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LES AVATARS DU SENS ET DE LA FONCTION DANS LE ...

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hal-00765376, version 1 - 14 Dec 2012<br />

7<br />

cognitives de la linguistique contemporaine, ainsi que sur la perspective diachronique. Selon B. Croft<br />

(1999 : 256), l’une des caractéristiques essentielles de l’explication des faits de langue dans une<br />

approche fonctionnaliste et typologique est le rôle attribué aux données historiques (travaux de B.<br />

Comrie, T. Givon, P. Hopper, J. Bybee, E. Traugott, C. Lehmann, B. Heine, J. Hawkins, E. Sweetser,<br />

voir Bibliographie). Le recours à l’explication diachronique s’impose dans la mesure où elle permet de<br />

rendre compte de plusieurs phénomènes linguistiques de la façon la plus « naturelle ».<br />

Plusieurs notions éclairantes ont été fournies par les grammaires cognitives nord-américaines<br />

qui se sont développées dans le sillage de G. Lakoff (1987), R. Langacker (1987) ou L. Talmy (2000).<br />

Une analyse très représentative de ce courant est celle de la polysémie de over en anglais,<br />

proposée par C. Brugman (1988) : les différents sens de over correspondent à divers types de relations<br />

spatiales, qui donnent lieu à des représentations imagées (depictions) ; dans la perspective d’une<br />

sémantique des prototypes, on considère que le marqueur connaît des significations « primaires »<br />

(prototypiques) à partir desquelles sont dérivées des significations « non primaires » ; contrairement à la<br />

sémantique componentielle, on cherche non pas à définir un ensemble de conditions nécessaires et<br />

suffisantes caractérisant la signification du marqueur, mais à définir les éléments qui déterminent le<br />

degré auquel une configuration peut être écrite de façon appropriée à l’aide du marqueur over plutôt<br />

qu’à l’aide d’autres marqueurs comme p. ex. across ou above. Ainsi les différents sens de over<br />

dépendront de facteurs comme : la taille et la forme de l’objet-source, sa complexité interne, la taille et<br />

la forme de l’objet-cible, l’orientation horizontale / verticale de ce dernier, une relation de verticalité<br />

entre la source et la cible, une trajectoire réelle ou implicite entre les deux, les frontières de la cible, un<br />

contact physique ou une absence de contact entre source et cible. Le côté fort des grammaires<br />

cognitives est d’élaborer des schémas à fort contenu perceptuel et dynamique ; la prééminence de<br />

notions spatio-temporelles liées à la perception visuelle est prise comme un point de départ (un parti<br />

pris inhérent à toute théorie à base « cognitive »).<br />

Autres approches et présupposés théoriques dont nous tenons compte<br />

Dans le cadre de cette étude, nous trouvons stimulantes certaines idées de la théorie des<br />

opérations énonciatives (qui s’inscrit en partie dans une longue tradition française de la linguistique de<br />

l’énonciation, cf. les travaux de E. Benveniste), développée par A. Culioli et par d’autres linguistes de<br />

ce courant énonciativiste 7 . En se fondant sur l’observation précise des comportements d’un lexème<br />

grammaticalisé qui se manifestent dans les contextes, on passe de l’analyse d’une ramification de sens<br />

(telle qu’il se présente dans les dictionnaires) à celle d’un fonctionnement permettant d’établir<br />

l’organisation de ce réseau dans des combinatoires spécifiques. Ce déplacement implique une approche<br />

(dont l’idée est formulée par Culioli 1987 : 18-19), selon laquelle les formes textuelles correspondent<br />

non pas aux supports immédiats d’un sens (conception instrumentale du langage), mais aux traces des<br />

enchaînements d’opérations qui ont produit ces formes et en permettent la reconstruction<br />

(interprétation). On peut y distinguer trois niveaux :<br />

- niveau 1 est un niveau de représentation, où représentation renvoie à la représentation mentale<br />

(cognitive) ;<br />

- niveau 2, celui des représentations linguistiques, et qui sont la trace de l’activité de<br />

représentation de niveau 1 ; mais il n’y a pas de relation terme à terme entre les représentations de<br />

niveau 1 et les représentations de niveau 2 ;<br />

- niveau 3, celui de la construction explicite de représentations métalinguistiques (1987 : 19).<br />

Par ailleurs, nous retenons l’idée selon laquelle la construction des représentations linguistiques<br />

peut se révéler dans une analyse diachronique qui rend compte de la forme interne des lexèmes<br />

grammaticalisés tels que allemand vielleicht ‘peut-être’ : ce dernier renvoie à une représentation qui<br />

7 Je tiens à remercier Ch. Bonnot (Professeur à l’INALCO), ainsi que D. Paillard (Directeur de recherches, U.<br />

Paris 7), de leurs remarques et critiques (faites en 1995-1997) qui ont permis d’améliorer certaines parties de la<br />

présente étude et de préciser certaines formulations.

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