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LES AVATARS DU SENS ET DE LA FONCTION DANS LE ...

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hal-00765376, version 1 - 14 Dec 2012<br />

39<br />

CHAPITRE II<br />

VRO<strong>DE</strong> EN TANT QUE PRÉPOSITION LIÉE À L’APPROXIMATION<br />

Les effets de sens de vrode dans ce type de contextes correspondent à ce qu’on peut appeler,<br />

de façon un peu conventionnelle, « approximation » (cf. en français : une sorte de N / une espèce de N,<br />

quelque chose comme N). Cependant, ce groupe n’est point homogène, et il présente beaucoup de cas<br />

intermédiaires. L’effet de sens observé tend quelquefois à passer de « approximation » à<br />

« comparaison », voire à « exemplification ».<br />

Deux grands groupes de contextes se dégagent ici, selon que Y correspond en surface à un<br />

substantif générique de sens « plein » ou à un pronom indéfini. Dans le second cas, l’indiscernabilité<br />

notionnelle associable à Y est maximale, car Y n’a acune définition notionnelle préalable.<br />

2.1. Y exprimé par un substantif de sens générique (ou interprété comme tel)<br />

Pour comprendre la spécificité de ce groupe de contextes, analysons l’exemple suivant :<br />

(1) U podnožija [xolma] zaleglo boloto, porosšee vysokoj travoj vrode kamyša. (XD : 70) – Au pied<br />

de la colline, s’étend un marécage recouvert d’une herbe haute / de hautes herbes du genre de joncs /<br />

d’une herbe haute ressemblant à des joncs.<br />

On notera la différence de cet exemple par rapport aux contextes qui seront vus au chap. IV :<br />

X n’exemplifie pas Y, mais X fait partie de la notion Y : Y peut être considéré comme une notion<br />

générique, alors que X correspond à une notion spécifique dans le cadre d’une taxonomie « naturelle »<br />

non scientifique (le jonc fait partie des « herbes » au sens large).<br />

Mais il faut souligner qu’en surface, Y est exprimé par un GN désignant en principe une classe<br />

(l’herbe ou plantes herbacées en général), mais qu’en réalité, ce GN réfère à un objet inconnu et/ou<br />

difficile à identifier. C’est donc la problématique de la définition d’une occurrence qui se pose de cette<br />

façon : sachant que c’est une espèce d’« herbe », c.-à-d. une plante herbacée inconnue, on cherche à<br />

identifier ou à dénommer cette plante herbacée en la rapprochant de la notion de « jonc ».<br />

L’opération se présente de la façon suivante : une occurrence innommée (« l’espèce de<br />

végétation qui pousse dans cet endroit ») est définie d’abord par rapport à Y (notion générique :<br />

« herbe, plantes herbacées »), laquelle est mise ensuite en rapport avec X (notion spécifique :<br />

« joncs »). L’effet de sens « approximation » s’explique par le fait que l’indiscernabilité première est<br />

maintenue : les plantes herbacées en question ne sont pas exactement ce qu’on appelle joncs au sens<br />

strict du terme. Normalement (en cas de dénomination exacte, normale), l’occurrence « l’espèce de<br />

végétation qui pousse dans cet endroit » devrait être dénommée soit par herbes / plantes herbacées,<br />

soit par joncs. Le recours, dans un acte de dénomination, au nom générique et au nom spécifique à la<br />

fois est l’indice du fait que l’établissement d’une dénomination exacte est problématique. On<br />

remarquera cependant qu’en absence de marqueur, la coexistence d’une dénomination générique avec<br />

une dénomination spécifique concernant le même objet n’est pas forcément l’indice d’une<br />

approximation, cf. :<br />

(2) On prišël so svoej sobakoj, lajkoj ‘Il est venu avec son chien, un husky’.<br />

Certes, on sait qu’un husky correspond à une race qui fait partie de l’espèce canine. Or, on<br />

s’aperçoit qu’un énoncé comme<br />

(3) Boloto poroslo vysokoj travoj, ?kamyšom ‘Le marécage est recouvert de hautes herbes, de joncs’<br />

est quelque peu anormal, si on veut garder le même rapport « nom générique / nom<br />

spécifique » que celui de l’exemple précédent, peut-être à cause du fait que les joncs ne sont pas tout à<br />

fait le prototype de la classe des « herbes » ou de celle des « plantes herbacées » (cf. les travaux de<br />

E. Rosch 1977, 1981 sur la prototypicité ; voir également un aperçu très pertinent de cette<br />

problématique dans Kleiber 1990). Il est vrai que le jonc n’est pas quelque chose que l’on définirait<br />

spontanément, dans le langage quotidien, comme herbe. On voit la complexité du problème. On

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