Le Mouvement médical anthroposophique Structures de ...
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vécue est pathologique : actuellement l'économie mondialisée vit largement comme une «<br />
libre économie <strong>de</strong> marché », selon le principe qui est sain pour la vie <strong>de</strong> l'esprit : la liberté. En<br />
revanche, dans les universités, la vie <strong>de</strong> l'esprit doit s'adapter à <strong>de</strong>s règles académiques<br />
clairement prescrites, sur lesquelles veille la « scientific community ». Cela va en direction <strong>de</strong><br />
la confrérie et <strong>de</strong> la fraternité. Entre les <strong>de</strong>ux, une bureaucratie hypertrophique en raison du<br />
caractère pathologique <strong>de</strong> l'ensemble tente <strong>de</strong> parer aux menaces sur la biosphère par suite <strong>de</strong><br />
l'activité technoscientifique et <strong>de</strong> l'économie capitaliste qui y est associée.<br />
Comment un style <strong>de</strong> direction christique peut-il réussir ?<br />
Lorsque, le 1er janvier 1924, à la fin du Congrès <strong>de</strong> Noël qui refondait spirituellement la<br />
Société <strong>anthroposophique</strong> et l'Ecole <strong>de</strong> Science <strong>de</strong> l’Esprit, Louis Werbeck exprima les<br />
remerciements <strong>de</strong>s participants, il s'adressa à Rudolf Steiner avec ces mots : « Toi, le pur<br />
grand frère <strong>de</strong>s hommes ». Il le pria <strong>de</strong> dispenser sa « bénédiction paternelle » pour la<br />
poursuite du travail <strong>de</strong> la Société <strong>anthroposophique</strong>. Celui à qui l'on s'adressait ainsi répondit :<br />
« … mes chers amis, ce qui s'est passé ici, je le sais, je pouvais le dire, car cela a été dit en<br />
pleine responsabilité, le regard tourné vers l'esprit qui est ici, qui doit être et qui sera l'esprit<br />
du Goetheanum. En son nom, je me suis permis ces jours-ci <strong>de</strong> prononcer plus d’une parole<br />
qui n'aurait pas pu être si forte si elle n'avait été prononcée en élevant le regard vers l'esprit.<br />
Permettez-moi donc aussi <strong>de</strong> recevoir ces remerciements au nom <strong>de</strong> l'esprit du Goetheanum<br />
pour lequel nous voulons œuvrer sans ménager nos efforts 27 . » Cette réponse est en même<br />
temps un engagement clair envers une « succession verticale » dans laquelle Steiner lui-même<br />
s'est impliqué en tant que fondateur <strong>de</strong> l'anthroposophie. Il n'a pas voulu accepter lui-même<br />
les remerciements <strong>de</strong>s hommes pour son œuvre, mais les a transmis à sa source d'inspiration ;<br />
il appréciait tout aussi peu que <strong>de</strong>s personnes en appellent à son autorité, au sens d'une «<br />
succession horizontale ».<br />
Un « style <strong>de</strong> direction chrétien » se réfère à l'attitu<strong>de</strong> paulinienne : « Non pas moi, mais le<br />
Christ en moi » (Epîtres <strong>de</strong> Paul). C'est cependant l'attitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> la « succession verticale ».<br />
L'anthroposophie veut être un chemin <strong>de</strong> l'homme vers la connaissance individuelle <strong>de</strong><br />
l'esprit. Dans le domaine scientifique, c'est possible par la spiritualisation <strong>de</strong> la pensée et son<br />
développement méditatif ; dans le domaine artistique, par le maniement <strong>de</strong>s éléments qui<br />
donnent forme à chaque art, comme les matériaux <strong>de</strong> construction, les formes, les couleurs,<br />
les sonorités, les paroles, ou les mouvements, pour que le spirituel puisse se manifester 28 .<br />
Quant à la vie pratique, ce spirituel concret, saisi ou désiré, peut s’y réaliser autant qu'il est<br />
possible à chaque individu par son travail et par la manière dont il conduit sa vie. Parmi ces<br />
trois formes <strong>de</strong> manifestations <strong>de</strong>s réalités spirituelles, l’art est le plus avancé. Il peut montrer<br />
<strong>de</strong>s images, <strong>de</strong>s manifestations <strong>de</strong> la « perfection ». Ainsi, on ne sera pas étonné que Steiner<br />
parle souvent, et d'une manière si émouvante, <strong>de</strong> la nature du bâtiment <strong>de</strong> Dornach et <strong>de</strong> son<br />
œuvre sculpturale centrale, le « représentant <strong>de</strong> l'humanité ». Cette statue <strong>de</strong> plus <strong>de</strong> 9 m <strong>de</strong><br />
haut montre le Christ avançant entre les puissances qui veulent détourner l'homme <strong>de</strong> son<br />
chemin : Lucifer, l'esprit rayonnant <strong>de</strong> la surestimation <strong>de</strong> soi ; et Ahriman, conscient <strong>de</strong> son<br />
pouvoir, esprit du conformisme et <strong>de</strong> la désindividualisation.<br />
Au début <strong>de</strong> la construction du Goetheanum, à l'occasion <strong>de</strong> l'inauguration <strong>de</strong> l'atelier <strong>de</strong>s<br />
artistes, Steiner dit, le 17 juin 1914 : «... mais alors, si tout est animé <strong>de</strong> cet esprit que je<br />
voudrais ce soir invoquer dans cette salle par ces paroles, si tout le travail qui a été accompli<br />
sur cette colline est empli <strong>de</strong> cet esprit d'amour, qui est toujours aussi l'esprit <strong>de</strong> l’authentique<br />
génie artistique, alors <strong>de</strong> cette colline, <strong>de</strong> ce qui la recouvre, rayonnera dans le mon<strong>de</strong> l'esprit<br />
<strong>de</strong> la paix, l’esprit <strong>de</strong> l'harmonie, l'esprit <strong>de</strong> l'amour 29 . » Se laisser inspirer par cet esprit dans