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PDF - 7.1 Mo - Numéro Zéro #1

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nocives à un usage plus codifié de la valeur d’exposition médiatique ce qui<br />

constitue une menace au support d’information.<br />

Deuxième version : « On s’occupe bien des artistes, on leur offre des expositions,<br />

ils ont la chance de montrer leur travail, ils vont pas en plus réclamer<br />

de quoi vivre, tout le monde n’est quand même pas une star. »<br />

Reformulation : Tout le monde ne peut pas prétendre recevoir l’argent que<br />

certains s’accaparent nominativement.<br />

- Effectivement, il y a sur la scène de l’art contemporain les grandes pontes.<br />

Ce sont les « self-made artists », on leur jettera pas la pierre, ils sont parvenus,<br />

la fin de l’œuvre en soi, parvenir, après, il faut entrer dans le labeur<br />

de la chaîne productive pour rester au niveau du mérite et c’est là qu’on<br />

commence à entrer dans la machine proprement dite, la surenchère. Celuici<br />

multiplie les assistants, celui-là s’approprie un objet rare et lui imprime<br />

sa «country touch », une signature indélébile, miserabile, et enfin y’en a qui<br />

visent l’éternité, inscrire leurs corps dans le panthéon de l’art, corps humain,<br />

extra-corps, corps d’ivoire, « self-defense » d’une vie après la mort. A croire<br />

que le mythe confine à l’universel se confondant presque avec le paysage :<br />

universaux, université, universitaire.<br />

Parce que l’histoire a besoin de ses écrivains.<br />

« L’art et la transformation de soi-même par l’usage de la parole, du sens, et<br />

de la loi internationale des flux post-médiatiques. »<br />

Une belle idée encore ! Des années de travail !<br />

Nous habituer à laisser traîner la longue chaîne des relations avec laquelle<br />

nous devons traiter.<br />

- Comment pouvons-nous éviter cet effet d’entraînement, voire d’accaparement,<br />

et au fond d’assignation ?<br />

- C’est difficile ! Prendre la question par le bout générique de ce que serait<br />

principiellement une pratique ? On serait tenté de le faire évidemment.<br />

Mais par rapport à quoi et selon qui je pourrais moi affirmer un primat de<br />

la création ? La question de l’affirmation ressurgit. A compter de quel moment<br />

ce postulat peut prendre place sans entrer en guerre avec un autre ?<br />

En premier lieu, il me semble devoir nécessairement éclairer ce complexe.<br />

Donnons lui un nom. Par exemple : le complexe d’Adipe. ça a le mérite<br />

d’être au moins amusant et ça fera contraste d’avec son précurseur enfermé<br />

dans les frasques de sa famille mono-culturelle. Ce cher monsieur Adipe<br />

ainsi que son nom le nomme a été jusqu’à maintenant enfermé dans sa<br />

pâte graisseuse, bouffi, empêtré, il se pose la question : « Mais que faire en<br />

ce monde ? ». Ici, nul besoin de lever les yeux au ciel, pas de providence<br />

à attendre, on est dans la végétation. Et l’animal tient mordicus à pousser,<br />

tropisme qui lui vient comme une nécessité.<br />

« L’embourbement ok ! -would I say- but, hors la sédimentation étendue à<br />

un registre commun à quoi pouvons-nous prétendre maintenant que nous<br />

sommes liés un chacun à l’autre ? Nous avons défait Dieu de son pinacle,<br />

nous avons inventé les sciences, mais on est pas plus heureux ! Ce siècle<br />

promis de la connaissance c’était plutôt la guerre non ? Alors ok ! (would<br />

I say) on a vite fait de dire « on revient à Dieu », mais toute conscience<br />

lucide ne pourra jamais se satisfaire d’un : « vous n’avez qu’à reprendre les<br />

vieilles recettes ».<br />

On aurait manqué quelque chose ? Faut-il faire retour à un endroit quelconque?<br />

On a déjà des théories : le retour d’un passé comme présent perpétuel,<br />

faisant surgir ses fantômes, revenus tel de la guerre, tel de la maladie, tel<br />

d’un génocide pour nous dire : « Hey les gars y’a maldonne ! ça sert à<br />

rien de forcer la machine si elle marche pas, bad direction bad trip. »<br />

J’ai quelques idées bien sûr, un peu par pragmatisme pourrais-je dire,<br />

mais encore faudrait-il que je sois exemplaire, on y est pas. « Mais, je<br />

ne suis pas.., mais, je ne suis pas, … » Je me rappelle un mot, une phrase<br />

ou une anecdote : « Faire un pas en avant dans la recherche, trois pas<br />

en arrière dans la précaution ». Je ne sais pas qui je suis, et je n’ai pas le<br />

choix de faire autrement que de l’ignorer. Parce qu’il faut avancer encore<br />

un peu, mais avancer sans sujet, ni moi-même, ni le monde.<br />

Une fois on m’a dit : « Qu’as-tu à donner ? » « <strong>Mo</strong>i ? rien… » « Alors<br />

je ne te parle pas ! ». Réponse, réponse, que devais-je faire ? En face,<br />

quelqu’un. On me présente. « Bon alors et toi qu’as-tu à donner ? »<br />

« Euh,… rien ». La répétition n’a presque rien changé la réponse reste<br />

la même de ma part. Le mot. Je me dis que quoi, je suis un artiste, ou<br />

alors j’écris, ou alors, j’essaie de comprendre comment ça marche, mais<br />

c’est pour moi. En face il y a cette personne qui me parle parce qu’elle<br />

devrait le faire. Le doit-elle ? On lui a donné le pouvoir de le faire. A quel<br />

moment ? Parce qu’elle a de l’argent ? Parce qu’elle a de l’influence ?<br />

Parce qu’elle est incontournable ? Elle me demande ce que je donne.<br />

Rien. « A cet instant, je ne veux rien… te donner». Elle me demande, elle<br />

ne me demande pas, le contexte n’est pas l’occasion pour cette personne<br />

de me demander ce que je donne, c’est indiscutable. Peut-être qu’on<br />

lui demande toujours de demander. Peut-être aussi qu’elle a elle-même<br />

le dégoût de ce qu’on ne lui donne plus le choix d’être. Mais je parle<br />

tout seul, situation d’un écho dans le vide, personne n’est en face, il y a<br />

pourtant là deux choses distinctes, mais à la place, des vagues sonores,<br />

des échos, des interfaces de néant qui se répondent par diffraction, et<br />

rien pour médiatiser la scène.<br />

III-<br />

Pour ce qui touche au médium, la production artistique a encore du<br />

travail. Je veux dire que pour la lecture, l’exploration des champs artistiques<br />

nous restons toujours à une extrême confidentialité, il y a trop<br />

peu d’aventures, d’amusements, de découvertes, alors que pourtant on<br />

nous dit : « l’art est libre !». Il faut croire que la spécialisation a fait ses<br />

émules, et qu’à force de taper sur le crâne la chose est bien rentrée.<br />

Qu’en est-il donc ?<br />

C’est l’histoire d’une responsable de centre culturel amenée par une<br />

presque audace à fréquenter un milieu qui n’est en pratique qu’une<br />

association bénévole de politique à tendance humaniste qui s’exclame<br />

: « On va tout de même pas donner une antenne aux peintres du<br />

dimanche ?? ».<br />

Je ne connais pas « les peintres du dimanche ». C’est un concept « peintre<br />

du dimanche » ? Peut-être ce type qui, lassé de son activité de la<br />

semaine, vient prêter à la peinture le pouvoir de délier ou d’enchanter<br />

son monde dans lequel il vit par nécessité plus que par contrainte -du<br />

moins dont la nécessité l’a amené par le gré de circonstances imprévues<br />

mais mécaniques à semer le doute sur l’objet qu’il aurait pu considérer<br />

comme une contrainte au point de se retrouver astreint avec une quasijouissance<br />

de son temps libre à faire ce que la nécessité alors devenue<br />

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