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LES AVATARS DU SENS ET DE LA FONCTION DANS LE ...

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hal-00765376, version 1 - 14 Dec 2012<br />

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donc tout à fait légitime que l’on trouve to-nibud’ vrode dans des contextes à prédicat modalisé ou<br />

négativé, cf. :<br />

(23) Deniske bylo uže okolo dvadcati let, služil on v kuerax i sobiralsja ženit’sja, no ne perestal byt’<br />

ešë malen’kim. On oen’ ljubil puskat’ zmej, gonjat’ golubej, igrat’ v babki, begat’ vdogonki i vsegda<br />

vmešivalsja v detskie igry i ssory. Nužno bylo tol’ko xozjaevam ujti ili usnut’, toby on zanjalsja emnibud’<br />

vrode prygan’ja na odnoj nožke ili podbrasyvanija kameškov. (RP : 85-86, Step’, II)<br />

Deniska avait déjà vingt ans environ, il travaillait comme cocher et voulait se marier, mais il<br />

se comportait toujours comme un gamin. Il adorait lancer des cerfs-volants, faire voler les pigeons,<br />

jouer aux osselets, courir pour attraper un copain et se mêlait tout le temps des jeux et des querelles<br />

d’enfants. Il suffisait que ses maîtres s’éloignassent ou s’endormissent, pour qu’il s’occupât de<br />

quelque chose comme (par exemple) sauter à cloche-pied ou jeter en l’air des petits cailloux.<br />

On remarque que dans cet exemple, em-nibud’ vrode n’est pas associé à un effet de sens<br />

qu’on peut définir comme ‘approximation’. Il ne s’agit pas de dire que l’occupation à laquelle Deniska<br />

se livre de temps en temps n’a pas de dénomination exacte, qu’elle ne peut être décrite<br />

qu’approximativement comme « sauter à cloche-pied » ou « jeter en l’air des petits cailloux ». Par<br />

conséquent, une lecture au sens de dénomination approximative est exclue dans un exemple comme<br />

celui-là. Bien au contraire, le narrateur dit que parmi les occupations auxquelles Deniska pouvait se<br />

livrer, on peut en distinguer deux que l’on donne à titre d’exemple. C’est proche d’un fonctionnement<br />

de type « exemplification » (plus exactement, quasi-exemplification intensionnelle, cf. chap. IV, 4.1).<br />

Il est possible d’avoir une transformation (23’) :<br />

(23’) ... toby on zanjalsja em-nibud’, naprimer, prygan’em na odnoj nožke ili podbrasyvaniem<br />

kameškov.<br />

Par ailleurs, em-nibud’ peut être remplacé par un substantif générique comme<br />

igra (accompagné ou du déterminant kakaja-nibud’) :<br />

(23’’) toby on zanjalsja (kakoj-nibud’) igroj vrode prygan’ja na odnoj nožke ili podbrasyvanija<br />

kameškov.<br />

Passons à un autre type de contextes avec to-nibud’ vrode, contextes qui présentent un X<br />

d’une nature bien particulière. Notre corpus comporte des exemples avec to-nibud’ vrode introduisant<br />

des citations de phrases stéréotypées ou prévisibles dans telle ou telle situation. Cf. :<br />

(24) On to-to userdno risoval v svoej tetradi. Vadim zagljanul emu erez pleco : to on tam risuet ?<br />

Okazalos’, golyx ženšin. Vadim voobše takix risunkov ne ljubil, no èti pokazalis’ emu vypolnennymi<br />

dovol’no iskusno. Posle lekcii oni pošli vmeste. Vadim sprosil : - Ty to, xudožnik ? I ožidal v otvet<br />

to-nibud’ vrode izbitogo : « Da, ot slova xudo ». No Klavoka skazal drugoe : - Ja nikto. - I<br />

podmignul kruglym karim glazom iz-pod tresnuvšego stekla. (GVP : 69)<br />

– Il s’appliquait à faire des dessins sur son cahier. Vadim y jeta un regard par-dessus son<br />

épaule : que pouvait-il bien dessiner ? Il vit que c’étaient des femmes nues. En principe, Vadim<br />

n’aimait pas les dessins de ce genre, mais ceux-là lui semblaient exécutés avec une certaine maîtrise.<br />

Ils sortirent du cours ensemble. Vadim lui demanda : - Alors, tu dessines ? (mot-à-mot : tu es<br />

dessinateur ?) Il s’attendait à ce que l’autre lui répondît quelque chose comme la phrase banale<br />

« Ouais, je m’occupe… » 23 Mais Klavoka répondit autrement : - Moi, je ne suis personne. – Et il lui<br />

fit un clin d’œil, de son œil rond marron caché derrière le verre fêlé de ses lunettes.<br />

On constate tout d’abord que to-nibud’ vrode est associé ici à un prédicat modalisé (lié à une<br />

attente, cf. le verbe ožidal), un peu comme dans (22). Cependant, il y a ici une particularité liée à<br />

l’existence de deux interprétations qui nous semblent possibles. On peut comprendre, premièrement,<br />

que Vadim s’attendait à entendre une réponse dans le genre de Da, ot slova « xudo », mais sans penser<br />

en particulier à cette forme de réponse stéréotypée (autrement dit, la classe associable à Y est définie<br />

23 C’est un jeu de mots presque intraduisible en français : xudožnik ‘peintre ; dessinateur’ est plus ou moins<br />

homophonique avec xudo ‘mal’. Il s’agit d’une réponse stéréotypée que les Russes peuvent faire - par modestie<br />

ou ironie - à quelqu’un qui leur fait des compliments sur leur dessin ou leur peinture, avec un sens proche de « Je<br />

ne suis qu’un petit dessinateur (peintre) ».

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