Rolling Stone 09/2017

ROCK & ROLL
NOUVEAUX ARTISTES
Declan McKenna
À peine majeur, ce jeune prodige anglais est parti pour conquérir le monde entier.
L’evening standard parle de lui comme de “la voix de la génération
z”. Certes, mais ce n’est pas tout. À 18 ans, Declan
McKenna est un de ces petits prodiges du rock comme
l’Angleterre sait si bien les concevoir. À 8 ans, il apprend la
guitare, tout en écoutant David
Bowie, les Strokes et Jeff Buckley.
À 16 ans, après avoir enregistré
des dizaines et des dizaines de
chansons seul chez lui, il gagne le
prix Emerging Talent du légendaire
festival Glastonbury grâce
à “Brazil”, qui évoque la corruption
de la FIFA. C’est qu’il n’a pas
la langue dans sa poche, le petit
gars. Amateur de foot, il n’avait
pas supporté que la dernière
Coupe du monde soit autant viciée
par l’argent. À 17 ans, il
quitte l’école et part sur les routes
britanniques et américaines défendre
sa musique juvénile et
engagée, où il est question de
politique, d’environnement, de
genre, d’attentats, des violences
policières et de positionnement
social. Bref, tout ce qui concerne
la jeunesse d’aujourd’hui. Sachant piocher dans le punk sous influence
ska des Clash comme dans la power pop plurielle de Vampire Weekend
(Rostam Batmanglij a d’ailleurs coécrit et produit un morceau sur son
disque), McKenna maîtrise les armes du rock’n’roll avec un naturel
confondant et, surtout, un sens
mélodique étonnamment abouti
pour son âge. Il n’en faut pas plus
pour qu’on le compare à Jake
Bugg, autre jeune guitariste surdoué
apparu il y a quelques années…
Avec le penchant pour les
joints d’herbe et la moue boudeuse
en moins. Car Declan
McKenna affiche déjà un style
bien à lui, mis en valeur sur son
premier album d’une pop plurielle
mâtinée de rock et d’un on
ne sait quoi de typiquement british.
What do you think about the
car? a été majoritairement produit
par James Ford, qui a réalisé
les albums de Foals, de Depeche
Mode ou de l’un des groupes préférés
de McKenna, les Arctic
Monkeys. On lui souhaite le même
destin.
SOPHIE ROSEMONT
Pale Seas
Traversée mélodique en eaux claires.
Originaire de Southampton, ce groupe a bousculé la scène indie rock
anglaise en 2013 grâce à deux EP au charme ravageur. Puis silence
radio. Séparation, dispute, manque d’inspiration ? Que nenni : Pale
Seas a refusé les propositions alléchantes de nombre de labels pressés
et s’est enfermé en studio, sur l’île de Wight, pendant deux ans pour
peaufiner le premier album dont il rêvait. En résulte Stargazing for
Beginners, impeccable condensé de guitares saturées et de mélodies
romantiques servi par une production savante. S. R.
© SANAA ABSTAKT ; ROCK TO THE BEAT
Nova Twins
Punkettes 2.1
Découvertes sur la scène des Trans Musicales de Rennes en 2016, ces
deux donzelles londoniennes s’illustrent sur un genre singulier et
décoiffant qu’on appelle aussi l’urban punk. Amy Love et Georgia
South ne lésinent ni sur les riffs agressifs ni sur un flow trempé dans
l’acide. Après deux ans à tourner en Angleterre et en France, elles ont
sorti un premier EP très remarqué avant l’été, en attendant un premier
album qui promet de secouer, prévu pour l’automne. Oreilles
sensibles s’abstenir, le girl power est en marche et fait du bruit ! S. R.
Septembre 2017 rollingstone.fr | Rolling Stone | 39