais endroit que puisse envisager<br />
un musicien ou une musicienne. Il n’y a rien<br />
de tel pour tomber dans une déchéance qui<br />
a coûté la vie à Janis Joplin ou encore à Kurt<br />
Cobain. Aucun être humain n’est fait pour<br />
vivre ce qu’ont vécu ces gens-là. En fait, je<br />
crois que personne n’a vraiment envie d’être<br />
une rockstar…<br />
Septembre <strong>2017</strong> rollingstone.fr | <strong>Rolling</strong> <strong>Stone</strong> | 61