Rolling Stone 09/2017
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LES<br />
FESTIVALS<br />
Friends”, “The Bitter End”, “Infra-<br />
Red”) que nous auront assénée sans<br />
faiblir les garçons y aura été pour<br />
quelque chose, y compris l’intensité<br />
avec laquelle ils auront attaqué<br />
chaque morceau. Un “Soulmates”<br />
emballant, un “Song To Say<br />
Goodbye” prenant, les images de<br />
David Bowie sur l’écran au moment<br />
de “Without You I’m Nothing”, puis<br />
une caricature de Donald Trump<br />
sur un paquet de cigarettes portant<br />
la mention “Seriously harms you<br />
and others around you” auront fini<br />
le travail. Vingt ans, ça se fête<br />
dignement. C’est fait et bien fait en<br />
ce qui concerne Placebo. X.B.<br />
FIESTA<br />
Le groupe<br />
francoécossais<br />
était<br />
à l’honneur.<br />
Iggy Pop<br />
7 juillet, Caen Hérouville-Saint-<br />
Clair, Festival Beauregard<br />
“I Wanna Be Your Dog”, “Gimme<br />
Danger” et “The Passenger” d’entrée<br />
de jeu. Le message est clair :<br />
Iggy ne va pas s’emm… avec des<br />
préliminaires. Est-ce parce qu’il<br />
était pressé d’aller roucouler avec<br />
son cacatoès ? De poursuivre sa<br />
thalasso entamée la veille à<br />
quelques kilomètres de là ? Peu<br />
importe. De plus en plus fripé, de<br />
plus en plus claudiquant, Iggy Pop<br />
reste à fond, allant d’un côté à<br />
l’autre de la scène, descendant et<br />
remontant l’escalier qui le mène à la<br />
foule telle une danseuse de revue<br />
un peu revenue de tout, mais qui<br />
connaît son affaire comme personne.<br />
Cette foule qu’il ne cesse de<br />
haranguer, accrochant une main,<br />
un bras, se contorsionnant devant<br />
elle. À ce qu’il paraît, cette même<br />
veille, il avait commencé à se faire<br />
rattraper par un début de bronchite.<br />
De deux choses l’une : soit on<br />
s’était affolé un peu vite dans son<br />
entourage, soit les médecins normands<br />
sont des gourous. Notre<br />
traitement de cheval à nous se sera<br />
conclu par un “No Fun” et un “Real<br />
Wild Child (Wild One)” tout sauf<br />
homéopathiques…<br />
X.B.<br />
Royal Blood<br />
11 juillet, Montreux Jazz<br />
Festival, Jazz Lab<br />
Ils n’ont beau être que deux, Mike<br />
Kerr et Ben Thatcher envoient<br />
comme s’ils étaient cinq ! L’intensité<br />
ne redescendra pas un instant dans<br />
ce set ramassé à souhait. À deux, ils<br />
ont trouvé leur équilibre, riffs et<br />
solos ravageurs via cette basse trafiquée<br />
pour le premier, cette batterie<br />
mitraillette pour le second et son<br />
inamovible casquette vissée sur la<br />
tête – à croire qu’elle a dû être fournie<br />
avec à sa naissance. Un équilibre<br />
qui ira jusqu’à la répartition<br />
des morceaux joués ce soir-là : cinq<br />
du premier album, six du dernier.<br />
Avec les hits qui vont bien (“Lights<br />
Out”, “Come On Over” et “Figure It<br />
Out”, toujours au-dessus du lot).<br />
Tonitruant !<br />
X.B.<br />
THE CELTIC SOCIAL CLUB<br />
5 août, Festival interceltique de Lorient<br />
L’Écosse était à l’honneur pour cette nouvelle édition de l’Interceltique, festival installé depuis l’aube des années 1970<br />
qui, depuis près de trente ans, offre une programmation internationale et s’est imposé comme l’un des plus gros rendezvous<br />
musicaux français, avec plus de 600 000 visiteurs. Un record. Toute la ville est aux couleurs de l’interceltisme<br />
et notamment de l’Écosse, pays invité qui y a délégué plus de 200 artistes : chanteurs, musiciens, danseurs que nous<br />
avions eu le privilège de rencontrer à Glasgow en juin dernier en avant-première. Dire que ce centre économique respire<br />
la musique est en dessous de la vérité. Nombre de groupes de stature internationale s’y sont fondés et surtout, la ville<br />
a accueilli tout ce que le monde du pop, rock, folk, punk, électro ou hip-hop a pu produire ces dernières décennies.<br />
En témoigne le nombre de salles existant dans cette cité industrielle et poumon économique du pays. Mais c’est sur<br />
le versant celtique que se sont orientés les programmateurs du rendez-vous breton : ainsi, les artistes présents, quels que<br />
soient leurs domaines de prédilection, mettent un point d’honneur à préserver une identité celte dans leur musique.<br />
Les très jeunes groupes qui se sont produits dès le 5 août au théâtre de Lorient devant une salle bondée – comptant<br />
dans ses rangs le ministre des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian – ont ainsi montré l’étendue de leurs talents et<br />
prouvé que la culture celte s’adaptait parfaitement aux enjeux artistiques du XXI e siècle. Certes, il y a eu du “tradi”<br />
– réclamé à cor et à cri par les inconditionnels de ce rendez-vous –, mais les guitares électriques ont pu s’exprimer<br />
librement, entre deux bagadous, aussi bien dans le festival off, sur les terrasses des nombreux bars, que sur la grande<br />
scène de la Marine et ses 4 000 places. C’est ainsi que The Celtic Social Club, mené par Jimme O’Neill, double régional<br />
de l’étape, car Écossais et habitant en Bretagne, chanteur des Silencers originaires de Glasgow, a lancé le festival avec<br />
un show explosif. Une pyrotechnie mêlant uilleann pipes, violon, washboard, banjo, mandoline, mais aussi guitares, basse<br />
et batterie, comme il se doit. En rhabillant de vieux traditionnels d’habits rock, leur musique, proposant une sorte<br />
de Pogues/Clash renouvelé, a transporté au loin, vers les côtes des Hébrides et l’île de Skye, mais aussi vers l’Irlande<br />
ou la Galice non seulement les inconditionnels du groupe, mais aussi ceux qui découvraient ce “concept group” formé<br />
sur une scène bretonne aussi (à Carhaix, aux Vielles Charrues), destiné à ne faire qu’un one shot. C’était sans compter<br />
sur le soutien de nombreuses entités privées et institutionnelles qui ont finalement permis au groupe de poursuivre cette<br />
dynamique – mais aussi grâce à la ténacité de son initiateur, Manu Masko –, d’avoir déjà produit deux albums (dont le<br />
dernier, salué dans ces colonnes), et de désormais arpenter les scènes du monde entier, dont celle de Lorient et de son<br />
festival, où leur show a permis de les placer sans détour sur les cartes du rock comme des fans de musique celtique. B.B.<br />
Les Insus<br />
8 juillet, American Tours Festival,<br />
Tours<br />
Tout un pan de la culture US était<br />
posé sur les bords de la Loire le<br />
temps d’un week-end dingue, chaud<br />
et surtout fun. Et c’est par dizaines<br />
de milliers que les festivaliers ont<br />
déboulé de toute l’Europe. Côté<br />
spectacle, tout le monde en a eu pour<br />
ses yeux et ses oreilles : des dizaines<br />
de petits groupes couvrant toutes les<br />
facettes de la country et du rockabilly,<br />
des shows d’Indiens, de visiteurs<br />
habillés en cow-boys ou en G.I.<br />
et, en soirée, les concerts. Le premier<br />
soir, le ton a été donné par ZZ Top et<br />
son boogie blues juteux : une setlist<br />
renouvelée, des reprises (Hendrix ou<br />
Elvis) et un show tout à l’énergie. Le<br />
lendemain, les Insus ont tout<br />
déboîté : certes, ils ne sont pas américains,<br />
mais Tours est la seule ville<br />
à ce jour à les avoir reçus deux fois.<br />
Difficile de décrire la ferveur du<br />
public lors de la montée sur scène de<br />
Jean-Louis, Richard et Louis. Un<br />
show énorme, tubes sur tubes<br />
enchaînés à un rythme diabolique.<br />
Et surtout, on est dans le cultissime.<br />
Pour cela, la jauge maxi a été<br />
atteinte : inutile de préciser que les<br />
© LORAINE ADAM<br />
68 | <strong>Rolling</strong> <strong>Stone</strong> | rollingstone.fr<br />
Septembre <strong>2017</strong>