Automne 2009 - 425 Alouette

Mémoires
rédaction du livre, si ce nom lui
était familier. Il est impossible de
se souvenir des noms de tous les
soldats dont il est question dans
le livre, lui répondra-t-il, tout en
l’encourageant à le lire. Anita
Bourdeau s’en acheta donc un
exemplaire qu’elle s’est aussitôt mis
à lire.
« En arrivant à la page 111, le nom
de Théodore Doucette m’est apparu.
J’étais tellement secouée par les
émotions, les larmes m’aveuglaient,
je ne pouvais plus lire. Imaginezvous,
65 ans après son décès, nous
apprenions où était inhumé le
petit Doucette — comme maman
l’appelait — ce grand militaire
qui a fait partie des événements
marquants de notre jeune famille du
temps! Et moi, qui ne l’ai connu que
par des photos, mais qui ai tellement
prié pour lui, j’apprenais finalement
où se trouvait son dernier lieu de
repos », relate-t-elle.
La dépouille de Théodore est
enterrée en France… « Nous avions
toujours pensé qu’il était mort en
terre ennemie ». Quelle révélation!
Dès ce moment, Anita Bourdeau se
promet de s’y rendre afin de déposer
des fleurs sur la tombe du disparu.
D’ici là, se dit M me Bourdeau, Jean-
Luc Malherbe, d’origine française et
dont les parents habitent toujours la
France, pourrait demander à sa sœur
de se rendre à la tombe de Théodore
afin d’y voir ce qui est inscrit sur
la pierre tombale, car un mot est
illisible sur la photo de la pierre
tombale parue dans le livre.
Anita Bourdeau poursuit ses
recherches et apprend que le 15 avril
1943, six aviateurs de l’escadrille
24 Le Chaînon, Automne 2009
425 Alouette canadienne-française,
dont Théodore Doucette, perdaient
la vie. Leur bombardier, poursuivi
par des chasseurs allemands, s’était
écrasé sur un plateau dominant
Mussey-sur-Marne, dans la région
de Champagne-Ardenne, en France,
à quelque 200 kilomètres de Paris.
L’équipage était composé de six
hommes, soit deux Britanniques
et quatre Canadiens. L’avion avait
décollé de la base de Dishforth, en
Angleterre, pour une mission de
bombardement sur Stuttgart en
Allemagne. C’est au retour qu’il a
été abattu et qu’il s’est écrasé, ne
laissant aucun survivant.
Cap sur Mussey-sur-Marne
Anita Bourdeau s’est rendue seule
pour la première fois à Musseysur-Marne
à l’été 2008. Elle visita le
cimetière communal
de Mussey-sur-
Marne, où en mai
1993, on a souligné
le 50 e anniversaire
de l’écrasement du
Wellington X-3763.
Des pierres tombales
avaient été érigées
pour souligner les
décès de Joseph
Alexandre Théodore
Doucette, 24 ans,
pilote, Joseph Omer
Léopold Desroches,
24 ans, navigateur, Paul
Henri Georges Paul
Ledoux, 27 ans, radio,
Pierre-Paul Trudeau,
22 ans, mitrailleur
arrière, Albert Jones,
19 ans, second pilote,
et Derek Vollans,
23 ans, bombardier.
Le cimetière se trouve
derrière l’église, au nord du village
Mussey-sur-Marne. À l’est de
l’entrée sont les tombes des deux
aviateurs britanniques et des quatre
aviateurs canadiens décédés dans
le combat aérien. On y a également
érigé une stèle en hommage aux six
soldats disparus.
Elle quitte Mussey-sur-Marne avec
l’intention d’y retourner… un jour.
De retour de France, elle poursuit ses
démarches dans l’espoir de retracer
des membres de la famille de
Théodore Doucette afin de partager
avec eux sa découverte. Pendant
des mois, elle multiplie les appels et
cogne à de nombreuses portes. Elle
accumule des renseignements ici et
là, par bribes au fil des mois. Enfin,
grâce à un diacre de Sudbury, elle
prend connaissance de la nécrologie
Cette carte montre les endroits où des avions alliés ont été abattus
en Haute-Marne.