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En juin 2004, lors d’une visite aux<br />
Archives nationales du Canada,<br />
j’ai consulté le dossier de l’Armée<br />
canadienne sur Henri Leclerc,<br />
matricule 660768.<br />
ENRÔLEMENT D’HENRI<br />
LECLERC<br />
Henri Leclerc, tailleur de cuir,<br />
déclare demeurer au 241A, rue<br />
Delisle, quartier Sainte-Cunégonde,<br />
Montréal, Québec. Son parent<br />
le plus proche est J.A. Leclerc,<br />
son père qui demeure à la même<br />
adresse. Lors de la signature du<br />
contrat d’engagement certifié par<br />
un juge de paix, Oncle Henri corrige<br />
l’orthographe de son nom de famille,<br />
remplaçant Leclaire par Leclerc.<br />
La fiche de signalement d’Henri<br />
Leclerc le déclare d’un âge apparent<br />
de 18 ans, au teint moyen, aux<br />
yeux bruns, aux cheveux blond<br />
foncé, avec une grosse cicatrice<br />
distinctive côté gauche du menton.<br />
Le lieutenant-colonel H. Desrosiers<br />
approuve sa candidature et l’assigne<br />
au 163 e bataillon (canadien-français)<br />
du Corps expéditionnaire canadien<br />
(CEC).<br />
Sa conduite n’est pas exemplaire :<br />
le 5 mai 1916, on lui confisque<br />
cinq jours de paye; en septembre<br />
de la même année, il est en<br />
détention pendant cinq jours puis<br />
en novembre, pendant 28 jours. Il<br />
sort de détention la journée où il<br />
s’embarque pour l’Angleterre.<br />
Le 18 novembre 1916, il s’embarque<br />
vers les Bermudes, transfère sur<br />
le S.S Matagama, et débarque à<br />
Shoreham, Kent, Angleterre, le<br />
6 décembre 1916. Le 27 février 1817,<br />
il est à Whitley.<br />
Le 15 août 1918, il est blessé<br />
à Québec, peut-être durant<br />
l’entraînement. On rapporte qu’il<br />
était à Amiens, une commune<br />
du département de la Somme en<br />
Picardie à 27 kilomètres au sud de<br />
Boulogne, le 28 septembre, à Étaples<br />
le 30, à Cayeux le 2 octobre où il est<br />
blessé et reçoit, le 3 octobre, les soins<br />
d’un chirurgien militaire pour des<br />
blessures à la cuisse gauche et au<br />
bras droit. Il retourne au combat le<br />
24 octobre. Il reçoit les soins d’un<br />
dentiste militaire au Canada et aussi<br />
en France.<br />
Le 19 mai 1919, l’officier militaire<br />
de Bramshott déclare qu’il souffre<br />
d’un orteil en marteau au pied<br />
droit. Comme il s’embarque la<br />
même journée, on a dû l’aider pour<br />
l’embarquement et il a sans doute<br />
reçu les traitements nécessaires<br />
lors du voyage vers le Canada. Le<br />
dossier militaire ne précise pas s’il<br />
s’agit du gros orteil du pied droit<br />
ni si sa condition nécessita une<br />
amputation de l’orteil. Oncle Henri<br />
retourne vivre avec ses parents.<br />
Le dernier document du dossier,<br />
daté 19 décembre 1974, est<br />
l’annotation du décès d’Henri<br />
Leclerc en date du 6 octobre 1974.<br />
CONSIDÉRATIONS SOCIALES ET<br />
ÉCONOMIQUES<br />
Première Guerre mondiale<br />
Selon le Bureau of Labor Statistics<br />
du United States Department of<br />
Labor 2 , les ouvriers spécialisés<br />
comme les maçons et les plombiers<br />
gagnaient 150 $ par mois en 1916.<br />
Par chance, selon Statistique<br />
Canada 3 , 80 % des militaires du CEC<br />
étaient célibataires.<br />
La Première Guerre mondiale a fait<br />
grimper la demande de soldats,<br />
d’infirmières, d’ouvriers agricoles<br />
et de travailleurs d’usines. Les<br />
femmes occupent les emplois des<br />
2 http://bls.gov.opub/cwc/cm2003124ar03p1.<br />
html, consulté le 15 avril <strong>2009</strong>.<br />
3 http://museedelaguerre.ca/cwm/exhibitions/<br />
guerre/infantry-soldier-f.aspx, consulté le 16 avril<br />
<strong>2009</strong>.<br />
Le Chaînon, <strong>Automne</strong> <strong>2009</strong><br />
Mémoires<br />
hommes alors que ceux-ci se rendent<br />
outre-mer pour participer aux<br />
combats. Les femmes travaillent<br />
dans les banques, les bureaux, les<br />
usines, les fermes et dans l’armée<br />
comme infirmières et conductrices<br />
d’ambulances 4 . Le site de Parcs<br />
Canada 5 nous apprend que les<br />
femmes ont contribué beaucoup<br />
plus à l’effort de guerre que ne le<br />
rapporte l’exposition du Musée de la<br />
guerre.<br />
Deuxième Guerre mondiale<br />
Mes parents se sont mariés en 1939,<br />
au début de la Seconde guerre. Les<br />
Canadiens-français, particulièrement<br />
les Montréalais, étaient contre la<br />
guerre. La désobéissance civile<br />
est dirigée par Camilien Houde,<br />
le maire de Montréal, qui affirme<br />
publiquement qu’il ne s’enrôlera<br />
pas. Il invite la population à faire<br />
de même. Sa provocation force le<br />
ministre Ernest Lapointe à le faire<br />
incarcérer et à l’envoyer au camp<br />
de concentration de Petawawa, en<br />
Ontario 6 .<br />
La sagesse populaire, riche de<br />
suggestions pour faillir à l’examen<br />
médical, enseignait entre autres<br />
que consommer plusieurs Coca-<br />
Cola avec plusieurs cachets<br />
d’aspirine provoquerait des troubles<br />
cardiaques qui entraîneraient un<br />
rejet de la candidature. Mon père<br />
dit avoir suivi la recette avant de se<br />
présenter au bureau de recrutement.<br />
Sa candidature fut effectivement<br />
refusée, car il avait les pieds plats.<br />
Ses frères, tous célibataires et âgés de<br />
plus de 18 ans, furent aussi refusés.<br />
4 Ce paragraphe et ceux qui suivent sont tirés<br />
de http://canadianeconomy.gc.ca/francais/<br />
1914ww1.html<br />
5 www.pc.gc.ca/apprendre-learn/prof/itm2-crptrc/crp-trc5_f.asp?ID=1302<br />
6 http://history.cbc.ca/history/?MIval=Section.<br />
html&series_id=1&episode_id=13&chapter_<br />
id=4&lang=F<br />
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