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ouche, et le silen<strong>ce</strong> tombe sur la piè<strong>ce</strong>. Je ferme les yeux le temps que la douleur s'atténue<br />

et j'essaie de démêler le brouhaha qui monte du rez-de-ch<strong>au</strong>ssée, <strong>au</strong>quel s'ajoute le bruit<br />

des pas et de la télévision dans la cuisine, mais je ne parviens pas à isoler des phrases.<br />

Rachel finit par demander :<br />

— Que s'est-il passé <strong>ce</strong> soir, Lena ?<br />

En rouvrant les yeux, je constate qu'elle me fixe toujours.<br />

— Tu crois vraiment que je vais te le dire ?<br />

— Je suis ta sœur, rétorque-t-elle en secouant presque imper<strong>ce</strong>ptiblement la tête.<br />

— Comme si ça avait la moindre signification pour toi.<br />

Elle a un léger mouvement de recul, de quelques millimètres à peine, puis se ressaisit<br />

<strong>au</strong>ssitôt. Elle reprend, de marbre :<br />

— Qui était-<strong>ce</strong> ? Qui t'a contaminée ?<br />

— C'est apparemment la question que tout le monde se pose !<br />

Je roule sur le côté pour lui tourner le dos. J'ai froid.<br />

— Si tu es venue me cuisiner, tu perds ton temps, Rachel. Tu ferais mieux de rentrer chez<br />

toi.<br />

— Je suis venue par<strong>ce</strong> que je suis inquiète.<br />

— Pour qui ? Pour la famille ? Pour notre réputation ?<br />

Je garde les yeux obstinément rivés sur le mur et je remonte le min<strong>ce</strong> couvre-lit jusqu'à<br />

mon menton avant de poursuivre :<br />

— À moins que tu ne redoutes que tout le monde croie que tu étais <strong>au</strong> courant? Tu crains<br />

d'être cataloguée Sympathisante ?<br />

— Ne sois pas odieuse, soupire-t-elle. Je me fais du souci pour toi. Je suis sincère, Lena. Je<br />

veux ta sécurité. Je veux ton bonheur.<br />

Je tourne la tête vers elle, alors qu'un sentiment de colère et, plus pr<strong>of</strong>ondément, de haine,<br />

s'empare de moi. Je la hais. Je la déteste de m'avoir menti. Je la déteste d'avoir prétendu<br />

qu'elle tenait à moi, d'avoir osé employer le mot sincère devant moi.<br />

— Tu n'es qu'une menteuse, craché-je. Tu savais pour maman.<br />

Cette fois, le masque tombe. Elle recule franchement.<br />

— De quoi est-<strong>ce</strong> que tu parles ?<br />

— Tu savais qu'elle n'avait pas... qu'elle ne s'était pas réellement suicidée. Tu savais qu'ils<br />

l'avaient emmenée.<br />

Rachel me considère à travers ses p<strong>au</strong>pières plissées.<br />

— Je ne comprends pas de quoi tu parles, Lena, absolument pas.<br />

Je réalise alors que, sur <strong>ce</strong> point <strong>au</strong> moins, j'avais tort.<br />

Rachel n'est pas <strong>au</strong> courant. Un mélange de soulagement et de regret me gagne.<br />

— Rachel, dis-je plus dou<strong>ce</strong>ment. Elle était dans les Cryptes. Elle était là-bas tout <strong>ce</strong>

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