Automne 2009 - 425 Alouette

sont tellement reconnaissants envers
les Canadiens, je n’en croyais pas
mes yeux », relate M me Bourdeau.
Les gens ont défilé à pied sur la
Grande Rue de la commune. À la
stèle — un monument érigé en 1993
à l’entrée du village en mémoire
des six aviateurs — ils ont déposé
Darlene Daudlin, la nièce de Théodore Doucette,
s’est jointe à Anita Bourdeau pour les cérémonies
tenues en juillet dernier en hommage à son oncle.
2 Le Chaînon, Automne 2009
des gerbes de fleurs. Ils s’étaient
d’abord rendus en autobus dans un
champ où se dresse un monument
de granit noir pour marquer le lieu
de l’écrasement.
Prochain arrêt : le cimetière. Là, c’est
lors d’une cérémonie solennelle, et
avec Darlene Daudlin à ses côtés,
qu’Anita Bourdeau a déposé une
plaque qu’elle avait fait bénir
en octobre 2008, à Sudbury, par
l’évêque du diocèse de Sault-Sainte-
Marie, Jean-Louis Plouffe. C’est à
l’occasion du congrès du Richelieu
International que M gr Plouffe avait
célébré une messe en hommage à
ce fils de Sudbury mort au combat.
L’inscription sur la plaque se lit
ainsi : « Seigneur, en le détachant de
notre affection, vous nous avez laissé
l’espoir qu’il serait heureux près de
vous ».
Qui plus est, Anita Bourdeau avait
également apporté avec elle une
petite quantité de terre soutirée à
Anita Bourdeau a saupoudré sur la tombe de Théodore Doucette de la terre provenant de la tombe de la
famille Doucette au cimetière Notre-Dame à Sudbury.
Mémoires
proximité de la pierre tombale de la
famille Doucette, à Sudbury, où l’on
peut y lire le nom de Théo, aux côtés
de ceux des membres de sa famille,
dont son frère Léo, son jumeau
identique, décédé en 1950 lorsque
l’avion qu’il pilotait s’est abîmé dans
les Rocheuses.
À l’occasion de la cérémonie à
Mussey-sur-Marne l’été dernier,
M me Bourdeau a saupoudré cette
terre à l’endroit même où repose
Théodore Doucette. Consciente
que cette terre ne pouvait être
importée à l’état pur, elle s’était
renseignée auprès du ministre de
l’Agriculture où on lui a indiqué
comment chauffer la terre à une
température élevée pour y retirer les
contaminants possibles.
À la tombe de l’aviateur, elle avait,
l’été précédent, retiré quelques petits
cailloux qu’elle a déposés au seuil
de la tombe familiale au cimetière
de Sudbury. Par ces gestes, la famille
Doucette est à tout jamais réunie.
Lors de la cérémonie en l’église
paroissiale Notre-Dame-de-la-
Nativité, M me Bourdeau a lu les
intentions de messe. Puis, le prêtre
Pierre Mathey a prononcé une
homélie (voir extrait en page 28)
portant sur les « six envoyés,
ensemble, pour une mission de
guerre et de paix ». Le silence régnait
à l’intérieur des murs de cette église
du XIII e siècle. Après la messe,
M me Bourdeau a été invitée à dire un
mot. La gorge nouée, cette grande
dame à fière allure a lu une lettre
(voir lettre à la page 27) comme si
elle s’adressait directement au souslieutenant
Doucette. Une fois de
plus, l’heure était au recueillement.