Le Mouvement médical anthroposophique Structures de ...

En 1923/24, lors d’un congrès tenu pendant le temps de Noël – appelé pour cette raison
« Congrès de Noël » – Steiner avait donné une nouvelle constitution à la Société
anthroposophique, déplacé son siège de l'Allemagne vers la Suisse, et lui avait donné pour
mission de promouvoir l’Ecole de Science de l’esprit. Il a également mis en place des sections
spécialisées dans lesquelles l'anthroposophie devait être transposée dans la pratique et
acquérir une efficacité substantielle. Cela représente d’une part un point de départ décisif pour
différents mouvements professionnels inspirés par le patrimoine théorique de
l’anthroposophie ; d'autre part, par là, la possibilité a également été donnée de placer une
direction générale aux côtés de ces mouvements professionnels.
Lors de la création des sections spécialisées, Rudolf Steiner a en même temps chargé les
responsables de ces sections de la mission de « diriger chacune des branches du mouvement
anthroposophique 2 ». Mais sa conception de la direction restait encore ouverte. En outre, la
question se pose aujourd'hui de savoir dans quelle mesure « cette conception originelle »
répond aux exigences d'une culture moderne de la direction.
Pourquoi, lors de la mise en place de la Société anthroposophique et de l’Ecole de Science de
l’esprit qui lui est liée, Steiner ne s’en est-il pas tenu de manière conséquente aux règles du
jeu démocratique habituel dans les associations, au risque d’être ainsi perçu comme le
fondateur d’une communauté humaine plutôt tournée vers le passé et dirigée par une
hiérarchie ?
Dans le cas du Mouvement médical anthroposophique, par exemple, qu'est-ce qui parlerait en
faveur de la fondation d’une « fédération internationale des initiatives et des associations
professionnelles médicales anthroposophiques » dirigée et contrôlée démocratiquement par la
base ? Il est clair qu’un grand mouvement professionnel présent dans la vie publique a besoin
de certaines formes d’organisation et d’une direction. Mais quelle en est la forme la plus
appropriée ?
Dans quelles conditions un mouvement professionnel tirant son origine d’une inspiration
spirituelle peut-il le mieux se développer? Voilà une question nouvelle, dont l’actualité ne
concerne pas seulement le travail médical anthroposophique. Il est évident que, soit l’on
cherche alors des repères dans les statuts du Congrès de Noël conçus par Steiner, même si la
mort prématurée l’a empêché de faire lui-même la preuve de la fécondité des formes de
direction qui y sont instituées, soit l’on élabore de nouvelles orientations.
En effet, autant l'on peut être enthousiasmé par l'idée de tester et de réaliser autant que
possible ces formes de travail instituées par Steiner, bien qu'il n'ait pas pu les mettre en œuvre
lui-même, autant il est évident par ailleurs que cela ne peut réussir que si les collaborateurs du
Mouvement médical anthroposophique le veulent.
Telle était la situation lorsque – en étroite concertation avec le conseil d'administration de
l'Association des médecins anthroposophes d'Allemagne et avec leur soutien – j'ai repris en
1988 la direction de la Section Médicale au Goetheanum. Il y avait, de la part du corps
médical, une forte volonté de poursuivre le travail en restant en lien intérieur avec le
Goetheanum. Mais une question restait ouverte : comment rendre accessible, dans le
quotidien de ce mouvement professionnel, l'édifice social steinerien de l'Ecole de Science de
l’Esprit, des Sections et de la Société anthroposophique ?
Les exposés rassemblés ici montrent jusqu'où nous sommes parvenus à ce jour et dans quelle
mesure les formes de travail instituées conceptuellement par Steiner pour le développement
de structures sociales fiables et porteuses se sont avérées inspiratrices et adaptées à la vie
pratique au sein du Mouvement médical anthroposophique.
Jusqu'à présent, nous avons pu confirmer ce que Marie Steiner écrivait en 1944 dans la
préface de l'édition du Congrès de Noël évoqué plus haut :