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Automne 2009 - 425 Alouette

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Notre communauté, nos institutions<br />

Kapuskasing, née d’un<br />

camp d’internement<br />

Avant la Première Guerre mondiale,<br />

Kapuskasing n’existait, à vrai dire,<br />

pas vraiment. Malgré les efforts<br />

et les incitatifs du gouvernement<br />

ontarien qui avait fait construire une<br />

voie ferrée vers le nord, à l’exception<br />

de quelques employés du chemin<br />

de fer, de quelques trappeurs et<br />

d’Amérindiens, MacPherson (c’est le<br />

nom qui était écrit sur la gare) n’était<br />

qu’un arrêt pour remplir l’engin<br />

d’eau, faire provision de charbon et<br />

desservir la poignée d’aventuriers<br />

qui osaient venir dans le nord.<br />

Mais l’avènement de la guerre a<br />

tout changé lorsque le colonel Sir<br />

William Dillon Otter, un général à<br />

la retraite, a décidé de construire un<br />

camp d’internement en face de la<br />

gare, sur la rive ouest de la rivière<br />

Kapuskasing.<br />

14 Le Chaînon, <strong>Automne</strong> <strong>2009</strong><br />

Depuis plusieurs années, le Canada<br />

faisait une publicité dynamique<br />

pour attirer les immigrants à venir<br />

s’établir au pays. On leur promettait<br />

des terres de 160 acres gratuites.<br />

Le Canada recensait de nombreux<br />

immigrants de partout au monde :<br />

Ukrainiens, Allemands, Polonais,<br />

Italiens, Bulgares, Juifs, Turcs,<br />

Croates, Serbes, Hongrois, Russes,<br />

Roumains, sans compter les Anglais,<br />

Irlandais, Écossais, Français, Belges,<br />

Hollandais, etc. Après avoir passé<br />

quelque temps au Canada, plusieurs<br />

retournaient dans leur pays. Pour<br />

ceux qui restaient, devenir citoyen<br />

canadien demandait certaines<br />

démarches qu’on trouvait souvent<br />

laborieuses à cause de la difficulté<br />

à apprendre la langue, surtout<br />

pour des gens qui n’avaient que<br />

peu d’instruction et étaient souvent<br />

nichés au fond des bois.<br />

Quand le Canada, allié de<br />

l’Angleterre, est entré en guerre à la<br />

fin de l’été 1914, il s’est<br />

retrouvé aux prises<br />

avec plusieurs sujets<br />

de pays ennemis. Plus<br />

de 80 000 personnes<br />

seront arrêtées. Tous<br />

les Allemands, les<br />

Autrichiens de même<br />

que tous les citoyens<br />

de leurs pays alliés<br />

devenaient donc des<br />

ennemis potentiels<br />

pour le Canada;<br />

8 579 hommes,<br />

femmes et enfants<br />

Paliuk, Prokopciuk, Maslo...<br />

Au fil du temps, on tente tant<br />

bien que mal de se souvenir du<br />

sort des premiers résidents de<br />

Kapuskasing, que ce soit par<br />

une croix, un épitaphe ou une<br />

plaque de bois.<br />

Photo : Andréanne Joly.<br />

seront emprisonnés dans des camps<br />

d’internement organisés et gérés<br />

par l’Interment Operations Branch à<br />

Ottawa, sous la directive du général<br />

W. D. Otter.<br />

Il y aura 24 camps à travers<br />

le Canada dont un à la rivière<br />

Kapuskasing. Celui-ci ouvre ses<br />

portes le 14 décembre 1914 avec<br />

une cinquantaine d’hommes pour<br />

préparer des camps d’accueil. Selon<br />

le rapport du Consul américain<br />

en date du 27 mars 1915, il y a à<br />

Kapuskasing 438 prisonniers. Selon<br />

un autre rapport officiel, cinq mois<br />

plus tard, les deux plus gros camps<br />

sont ceux de Kapuskasing avec<br />

1 203 hommes et de Spirit Lake<br />

(aujourd’hui La Ferme, près du lac<br />

Beauchamp, à quelques kilomètres<br />

d’Amos) avec 1 095 hommes,<br />

femmes et enfants.<br />

Le camp de Kapuskasing logera<br />

jusqu’à 1 259 prisonniers et<br />

256 gardiens militaires. Il s’agissait<br />

donc d’une petite ville, avec<br />

son hôpital, sa cantine (magasin<br />

général), sa boulangerie, sa<br />

cordonnerie, sa boutique de tissus<br />

et réparation des vêtements, ses<br />

équipes sportives, sa fanfare, son<br />

école pour les enfants des militaires.<br />

La gare était devenue un endroit<br />

nécessaire.<br />

Même si la guerre était finie<br />

depuis plus d’une année, le camp<br />

ne fermera ses portes que le<br />

24 février 1920.<br />

Par la force des choses, la guerre<br />

avait donc créé la première ville de<br />

Kapuskasing.

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