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Patronymes, etc.<br />
Germain, précisant son rôle exclusif<br />
de soutien auprès de la jeune fille.<br />
J’ai pu calculer la date de naissance<br />
approximative de Marie à partir<br />
de ses déclarations d’âge – assez<br />
constantes dois-je ajouter – aux<br />
recensements de 1851, 1861 et 1881.<br />
Tout porte à croire qu’elle serait née<br />
entre 1805 et 1806. Effectivement,<br />
j’ai retrouvé, dans les registres de<br />
Sainte-Rose, un baptême en date<br />
du 30 juin 1806 pour une petite fille<br />
inscrite Marie Marguerite Illégitime.<br />
Le parrain est ... Labelle et la<br />
marraine Marguerite Desjardins dite<br />
Zacharie. Est-ce le baptême de ma<br />
trisaïeule? Faute de mieux, j’aime y<br />
croire, ne serait-ce que pour la situer<br />
dans son temps et lui restituer une<br />
identité cachée par des interdits<br />
religieux et sociaux.<br />
Entre 1829 et 1852, Joseph et Marie<br />
auront eu 13 enfants, tous nés et<br />
baptisés à Sainte-Thérèse. Leur vie<br />
s’écoule au rythme des saisons, à<br />
faire fructifier leur terre et à élever<br />
leur nombreuse famille. Après le<br />
décès de Joseph, le 14 mars 1865, on<br />
retrouve Marie, déjà d’âge avancé,<br />
accompagnée d’Angélique, sa fille<br />
célibataire, servantes chez les Clercs<br />
de Saint-Viateur à Saint-Eustache tel<br />
qu’indiqué au recensement de 1881.<br />
Marie décède le 21 septembre 1889 à<br />
Saint-Eustache et est inhumée le 24<br />
suivant dans le cimetière de Sainte-<br />
Thérèse. On lui donne l’âge de<br />
86 ans (le seul écart avec ses propres<br />
déclarations.) Ses gendres Louis<br />
Labonté et Philias Cadieux font<br />
fonction de témoins. Frère Etienne<br />
Lussier c.s.v. se déplace de Saint-<br />
Eustache à Sainte-Thérèse pour les<br />
funérailles de sa servante. Il signe<br />
le registre avec les Pères Joseph<br />
44 Le Chaînon, <strong>Automne</strong> <strong>2009</strong><br />
Octave Labonté et Timothée Sauriol.<br />
C’est l’abbé Erménégilde Cousineau<br />
qui officie aux funérailles. Les<br />
signatures de ces religieux, tous trois<br />
professeurs au Séminaire de Sainte-<br />
Thérèse, pointent vers la célébration<br />
d’une grand-messe solennelle dont<br />
je fus souvent témoin dans ma<br />
jeunesse pour les funérailles de<br />
gens estimés ou fortunés. J’y lis une<br />
manifestation d’affection profonde<br />
de la part de ses enfants et une<br />
marque de haute estime des gens de<br />
son entourage.<br />
Ses filles Marie, Flavie, Rose-de-<br />
Lima et Henriette laisseront une<br />
descendance dans les Laurentides.<br />
Alfred fera principalement<br />
souche dans le comté de Deux-<br />
Montagnes. Cyrille, ferblantier de<br />
métier, s’installera à Saint-Eugène<br />
de Prescott en Ontario. Quant à<br />
Gédéon, ferblantier puis menuisier,<br />
connu et marié sous le nom de<br />
Napoléon, il partira de North<br />
Stuckley au Québec pour s’établir<br />
à Plymouth au Massachusetts. Je<br />
détiens des renseignements obtenus<br />
de ces cousins américains, retrouvés,<br />
heureux hasard, lors d’une demande<br />
dans une revue généalogique.<br />
Malheureusement, seul le sort<br />
de Joseph, leur frère ainé, m’est<br />
inconnu. Il est cité au recensement<br />
de 1861 chez ses parents, âgé de<br />
27 ans.<br />
Les enfants ont sûrement dû être<br />
au courant de la vraie identité de<br />
leur mère mais, à travers les actes<br />
religieux, ils respectent son nom<br />
d’adoption Labelle... à moins que ce<br />
ne soit le nom de son père naturel.<br />
Ils n’emploient jamais celui de<br />
Nadon. Sauf les officiants, à deux<br />
reprises. Seulement Henriette<br />
l’appelle Marguerite. Évidemment,<br />
le surnom Lapille disparaît,<br />
étant associé au matronyme<br />
habituellement non transmis aux<br />
enfants.<br />
Quand mon arrière-grand-père<br />
Octave s’établit à Cyrville, près<br />
d’Ottawa, son épouse Erméline<br />
vient rejoindre sa sœur Octavie<br />
Deschambault, épouse de Michel<br />
Cyr, fils du fondateur du village<br />
portant désormais leur nom. Ma<br />
famille a toujours cité cette raison<br />
pour leur venue en Ontario. Sans<br />
aucun doute, Octave était au courant<br />
de l’établissement de son oncle Paul<br />
à Embrun et de son déménagement<br />
vers 1878 à Cyrville, et Nelson a<br />
dû connaître son grand-oncle et<br />
ses enfants, les familles demeurant<br />
à quelques maisons les unes des<br />
autres. Et il se souvenait fort bien<br />
des noms de ses grands-parents,<br />
Joseph et Marie, la comparaison<br />
religieuse aidant. Toutefois, comme<br />
Nelson aimait le soutenir d’un<br />
ton farceur, il n’était parent avec<br />
personne!<br />
Des années plus tard, cette boutade<br />
sera le fer de lance de ma recherche<br />
sur ma famille. Sur les nombreux<br />
sentiers, parfois détournés, j’ai<br />
repéré des lieux oubliés, découvert<br />
de simples et valeureux pionniers<br />
et refait des liens perdus au fil du<br />
temps. J’ai surtout fait la rencontre<br />
d’une femme au surnom inusité<br />
aussi élusif que sa naissance discrète.<br />
Instigatrice de cette démarche<br />
généalogique et historique, Marie a<br />
su m’inspirer respect et admiration<br />
par sa vie bien remplie, visiblement<br />
jusqu’à ses derniers jours. Comme<br />
quoi, l’histoire familiale en est une<br />
de perspective personnelle et de<br />
recherches continuelles.