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sur les <strong>au</strong>tres parties du globe - <strong>ce</strong>lles qui n'ont pas été assainies - est vrai, si les populations<br />
qui les habitent sont <strong>au</strong>ssi s<strong>au</strong>vages et désespérées qu'on le prétend. Je serais prête à parier<br />
qu'il s'agit également d'un mensonge, que <strong>ce</strong>s endroits ressemblent à Portland, qu'ils<br />
possèdent leurs propres murs, leurs propres barrières et semi-vérités, mais que là-bas,<br />
l'amour voit toujours le jour, même s'il est imparfait.<br />
— Tu comprends pourquoi je dois partir, reprends-je.<br />
Ce n'est pas vraiment une question, pourtant Hana opine.<br />
— Ouais, lan<strong>ce</strong>-t-elle en se secouant légèrement comme pour se tirer d'une rêverie - avant<br />
d'ajouter, le regard triste mais un petit sourire <strong>au</strong>x lèvres : Tu vas entrer dans la légende,<br />
Lena Haloway.<br />
— Bien sûr, répliqué-je en levant les yeux <strong>au</strong> ciel. Je risque surtout d'être citée comme<br />
m<strong>au</strong>vais exemple !<br />
Je me sens mieux, pourtant. Elle m'a appelée par le nom de ma mère, pour me montrer<br />
qu'elle a saisi.<br />
— Je suis sérieuse, réplique-t-elle en chassant des cheveux de son visage, les yeux plantés<br />
<strong>au</strong> fond des miens. J'avais tort, tu sais. Tu te souviens de <strong>ce</strong> que j'ai dit <strong>au</strong> début de l'été ? Je<br />
croyais que tu avais peur. Je croyais que tu avais trop peur pour prendre des risques.<br />
Un sourire triste étire de nouve<strong>au</strong> ses lèvres. Elle poursuit :<br />
— Tu es plus courageuse que moi, en réalité.<br />
— Hana...<br />
— Ne te bile pas, m'interrompt-elle en balayant mon objection d'un revers de la main. Tu le<br />
mérites. Tu le mérites plus que moi.<br />
J'ignore comment répondre à ses propos. Je voudrais l'étreindre, mais je me borne à<br />
enrouler mes bras <strong>au</strong>tour de ma taille et de serrer. La brise qui monte de l'océan me pin<strong>ce</strong>.<br />
— Tu me manqueras, Hana, dis-je <strong>au</strong> bout d’une minute.<br />
Elle fait quelques pas vers l'e<strong>au</strong> et donne un coup de pied dans le sable. Les grains<br />
semblent se figer dans les airs une fraction de seconde avant de s'éparpiller.<br />
— Eh bien, tu s<strong>au</strong>ras toujours où me trouver, lâche-t-elle.<br />
Pendant un moment, nous nous contentons d'écouter la marée qui aspire le rivage, les<br />
vagues qui charrient et roulent des bouts de roche, lesquels seront réduits en grains de sable<br />
d'ici des milliers d'années. Un jour peut-être, il n'y <strong>au</strong>ra plus que de l'e<strong>au</strong>. Un jour peut-être,<br />
tout ne sera plus que poussière.<br />
Soudain, Hana fait volte-fa<strong>ce</strong> et s'écrie :<br />
— Viens ! La première à la piste de course !<br />
Elle s'élan<strong>ce</strong> sans avoir attendu ma réponse.<br />
— Tu triches !<br />
Je ne mets pas be<strong>au</strong>coup de volonté à la rattraper, pourtant. Je la laisse conserver son<br />
avan<strong>ce</strong> et me con<strong>ce</strong>ntre plutôt pour la mémoriser telle quelle : mon amie qui court et qui rit,