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Un sifflement strident, pareil à un cri, une matraque figée momentanément dans les airs.<br />
La matraque s'abat, le chien grogne, une douleur cuisante me parcourt.<br />
Puis c'est le noir.<br />
Lorsque je rouvre les yeux, le monde semble avoir explosé en un millier de mor<strong>ce</strong><strong>au</strong>x. Il se<br />
réduit à de minuscules éclats de lumière, flous, qui tourbillonnent comme dans un<br />
kaléidoscope. Je cligne des p<strong>au</strong>pières, plusieurs fois, et, progressivement, les éclats se<br />
réunissent pour former une cloche lumineuse et un plafond couleur crème orné d'une énorme<br />
tache d'humidité rappelant une chouette. Ma chambre. La maison. Je suis à la maison.<br />
Mon corps est parcouru de picotements, j'ai l'impression d'avoir été percée d'aiguilles un<br />
peu partout, et je n'ai qu'une envie, m'abandonner contre mes oreillers moelleux et sombrer<br />
dans l'obscurité et l'oubli du sommeil, le temps que ma migraine se dissipe. Puis je me<br />
souviens : le cadenas, l'attaque, l'essaim d'ombres. Et Alex.<br />
J'ignore <strong>ce</strong> qu'il est advenu d'Alex.<br />
Je vacille, tente de m'asseoir, mais la douleur aiguë qui m'élan<strong>ce</strong> du sommet du crâne à la<br />
nuque me contraint de reprendre appui sur les oreillers, en haletant. Je ferme les yeux et<br />
j'entends la porte de ma chambre s'entrebâiller : les bribes d'une conversation enflent<br />
soudain depuis le rez-de-ch<strong>au</strong>ssée. Ma tante parle à quelqu'un dans la cuisine, un homme<br />
que je n'identifie pas. Un Régulateur, très <strong>ce</strong>rtainement.<br />
Des bruits de pas traversent la chambre. Je garde les p<strong>au</strong>pières closes, feignant de dormir,<br />
alors que quelqu'un se penche <strong>au</strong>-dessus de moi. Un souffle tiède vient me chatouiller la<br />
nuque.<br />
Puis d'<strong>au</strong>tres pas dans l'escalier, et la voix de Jenny, grinçante, à la porte :<br />
— Qu'est-<strong>ce</strong> que tu fabriques ici ? Tante Carol t'a interdit de t'approcher. Redes<strong>ce</strong>nds avant<br />
que j'aille la prévenir.<br />
Un poids se soulève du lit et des pas légers s'éloignent rapidement vers le couloir.<br />
J'entrouvre les p<strong>au</strong>pières, à peine, mais suffisamment pour voir Grâ<strong>ce</strong> se f<strong>au</strong>filer sous le bras<br />
de Jenny, qui est plantée dans l'embrasure de la porte. Grâ<strong>ce</strong> voulait sans doute s'assurer<br />
que j'allais bien. Je referme les yeux tandis que Jenny fait quelques pas hésitants dans ma<br />
direction.<br />
Elle pivote subitement sur les talons et détale en s'écriant :<br />
— Elle dort encore !<br />
Elle referme la porte derrière elle, mais une dernière phrase a le temps de me parvenir<br />
depuis la cuisine :<br />
— Qui était-<strong>ce</strong> ? Qui l'a contaminée ?<br />
Cette fois, je ne me laisse pas le choix : je m'assieds dans le lit malgré la douleur qui me<br />
vrille la tête et l'affreuse sensation de vertige qui accompagne chacun de mes mouvements.<br />
Je tente de me lever, mais mes jambes se dérobent et j'atterris par terre, d'où je rampe<br />
jusqu'à la porte. Même me mettre à quatre pattes me demande un effort surhumain, et je<br />
m'étale sur le sol en tremblant, alors que la piè<strong>ce</strong> continue à tanguer, pareille à une