Le Mouvement médical anthroposophique Structures de ...

elation à son être propre est valable également pour l'attitude thérapeutique vis-à-vis du
patient, ou si d'autres lois doivent alors prévaloir.
N'est-ce pas la mission même de l'activité thérapeutique que de « regarder » clairement la
puissance de pesanteur chez autrui et de l'éclairer alors par la force de lumière de la
connaissance diagnostique ? Ressentir en tant que thérapeute la puissance de pesanteur
corporelle du patient équivaudrait par conséquent à un empiètement injustifié.
Ne sommes-nous pas justement appelés à développer un sentiment d'empathie envers le
psychospirituel d'autrui et à lui offrir ainsi des forces d'amour agissantes ? Si, en tant que
thérapeutes, nous nous limitons à un regard diagnostique de l'entité psychospirituelle d'autrui,
les patients venus chercher conseil pourront alors facilement ressentir cela comme du mépris
de la part du professionnel.
Le geste envers le patient, contenu dans les injonctions « regarde » et « ressens », semble ainsi
devoir plutôt se tourner vers la partie opposée de son être.
Pour l'artiste de la parole thérapeutique, le corps de la parole est constitué par les sonorités
qui, par les forces du logos, ont formé le corps humain et qui en jaillissent en parlant pour être
au service de leur porteur. Il nous faut acquérir un rapport ressenti envers le corps de la
parole, ainsi que Rudolf Steiner y invite de manière exemplaire dans ses instructions pour les
cinq premiers exercices d'articulation : « Apprenez à ressentir chaque sonorité, soyez
conscients de votre instrument de parole. »
Par ailleurs, c'est avec la force de la lumière que vient à notre rencontre le contenu du texte
surgissant de l'individualité psychospirituelle du poète. Ce contenu correspond, dans le
domaine de la parole, à « la force de lumière de l’âme ». Regarder ce contenu individuel nous
placera dans un juste rapport avec lui et nous permettra de lui donner par la récitation une
forme appropriée. Si en revanche nous ressentons trop personnellement le contenu du texte,
ainsi qu'il est juste de le faire à un premier stade naturel d'appropriation, la récitation peut, en
particulier dans la communication du contenu aux patients, être troublée par une affection ou
une aversion personnelle, et susciter de la confusion.
Expériences tirées de la pratique méditative en peinture thérapeutique
Anita Kapfhammer
Dans les ténèbres, je trouve l’Etre de Dieu
Dans le rose, je sens la source de la vie
Dans le bleu de l'éther repose la nostalgie de l'esprit
Dans le vert de la vie respire tout souffle de vie
Dans le jaune de l’or luit la clarté de l’esprit
Dans le rouge du feu s’enracine la force de la volonté
Dans le blanc du soleil se révèle le cœur de mon être.
Rudolf Steiner 76
Depuis le début de mon activité en peinture thérapeutique, je dis ces paroles de Rudolf Steiner
pour commencer chaque séance de thérapie. Jusqu'à présent, tous les patients ont trouvé que
cette méditation sur les couleurs leur parlait et qu'elle les mettait en relation avec eux-mêmes.
Ces paroles laissent très libre et sont pourtant de la plus haute concentration. Elles
construisent un beau pont pour que les patients laissent le quotidien à l'extérieur et s'ouvrent
au monde des couleurs. Les patients se sentent introduits dans l'activité propre de chaque
couleur, sans psychologisme. Par la parole, la couleur est déjà vécue comme un médicament,