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Automne 2009 - 425 Alouette

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Visages<br />

adorée pour raconter des histoires sur sa vie là-bas. Il<br />

ne se plaint jamais des conditions de vie épouvantables<br />

qu’il doit endurer chaque jour.<br />

Le 10 octobre 1915<br />

Ma très chère Délima,<br />

… Bien que quelque chose puisse m’arriver, j’espère vous<br />

revoir tous après la guerre. Nous sommes sur le champ de<br />

bataille, mais nous ne pouvons pas discuter de l’endroit<br />

où nous sommes. J’agis comme messager à cheval depuis<br />

15 jours pour l’état-major. Je me lève à 5 h 30 et je dois<br />

me rendre à l’état-major pour 8 h et, le soir, je termine<br />

bien après 21 h. C’est tellement ennuyeux ici. Au moins,<br />

nous entendons le bruit des balles et des canons, ce qui<br />

nous empêche de devenir fous. Nous mangeons bien et<br />

dormons à l’extérieur, mais je suis en bonne santé. Je ne<br />

peux envoyer quoi ce soit aux enfants parce que nous ne<br />

pouvons rien acheter ici.<br />

C’est très triste. La guerre est très triste, mais nous en<br />

parlerons lorsque je rentrerai à la maison… Je pense<br />

à toi tout le temps. J’espère que vous êtes tous en très<br />

bonne santé. Assure-toi que les enfants sont habillés bien<br />

chaudement et achète-leur des souliers… Je suis très<br />

heureux d’apprendre que les enfants prient pour moi. Disleur<br />

que je les remercie du plus profond de mon cœur…<br />

Le nom « Jeanne » pour notre nouvelle fille est très joli et<br />

j’espère qu’elle vivra assez longtemps pour que je puisse la<br />

voir…<br />

Donc, Délima, je t’embrasse et ne t’inquiète pas pour<br />

moi… Ici, il pleut toute la journée, chaque jour. Nous<br />

sommes dans la boue tout le temps… Écris-moi souvent,<br />

mais je ne pourrai peut-être pas t’écrire chaque semaine.<br />

Ton mari qui t’aime, Napoléon.<br />

Le Chaînon, <strong>Automne</strong> <strong>2009</strong><br />

Ma grand-mère est son seul relais avec le monde<br />

extérieur.<br />

Le 19 octobre 1915<br />

Ma très chère Délima,<br />

Je viens tout juste de recevoir deux de tes lettres, ce<br />

qui m’a rendu très heureux parce que je n’avais reçu<br />

aucune autre lettre auparavant. Tu me demandes si les<br />

choses vont bien ici. Je t’assure que les choses ne sont pas<br />

comme elles l’étaient à Valcartier. Ici nous sommes sur<br />

le champ de bataille. Nous n’avons pas le temps d’aller<br />

nulle part. Nous travaillons tout le temps et nous sommes<br />

très fatigués, et lorsque nous avons quelques moments<br />

de répit, nous nous reposons. Nous mangeons et nous<br />

dormons à l’extérieur dans nos uniformes parce que nous<br />

nous levons à tout moment durant la nuit. Je t’assure<br />

qu’il y a plusieurs soldats qui sont très mécontents. Les<br />

Allemands ont tout détruit, partout où nous allons. J’ai<br />

été messager quelque temps, mais plus maintenant, et j’en<br />

suis très content.<br />

Je suis en bonne santé et tu as dû recevoir mes lettres<br />

de la France parce je n’ai pas arrêté de t’écrire. Je viens<br />

tout juste de revenir ce soir et on m’a remis deux de<br />

tes lettres; je ne suis donc plus fatigué. C’est pourquoi<br />

je t’écris en ce moment. Je suis dans une grange, mais<br />

il n’y a pas de portes ni de clochers et je n’ai qu’une<br />

chandelle pour pouvoir t’écrire, et j’entends les canons<br />

au loin… J’ai pris du poids en raison de ma misère. Je<br />

pèse maintenant un peu moins de 70 kilos. Si je devais<br />

mourir, le gouvernement s’occupera de toi et il n’y a donc<br />

pas de raison de prendre une assurance. Assure-toi que<br />

les enfants sont habillés chaudement et achète-leur les<br />

souliers dont ils ont besoin…<br />

J’écris sur le dos de mon chapeau. Nous n’avons même<br />

pas une place pour écrire… Au revoir et fait du caramel<br />

pour les enfants. Ici, nous n’avons pas le temps d’en faire.<br />

Je serai toujours ton mari qui t’aime, Napoléon.<br />

J’ai confiance que les enfants apprennent bien à l’école<br />

pour qu’ils puissent m’écrire.

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