Les Associations Pinto à travers le monde et Rabbi ... - Hevrat Pinto

La réponse est que justement ce n’est pas lui qui décide.
Pharaon n’a de prise que sur ceux parmi les juifs qui ont
rompu le contact avec la Thora : aussi toutes les autres tribus
ayant quitté la région de Gochène, se sont assimilées au
peuple égyptien, tandis que la tribu de Levy elle, est restée
fidèle à la tradition. Elle étudiait avec assiduité la Thora et
contre ces gens là, Pharaon ne pouvait rien.
« Mais pour Toi que nous subissons la mort chaque
jour » (Psaumes 44;23).
Certes il nous arriva trop souvent de sacrifier notre vie
pour sanctifier le Nom Divin (Kidouch Hachem), mais
comment le Roi David peut-il affirmer que tous les jours
sans exception nous donnons notre vie, nous mourons pour
Lui ?
Il me semble que la réponse est simple. Nous subissons
continuellement la calomnie et l’humiliation de la part des
Nations parce que nous sommes juifs. Cette honte est pire
que la mort. Prenez un juif barbu, portant chapeau, et qui
passerait dans la rue; il ne passera pas inaperçu bien sûr, ni
ne laissera les passants indifférents. Prenez-le dans le train
ou l’avion dès qu’il s’apprête à faire sa Téfila. Partout, on
lui fera comprendre qu’il est de trop et indésirable. Jusqu’en
prison même ! On lui ôtera sa Kippa, on se moquera de lui
s’il demande du cacher, et on lui lancera « sale juif » dès
qu’il voudra se défendre. Qui n’a pas connu ces situations
indignes ? Nos Sages ont dit « il est préférable de se jeter
dans une fournaise ardente plutôt que de faire honte à son
prochain » ou encore « Quiconque fait rougir son prochain
est considéré comme un meurtrier ».
En effet, ces humiliations que les enfants d’Israël
subissent sont autant de sacrifices consentis pour rester
fidèles à la Thora.
C’est à cela que David pensait lorsqu’il parlait de
sacrifices; car sentir son sang monter à la tête et ne rien dire,
puis continuer à se dévouer à la Thora sans se décourager
pour autant, ceci est sans conteste un sublime sacrifice.
Ce supplice, les juifs le vécurent aussi en Egypte. Pharaon
les réduisit à l’état de bête par l’esclavage. L’abrutissement
fut tel qu’ils perdirent longtemps conscience de leur
judaïsme jusqu’à perdre même l’espoir d’un salut.
Cette humiliation fut une grande « Kapara », réparation
dans le processus de la délivrance. C’est elle qui leur permit
de crier leur détresse et de prier D... de les sortir de cet
enfer.
Une grande question m’a longtemps préoccupé
concernant la méthode employée par Pharaon. Si elle fut
malheureusement très efficace, elle n’en est pas moins
paradoxale. Et pour cause, il s’ingénie à assimiler puis
à annihiler le potentiel spirituel des juifs, jusqu’à les
faire chuter au plus bas : la 49ème porte de l’impureté.
Cependant trois choses sauveront les juifs de la perdition
disent les Sages; ils gardèrent leurs prénoms bibliques,
leur langage hébraïque et leurs vêtements typiques. Aussi
est-il étrangement paradoxal que Pharaon n’ait pas réagi
devant ces phénomènes de contestation, contre ce dernier
réflexe juif d’autodéfense ? Pourquoi n’a-t-il pas interdit
systématiquement ces pratiques et modifié leur nom ou leur
tenue vestimentaire ?
Mais à la lumière de ce que j’ai développé sur le thème
de l’humiliation, on comprend que Pharaon, pour mieux
saper le moral et le miner, s’obstina à employer l’arme du
mépris. Il fallait qu’il reste un minimum de Judaïcité chez
l’esclave juif afin de l’injurier et de l’avilir. Il fallait viser
le juif dans ce qu’il avait encore de particulier pour que
la honte soit le coup de grâce. L’écrasement physique se
devait d’être accompagné d’une offense morale dans tout ce
que l’être a de spécifique.
Voici pourquoi Pharaon ne fit rien pour modifier ces
trois éléments. Au contraire ils firent partie de son plan
démoniaque. Ainsi la honte est une arme redoutable,
tellement redoutable que les Réchaïm (méchants) en enfer
la considèrent comme le plus grand châtiment possible. En
effet, racontent nos sages, ils devront siéger devant une
immense assemblée de Tzadikim, tandis que l’on passera
toutes les images de leur vie. Et à chaque comportement
suspect, à chaque pensée suspecte même, à chaque pêché
commis il sentiront une honte infinie, qui sera pour eux le
pire des supplices car ils voudront fuir mais ne le pourront
pas. C’est pour cela que nous disons, en parlant du jugement
après 120 ans. « Malheur à celui qui connaîtra la honte...»
Nos ancêtres en Egypte ont subi cette humiliation, mais
ont tenu tête. Ils ont su trouver les réserves nécessaires pour
réaliser la Téchouva.
Chaque année, nous lisons dans la Haggadah que chacun
de nous doit se considérer comme s’il était lui-même sorti
d’Egypte. Il me semble que cela veut dire que dès lors que
nous subissons les calomnies des autres nations, ou bien
même des autres juifs non pratiquants qui nous traitent de
fanatiques ou d’intégristes parce qu’ils se sont eux mêmes
abreuvés aux sources étrangères plutôt qu’à la source d’eau
vive qu’est la Thora, nous sommes dans la même situation
que nos ancêtres en Egypte.
Nous échapperons à cet exil, comme nous l’avons fait
en Egypte : par l’obstination et la persévérance. Puisque
nous avons nous-mêmes enclenché et mis en marche notre
Exil, nous avons les moyens de l’immobiliser. Marquer
sa différence, s’attacher à la Thora, n’est pas de nature à
exacerber les nations autour de nous, ni à les provoquer,
mais au contraire à les neutraliser et les éclairer.
« Et tous les peuples de la terre verront D... apparaître
chez toi, et ils te craindront... »
Ne nous décourageons pas, sachons que les seuls êtres
libres sur la terre sont ceux qui se soumettront à la Thora
et la pratiqueront envers et contre tout sans honte et sans
complexe.
Que cette fête de la liberté nous renforce dans cette
ambition et nous apporte la réalisation de nos voeux les plus
chers surtout dans le domaine de la Thora. Amen.
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