Automne 2009 - 425 Alouette

Notre communauté, nos institutions
Donc à Belle-Vallée, il décide
malgré l’objection de plusieurs que
son église sera de pierre, d’autant
plus que certaines montagnes des
alentours contiennent les matériaux
voulus. On est en 1938, au temps
de la crise économique, et ce
pasteur le comprend bien. Il ne
demande pas d’argent mais la force
musculaire ajoutée aux ressources
naturelles du milieu. Il convainc ses
paroissiens et ensemble, on prépare
la construction. L’hiver, le matin, on
part avec ses chevaux et sa « sleigh »
pour aller chercher les roches qui
serviront aux murs extérieurs.
On exploite la montagne de la
région mais on va aussi loin que
Rémigny au Québec pour obtenir
certaines belles pierres. En 1945, la
construction commence. Le curé
Génier en fait les plans et dirige
les travaux; il embauche Wardly
Lambert, un maçon expert pour
monter les murs. Le rosaire qui
entoure l’église fait à même la
pierre en fait la beauté. Ce chapelet
commence par une croix sur la
façade et s’étend sur les côtés;
plusieurs viennent voir cette œuvre
d’art. L’intérieur de l’église est sobre
mais fait avec goût. Une alcôve loge
une statue de deux mètres de Notre-
Dame, patronne de la paroisse.
Les murs blancs et bleus ainsi que
les fenêtres ambrées créent une
atmosphère conviviale et paisible.
L’autel est composé d’une pierre
de granit retirée d’un ruisseau. À
l’origine, le bloc mesurait 3 pieds
d’épaisseur, 42 pouces de largeur
et 12 pieds de longueur. Le travail
pour retirer la pierre a requis
20 hommes, un camion et une grue.
On a réussi à la transporter sur le
terrain de l’église. Jour après jour,
le curé Génier se rend à la tâche
1 Le Chaînon, Automne 2009
pour polir cette pierre. Une fois le
taillage de la pierre et le polissage
terminés, la table mesure 9 pouces
d’épais, 9 pieds de long et 3 pieds
de large, et pèse 4 500 livres. Chaque
pied sur lequel s’appuie l’autel pèse
200 livres.
C’est une œuvre d’art réalisée d’une
main de maître. Les paroissiens
sont fiers de leur temple. Le curé
Génier a le mérite d’avoir enseigné
à ses ouailles qu’avec l’entraide et
l’effort, on peut réussir des choses
gigantesques.
Aujourd’hui, le nombre de
paroissiens a diminué; les petites
terres sont devenues de grandes
étendues de culture. Le sol est
généreux et les fermiers qui cultivent
près de mille acres de terre ne sont
pas rares. Plusieurs choisissent Belle-
Vallée comme lieu de résidence et se
rendent à la ville de New Liskeard
pour travailler. Des jeunes adultes
qui vont aux études aiment revenir
là où ils sont nés. Il fait encore bon
vivre sur les bords de la rivière
Blanche, dans la paix et la quiétude.
Après le décès du chanoine, les
choses ont changé. Il y a eu des
prêtres et des desservants mais
les paroissiens ont assumé leurs
responsabilités : un comité des
finances et un comité de pastorale
aidés de bénévoles, dirigent la
paroisse. Un prêtre retraité vient dire
la messe du dimanche et au besoin,
préside aux mariages, baptêmes ou
funérailles.
Comme partout ailleurs, la baisse
des effectifs se fait sentir. L’église
est parfois trop grande et beaucoup
de bancs restent vides. Pour contrer
ces inconvénients, un projet est
né il y a trois ans : on a décidé
qu’une fois par mois, on invite
les familles à venir raconter leur
histoire et à animer la messe de ce
dimanche, en faisant les frais de
la musique et du service à l’autel.
L’intérêt s’accroissant, on a voulu
conserver ces histoires familiales
pour les générations futures : c’est
de là qu’est né « Raconte-moi ton
histoire ».
On a écrit un livre sur l’histoire de
la région et des 90 familles qui ont
raconté elles-mêmes celle de leurs
ancêtres venus dans notre région.
Municipalité et paroisse englobent
la même population; quel est donc le
meilleur moment qu’un centenaire
pour lancer un livre? La municipalité
de Casey (Belle-Vallée et Judge)
a célébré comme il convient son
centenaire les 14 -15- 16 août dernier.
On a tenu des activités récréatives,
sociales et d’autres à caractère
historique ou patrimonial : entre
autre, le dimanche, une messe a été
chantée partiellement en latin; en
après-midi, on s’est souvenu lors
d’un défilé historique de certains
commerces ou services qu’on a eus
autrefois à Belle-Vallée. Sans oublier
un rallye historique en auto.
Il fait bon se retremper dans nos
souvenirs et rendre hommage à
nos ancêtres, qui par leur courage
et leur dévouement ont permis que
l’endroit soit toujours un lieu où il
fait bon vivre.
(Pour réserver un exemplaire du livre
Raconte-moi ton histoire, téléphonez
au 705-647-4810. Le livre est vendu au
profit de la paroisse au coût de 60 $, ou
70 $ avec frais postaux).